La lutte contre le harcèlement est l'une des priorités de l'Education Nationale. Tout au long de l'année scolaire, des actions ciblées sont organisées pour sensibiliser les enfants et les parents. Certaines écoles de la Normandie misent sur l'installation de bancs de l'amitié.
"On s'y assoit quand on se sent seul, triste, un peu exclu, quand on veut montrer à ses camarades qu'on a besoin d'eux". Les bancs de l'amitié fleurissent ces dernières années dans les écoles un peu partout en France.
Des bancs de l'amitié un peu partout en Normandie
En Normandie aussi, notamment ces dernières semaines. Depuis la rentrée, ces mobiliers colorés, souvent réalisés par les écoliers, ont surgi dans les cours de récréation des écoles de Bosc-le-Hard (76), de Juvigny-les-Vallées (50), du Neubourg et de Saint-Marcel (27).
Dès 2016 dans l'Orne, l'école élémentaire du groupe scolaire Flaubert-La-Varende à Vimoutiers fut l'une des premières à en installer. Et dans le Calvados, on dénombre même deux bancs colorés au sein du groupe scolaire Jean-Moulin à Caen depuis deux ans.
Un outil de libération et de responsabilisation
" Notre conseil des élèves de l'école avait remonté le fait que certains élèves avaient besoin d'un endroit où ils pouvaient se retrouver pour échanger, et ils avaient parlé d'un banc de l'amitié, explique Cécile Gergaud, enseignante en classe Ulis. Certains avaient vu ça dans des parcs, et avec mes élèves d'Ulis, ce fut l'occasion de faire un travail pédagogique et artistique".
Bien souvent, fabriquer le banc avec les élèves permet déjà d'aborder la question du harcèlement tout en proposant une activité ludique.
Cela a permis de libérer la parole pour certains. Le fait que l'on matérialise un endroit pour des personnes qui se sentiraient seules, c'est aussi une prise de conscience pour les autres enfants.
Cécile Gergaud, enseignante à l'école Jean Moulin de Caen
Présenter le banc aux élèves, et rappeler sa fonction
L'installation du banc et l'explication de son utilité aux élèves sont fondamentales. À Juvigny-les-Vallées par exemple, le banc de l'amitié a été mis dans la cour durant les vacances scolaires, sans qu'il soit présenté aux enfants qui l'ont découvert à la rentrée. Sans connaître sa fonction, ils l'utilisent parce qu'il est beau, pas spécialement pour sa fonction initiale.
Au groupe scolaire Jean-Moulin de Caen, le directeur de l'époque avait fait une inauguration solennelle, et festive en même temps. "Il avait amené un pupitre et avait fait un discours devant les enfants", se remémore Cécile Gergaud. Il y avait une piñata, on a joué sur le côté festif et ça a été pris d'une manière très positive".
Le banc de l'amitié est aussi un outil pour les enseignants. L'occasion de remarquer si un élève est en souffrance, en difficulté ou isolé. Cela dit, "il est nécessaire de rappeler la fonction du banc, notamment chaque début d'année, lorsque les élèves, les enseignants et les classes changent", analyse Céline Gergaud.
Pour Déborah Dion, directrice du groupe scolaire Jean-Moulin, "ces bancs sont complémentaires avec d'autres actions. Plus largement, on essaie de les faire verbaliser leurs sentiments, leurs ressentis".
Dans l'établissement, une boîte sera bientôt installée dans un couloir afin que les élèves puissent y glisser des petits papiers. Libre à eux d'y inscrire ce qu'ils veulent, proposer des idées, ou évoquer ce qui les tracasse. Toutes ces actions sont réalisées en parallèle du programme pHare, lancé par le Ministère de l'éducation à la rentrée 2022 pour lutter contre le harcèlement scolaire.