Pour lutter contre la prolifération des rongeurs, nuisibles sur leur exploitation, plusieurs agriculteurs de l'Orne favorisent l'installation de chouettes effraies dans leurs bâtiments. Le rapace chasse naturellement les campagnols et mulots chaque jour.
Avec sa face blanche en forme de coeur, la chouette effraie est un oiseau emblématique de notre territoire, qui fait aujourd'hui le bonheur de plusieurs agriculteurs de l'Orne.
Des nichoirs ont été installés dans plusieurs exploitations agricoles du département pour faciliter l'installation du rapace, redoutable chasseur des campagnols, mulots et autres souris.
Des micromammifères indésirables sur les parcelles des éleveurs et producteurs, car ils consomment les récoltes et salissent les granges avec leurs excréments.
"Les agriculteurs qui sont collectés par la laiterie Gillot ont, dans la filière AOP, l'obligation d'éviter des souillures dans l'alimentation des animaux. La laiterie impose la dératisation chimique alors que c'est quelque chose que l'on peut naturellement faire avec des espèces autochtones comme la chouette effraie" décrit Yohann Launay, chargé de mission scientifique du Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) des collines normandes, à l'initiative de cette reconnexion entre les agriculteurs et le rapace.
Moins de frais pour les agriculteurs
Avec sa nichée, une chouette effraie "consomme environ 160 kilos de micromammifères sur son site de reproduction" ajoute Yohann Launay.
"C'est un animal qui me plait, qui me fascine et s'il mange les rats tant mieux. Il y a moins de souris déjà" remarque Nicolas Ferret, agriculteur à Bellou-en-Houlme qui accueille chez lui une nichée de quatre jeunes chouettes effraies.
Ce dispositif est une aubaine pour les agriculteurs, qui réduisent ainsi leurs dépenses liées à l'achat de produits de dératisation. Mais c'est aussi profitable pour les chouettes effraies, car la mise en place de nichoirs compense l'important manque de sites de reproduction chez l'espèce.
"On a installé 34 nichoirs en 2022. Et on a un taux d'occupation qui est proche de 40% dès cette année, ce qui prouve leur besoin d'endroits pour nicher" détaille Yohann Launay.
Passer de 5 à 40 couples de chouettes en trois ans
Tous les oiseaux retrouvés dans les nichoirs des agriculteurs sont bagués pour être identifiés et suivis scientifiquement.
Ce sont des bagues d'authentification qui indique que l'oiseau a été bagué en France. Ça va permettre de voir si les oiseaux qui sont nés là vont permettre d'alimenter notre population locale ou partir ailleurs
James Jean-Baptiste, du groupe ornithologique normand
Grâce à cette association entre agriculteurs et chouettes effraies, les naturalistes espèrent accroître significativement la population de chouettes effraies dans le secteur.
L'ambition est de passer de 5 couples actuellement, à une quarantaine d'ici trois ans grâce aux nichoirs installés dans les exploitations.