A moins de deux semaines avant le coup d'envoi du 50e festival du cinéma américain, la nouvelle directrice a annoncé dans un entretien à la Tribune du dimanche l'éviction d'Ibrahim Maalouf du jury. Le trompettiste avait été condamné pour agression sexuelle avant d'être relaxé. Son avocate dénonce un "scandale absolu" et annonce une action en justice.
C'est une année pour le moins mouvementée pour le festival du cinéma américain de Deauville, devant et derrière l'écran. Côté public, les organisateurs annoncent sur le tapis rouge et sur les planches une pluie de stars pour célébrer dignement la 50e édition de ce rendez-vous des passionnés de cinéma.
En coulisses, ces dernières semaines ont été marquées par un avis de tempête avec un capitaine du navire rattrapé par la vague #MeeToo. Deux mois avant le coup d'envoi de la fête, nos confrères de Mediapart publient une enquête mettant en cause Bruno Barde. D'anciennes collaboratrices rapportent des faits de harcèlement, des gestes et comportements inappropriés. Celui qui tenait la barre du festival depuis près de 30 ans est débarqué.
Une deuxième vague
Quelques semaines plus tard, lors de la présentation du jury, la vague #MeeToo menaçait de nouveau de s'abattre sur le festival. C'est ce qu'invoque dans un entretien accordé à nos confrères de la Tribune du dimanche la nouvelle directrice, Aude Hesbert pour justifier l'exclusion d'Ibrahim Maalouf du jury. "Il y a eu beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias (comme la tribune récemment publiée dans l'Humanité), un malaise s'est installé dans l'équipe, déjà meurtrie par l'affaire précédente (l'ancien directeur Bruno Barde). Au vu de mes engagements, je ne pouvais pas ignorer ce contexte, avec l'arrivée d'Américains très vigilants sur ces sujets."
Quelques années plus tôt, le trompettiste a été mis en cause dans une affaire d'agression sexuelle sur une mineure de 14 ans. Il a été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour des faits qu'il a toujours niés avant d'être relaxé en appel. Si Aude Hesbert n'entend pas remettre en cause une décision de justice, elle assume cette décision "pour la bonne tenue, sereine, d'un festival qui fête son 50e anniversaire".
"Nous allons agir devant les tribunaux"
Pas sûr pour autant que l'orage soit passé. "C'est un scandale absolu !", tempête Fanny Colin, l'avocate du musicien. "Il a été complètement et définitivement innocenté de l’accusation qui avait été portée contre lui il y a plusieurs années." Pour le conseil d'Ibrahim Maalouf, cette exclusion du jury "signifie que la décision de justice n’a plus de valeur or la décision de justice qui fixe la vérité des faits tels qu’ils sont judiciairement établis, elle est majeure dans un état de droit."
Et d'annoncer une contre-attaque en justice. "Nous allons agir devant les tribunaux pour faire constater la faute commise par le festival de Deauville et sa directrice en sanctionnant injustement Monsieur Maalouf et faire valoir le préjudice qu’il subit, un préjudice moral puisque c’est son honneur qui est de nouveau et particulièrement injustement foulé du pied ici", promet Me Fanny Colin, qui évoque une action civile en responsabilité.
"La fois de trop"
Dans une vidéo et un texte publiés sur son compte Instagram, Ibrahim Maalouf clame de nouveau son innoncence : "le justice a fait son travail, m'a innocenté preuves à l'appui (nombreuses)". Le musicien dénonce "le harcèlement persistant d'une minorité" et "les tentatives de cancel particulièrement injsutes". Pour lui, l'exclusion du jury du festival est "la fois de trop". Et de conclure : "Deauville, rendez-vous devant les tribunaux".
Le coup d'envoi de la 50e édition du festival du cinéma américain doit être donné le vendredi 6 septembre.