Depuis une semaine lorsqu'un cas de Covid-19 est déclaré dans une classe celle-ci ne ferme plus ses portes. Les élèves concernés font alors cours à distance. Les professeurs se retrouvent à faire classe en présentiel et en distanciel. Une surcharge de travail qui épuise le corps enseignants.
Depuis une semaine le nouveau protocole sanitaire appliqué dans les écoles du primaire impose une fermeture des classes seulement après que trois élèves soient testés positifs à la Covid-19. Auparavant un seul cas justifiait la fermeture d'une classe. Les autres élèves doivent présenter un test PCR négatif pour pouvoir réintégrer la classe. Pendant ce laps de temps, l'enseignant doit alors faire son cours en présentiel et en distanciel.
16 élèves en présentiel, 13 en distanciel
C'est le cas de Julie*, enseignante dans une école à quelques kilomètres de Caen. Elle a appris ce week-end qu'un de ses élèves a été testé positif à la Covid-19. Ce lundi 6 décembre, seulement 16 élèves sur 29 étaient en présentiel. Les enfants attendent le résultat du test PCR pour revenir. "C'est plus de travail, commence l'enseignante en charge du niveau CM1 et CM2. Et il faut que les parents aient le support informatique pour suivre les cours". Julie a dû appeler dimanche soir les parents pour répondre à leurs questions et leur indiquer la marche à suivre. "Il y a aussi les élèves qu'il faut rassurer, ils sont angoissés", reprend-t-elle.
"Certains songent à arrêter"
"C'est un double travail pour eux, s'indigne Charlotte Lemonnier représentante syndicale chez SNUipp-FSU. Elle estime le temps de travail supplémentaire à 10 heures hebdomadaires. "On est contre ce nouveau protocole. On veut un retour à une fermeture des classes pour un cas de Covid avéré".
Charlotte Lemonnier décrit un très grand état de fatigue chez les enseignants. "Le Covid a accentué ça, mais ça fait plusieurs années que la situation se dégrade", explique-t-elle. Elle ajoute : "On ne peut pas tenir sur une double journée de travail, c'est la vie de famille qui subit. Gérer les nouveaux protocoles c'est une charge mentale énorme".
La représentante du personnel remarque également de plus en plus de cas de burn out et des demandes de rupture conventionnelle, notamment depuis la rentrée.
Pas assez de tests disponibles
Florent Lucas, représentant syndical à l'Unsa Calvados fait le même constat. "De plus en plus d'enseignants songent à arrêter. Ils cherchent des reconversions". Il évoque "deux ou trois collègues qui vont rompre leur contrat".
Le syndicat dénonce "des modifications qui engendrent un allègement incompréhensible de la protection contre la propagation du virus et génèrent un alourdissement incontestable de la charge de travail des enseignants". L'Unsa demande la fin du cumul des enseignements en distanciel et présentiel.
Pour eux le problème vient aussi de la disponibilité des tests. "Les parents rencontrent des difficultés à faire tester leurs enfants rapidement, commence Florent Lucas. Pour un test PCR il faut attendre 24h pour avoir le résultat. Donc si il n'y a pas de rendez-vous immédiatement, les élèves ont du mal revenir en classe rapidement". Certains élèvent ne reviennent pas avant une semaine, les parents ne souhaitant pas faire tester leur enfant.
Un taux d'incidence record chez les 6-10 ans
Selon les dernières données de Santé Publique France, entre le 22 et le 28 novembre, le taux d'incidence chez les 6-10 ans était de 663 pour 100 000 habitants, soit une augmentation de 92% par rapport à la semaine précédente. Le taux d'incidence pour l'ensemble de la population en métropole est de 311 pour 100 000 habitants.
À l'issue du conseil de défense qui s'est tenu ce lundi 6 décembre, le gouvernement a décidé de mettre en place le niveau 3 du protocole sanitaire. Il impose notamment aux élèves de porter le masque en extérieur comme à l'intérieur des bâtiments.
*Le prénom a été modifié