Cette entreprise devrait fermer alors que "son carnet de commandes est plein"

Installée depuis 55 ans à Moyaux, près de Lisieux (Calvados), l'entreprise Echarm devrait baisser le rideau début 2024. Les salariés, qui affirment que leur site est rentable, déplorent une décision "incompréhensible".

Après 55 ans d'existence, l'entreprise Echarm, à Moyaux près de Lisieux (Calvados), devrait baisser le rideau début 2024. L'annonce a été faite cette semaine aux sept salariés du site, qui ne cachent pas leur surprise. "C'est incompréhensible", lance même Virginie Lebourg, qui a quitté le mois dernier l'entreprise où elle officiait comme assistante de gestion. 

Echarm, "un pilier de la nutrition animale en France"

Les salariés l'affirment : le carnet de commande est plein et le site fait des bénéfices.

Installée dans le paysage moyausains depuis la fin des années 1960, la société est spécialisée dans la production de granulés pour les ruminants et de seaux à lécher, des contenants en plastique garnis avec des apports en nutriments et minéraux pour les vaches, les chevaux, les chèvres et les moutons.

Echarm en produit 18 000 tonnes par an, qu'elle vend à des coopératives agricoles et des revendeurs. Les salariés présentent leur société comme "un pilier de la nutrition animale en France". "On est les seuls à savoir fabriquer certains de nos produits", affirme l'un d'eux, qui souhaite rester anonyme.

Une fusion et des départs

L'entreprise a été rachetée et a fusionné en 2013 avec Vilofoss, filiale du groupe danois DLG, qui opère dans la fabrication de produits et de matériel pour l'agriculture. Depuis, les salariés affirment que plusieurs postes ont été "externalisés" de l'usine et délocalisés dans l'un des autres sites de Vilofoss, qui en compte trois en France.

Les sept postes restants à Moyaux – six postes d'opérateurs et un poste de directeur – sont ceux qui devraient désormais être fermés au premier trimestre 2024.

La décision étonne d'autant plus qu'une ligne de production avait été rénovée en 2018 pour produire davantage de seaux à lécher. 800 000 euros avaient été investis dans cette nouvelle installation. Mais celle-ci ne tourne pas à plein régime.

"Elle devait fonctionner en deux fois huit heures et ne fonctionne qu'en une fois huit heures", détaille Virginie Lebourg, l'ancienne employée. En cause, la moindre popularité, ces derniers mois, des seaux à lécher, "produit de luxe" pour les agriculteurs, dont les budgets souffrent de la hausse du prix des matières premières et de l'énergie depuis deux ans.

Le site reste pour autant rentable, affirment ses salariés. À Moyaux, on suppose que la fermeture d'Echarm est due à une restructuration à l'échelle du groupe entier et au déplacement prochain d'éléments industriels dans d'autres sites de la maison mère.

La direction de Vilofoss ne communique pas pour l'instant sur le motif de la fermeture du site de Moyaux. Sollicitée par France 3, elle n'a pas répondu à l'heure de la parution de cet article. 

"Le couperet est tombé d'un coup"

"Tout un tas de clients vont se retrouver dans une situation où ils n'auront plus de produits", craint un salarié du groupe, certain que le lieu abrite un savoir-faire qui ne se retrouve pas ailleurs. "Les clients sont sous le choc", énonce Virginie Lebourg.

Pour le maire de la commune, Benoît Charbonneau, l'annonce a été tout aussi brutale. L'édile déplore d'avoir été prévenu de la fermeture en lisant la presse. "C'était très cavalier. Je suis surpris parce que je rencontre les responsables des entreprises de ma commune tous les six mois, lance-t-il. Quand on perd des emplois, c'est toujours une mauvaise nouvelle. Et le couperet est tombé d'un coup."

À Moyaux, commune de 1 300 habitants, 5% des emplois directs dépendent de l'usine Echarm.

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