L'école de la deuxième chance, la seule en Normandie, a été ouverte en janvier 2017 à Hérouville-Saint-Clair. Cette structure a été imaginée pour ceux qui ont "décroché" du système scolaire. Un an après, quel est le bilan ?
Chaque année en France, environ 130 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme ni qualification. Sur l'Académie de Caen, cela représente 2 000 jeunes. D'où l'idée de proposer des écoles de la deuxième chance (E2C). Il en existe aujourd'hui 48 en France. Une seule en Normandie. Elle a été ouverte en janvier 2017 à Hérouville-Saint-Clair, dans l'agglomération caennaise. Elle s'adresse aux jeunes de 16-25 ans sans diplôme ni qualification, mais aussi aux bénéficiaires du RSA jusqu'à 30 ans. Elle a été inaugurée en juin 2017 par Edith Cresson, l'ancien Commissaire européen de l'Education, qui avait imaginé en 1996 ce concept d'école de la deuxième chance.
Karim Slama, vous êtes le Directeur de l'E2C Normandie, quel est le bilan un an après ?
Nous avons reçu 104 stagiaires en 2017. Cela représente 7 promotions de 15 personnes environ. Notre ambition est de pouvoir recevoir 150 stagiaires en 2018 et 150 en 2019. Avec des jeunes venus également de Seine-Maritime et de l'Eure. En revanche, nous n'augmentons pas l'effectif d'une promotion car nous tenons à un suivi individualisé. Chaque stagiaire reste en moyenne 6 mois durant lesquels, il est suivi par nos trois pôles : le pôle pédagogique, le pôle entreprises et le pôle social qui s'occupe des problématiques tels que logement ou la santé.
Que deviennent ces jeunes après l'école de la deuxième chance ?
Les stagiaires alternent les cours et les périodes en entreprise selon les besoins du monde économique, c'est très important. Nous avons aujourd'hui plus de 210 entreprises partenaires qui accueillent nos stagiaires ou proposent des solutions d'embauche. Parmi ces entreprises, citons Ikea, Carrefour, O2, Renault Trucks, Veolia, La Poste, Orange mais aussi le MEDEF. Au total, nous avons 70 % de "sortie positive" c'est-à-dire soit une sortie vers une formation qualifiante ou un diplôme, soit vers un contrat de travail. Des contrats de travail qui se répartissent ainsi : 18% en CDI, 27 % en formation qualifiante, 32% en CDD de plus de trois mois, 14% en contrat d'apprentissage ou en professionnalisation et 9% en interim.
Vous avez signé le 11 janvier une convention avec le Rectorat de Caen. De quoi s'agit-il ?
C'est une première en France ! Grâce à cette convention, la mission de lutte contre le décrochage scolaire sera désormais présente dans nos locaux pour travailler sur la prévention du décrochage scolaire, mais aussi sur des parcours pour favoriser le "raccrochage" et permettre aux jeunes de retrouver le chemin des diplômes de l'Education nationale, comme le CAP ou le bac pro. Cette convention nous permet également de proposer des périodes d'immersion dans les lycées techniques, dans les ateliers, pour faire découvrir des métiers.