Si les donneurs ont répondu présent pendant la crise sanitaire, les réserves viennent à manquer en phase de déconfinement. Les centres de dons et les collectes mobiles vous attendent. Seul préalable : prendre rendez-vous.
L'Etablissement Français du Sang a publié ce mercredi 3 juin un communiqué alarmiste. "La situation est aujourd’hui préoccupante : les réserves de sang sont désormais en dessous du seuil d’alerte et tout indique qu’elles continuent de baisser." Or, si la situation s'est considérablement améliorée sur un plan épidémique, "les besoins des patients sont toujours aussi importants, voire davantage avec la reprise de l’activité hospitalière". Paradoxalement, l'EFS constate depuis le 11 mai, date du début du déconfinement en France, une baisse de fréquentation des donneurs qui, pourtant, "ont répondu présent au plus fort de la crise sanitaire". Elle lance donc un appel à "prendre le relais dès à présent". Pour trouver une collecte, rendez-vous sur le site de l'EFS.
Deux collectes sont organisées prochainement à Caen : le vendredi 12 juin à l’hôtel de ville, de 11h à 19h, salle du Scriptorium, et le samedi 13 juin à la maison du don à côté du CHU de Caen de 8h à 18h. Pour prendre rendez-vous, direction ce site internet.
Reportage durant l'épidémie :
Devant la salle communale d’Evrecy, une affichette indique que c’est bien ici qu’a lieu le don de sang. Et pourtant à l’extérieur c’est le calme plat. Aucune file d’attente -rien à voir avec la collecte organisée deux semaines plus tôt, où des dizaines de donneurs ont dû renoncer face à l’affluence et au temps d’attente pour pouvoir donner.
« C’est bien pour éviter ça qu’on a modifié les choses » précise le médecin qui organise la collecte du jour. Catherine Rossa explique que « les donneurs doivent désormais s’inscrire : au moment où ils reçoivent un sms les invitant à donner, il leur suffit de cliquer sur un lien qui les amène à choisir leur heure de don. »
Et la prise de rendez-vous semble efficace : à l’entrée donc, pas d’attente interminable, pas de risque de côtoyer trop longtemps d’autres donneurs.
Première étape : se passer les mains au gel hydroalcoolique et le vérifier le créneau horaire. Ensuite rien ne change. Ou presque, comme ce détail : la carte d’identité ne passe plus de main en mains.
De fait, ici dans la grande salle du village, on applique à la lettre les gestes barrières. Les donneurs qui remplissent leur questionnaire de don se placent éloignés les uns des autres.
Même confiné avec un malade du covid-19, on peut donner son sang
« Si chez soi on côtoie un malade du covid-19, on peut donner son sang à condition de ne présenter aucun symptôme », affirme Catherine Rossa.
« Les gens pensent que c’est impossible mais il suffit de le préciser en arrivant et le donneur est invité à porter un masque. Pour le reste, les gestes-barrières suffisent puisque le virus ne se transmet pas par le sang ».
Une fois l’entretien médical validé, prière de ne pas passer trop près des autres donneurs en allant s’allonger sur les lits.
Laetitia, infirmière qui prélève du sang depuis 20 ans, explique que « le prélèvement en lui-même était déjà très encadré par des mesures sanitaires, on n’a pas eu besoin d’en rajouter. La seule modification, c’est que l’on doit désinfecter le lit et le garrot entre chaque donneur ».
Au moment de piquer la veine, Laetitia précise que « cette situation évoque celle d’après les attentats : les donneurs sont venus très nombreux. Sûrement l’envie de sentir utile. »
« C’est exactement pour cela que je viens donner mon sang.» Richard, le donneur allongé un peu plus loin confirme.
« On est enfermé chez nous et on a du temps, alors c’est une manière d’aider, de se sentir utile. Habituellement je donne mon sang quand la collecte a lieu dans mon entreprise. »
Cette organisation sur rendez-vous semble convaincre les infirmières. « Le flux est mieux régulé, il n’y a pas d’arrivée massive de donneurs suivie de temps morts ; là, le travail est continu, et on gagne en efficacité" selon Laetitia.
De fait, si la salle est très calme, les donneurs ne cessent d’arriver sans créer de phénomène de saturation, ce qui facilite bien entendu le respect des distances de sécurité.
Les créneaux horaires de la collecte d’Evrecy ont très rapidement été occupés, preuve de la volonté de donner et de la simplicité de la démarche. 75 personnes ont pu donner leur sang en 3 heures. A l’EFS, on estime que les trois-quarts des besoins en sang en vue de perfusions sont d’actualité. Il est donc toujours temps de s’inscrire et de donner.