Le défilé de centaines de manifestants d'ultradroite arborant des symboles néonazis, comme la croix celtique, samedi 11 mai dans les rues de Paris, a suscité de nombreuses réactions. Le député socialiste Arthur Delaporte va déposer une proposition de loi pour "interdire l'utilisation de tout symbole utilisé par des associations reconnues comme anticonstitutionnelles".
"C'est dramatique de voir des symboles comme les croix celtiques sur la voie publique. Il est important d'agir rapidement contre ces signes racistes" s'insurge Arthur Delaporte.
Le député socialiste du Calvados réagit vivement au défilé du "Comité du 9 mai" organisé samedi 11 mai à Paris : près de 600 manifestants vêtus de noir ont déambulé dans les rues en arborant des drapeaux siglés de croix celtiques et en scandant le slogan néofasciste "Europe, jeunesse, révolution".
Un modèle inspiré des Allemands
Pour "agir contre la montée de la xénophobie, du racisme et de la haine d'autrui, il faut légiférer" estime Arthur Delaporte. L'article R645-1 du Code pénal interdit aujourd'hui "le port d'un insigne ou un emblème rappelant les uniformes, les insignes ou les emblèmes qui ont été portés ou exhibés soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle soit par une personne reconnue coupable par une juridiction française ou internationale d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité".
Le député du Calvados aimerait que la loi aille plus loin. "Il faudrait interdire toutes les iconographies et les symboles utilisés par des associations reconnues comme anticonstitutionnelles ou contraires au principe d'amitiés entre les peuples et des associations dissoutes. Les croix celtiques ou le soleil noir ne pourraient plus être montrés librement comme ça a été le cas à Paris" assure l'élu normand, qui s'inspire du modèle allemand où "80 logos de la sorte ont été interdits".
Son projet de loi doit être déposé cette semaine à l'Assemblée nationale, puis être examiné dès que possible.
Un argument de plus pour lutter contre les rassemblements néonazis
Pour Arthur Delaporte, l'adoption future d'une loi pour interdire l'utilisation de ces symboles néonazis incitant à la haine d'autrui serait un "argument de plus pour lutter à l'avenir contre l'organisation de rassemblement de l'ultradroite comme celui de samedi à Paris". Un questionnement d'autant plus d'actualité à l'approche des célébrations des 80 ans du Débarquement et de la fin du régime nazi.
Le rassemblement du "Comité du 9 mai", organisé pour commémorer la mort de l'un d'entre eux en 1994, avait initialement été interdit par arrêté de la Préfecture de police pour "risques de désordres et atteintes à l'ordre public".
En France, une manifestation ne peut être interdite qu’en cas de risque avéré de troubles à l’ordre public.
— Préfecture de Police (@prefpolice) May 8, 2023
En janvier dernier, l’arrêté interdisant une manifestation de l’ultra droite à Paris avait été suspendu par le juge administratif. pic.twitter.com/GFu1B1ZFfG
Mais la justice avait finalement autorisé l'événement en suspendant l'arrêté d'interdiction, estimant que ce dernier portait "une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester".