À Caen, l'intersyndicale des retraités venue rencontrer le préfet trouve porte close

Un cortège de retraités s'est rendu mardi 24 octobre devant la préfecture pour réclamer 10% de hausse des pensions. Les représentants n'ont pas été reçus, mais ont lancé un appel à signer une pétition.

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La porte de la préfecture du Calvados, à Caen, est restée close ce mardi 24 octobre au matin. Devant le bâtiment, un peu moins d'une centaine de manifestants, presque tous des retraités, réclamaient pourtant une entrevue avec Stéphane Bredin, le préfet calvadosien.

Réunis à l'appel d'une union de neuf syndicats de retraités (dont la CGT, FO, Solidaires, la CFTC et la FSU), dans le cadre d'un appel national à la mobilisation, ils souhaitaient rencontrer le préfet et que ce dernier se fasse le relais, auprès du gouvernement, de leur principale revendication : 10% d'augmentation sur toutes les pensions de retraite.

Le préfet ou rien

"On s'y attendait. Le préfet n'avait pas répondu à nos relances", lâche Jean-Luc Lemarois, président de l'Union syndicale des retraités CGT du Calvados, comprenant qu'il ne sera pas reçu. La préfecture avait bien proposé aux représentants syndicaux une rencontre avec un collaborateur du préfet. Ils ont préféré refuser. "On demande le préfet en personne car il représente l'État", s'explique Jean-Luc Lemarois, sortant du cortège immobilisé sur la rue Saint-Laurent où se trouvent les bureaux du cabinet du préfet du Calvados.

Le cortège était parti quelques dizaines de minutes plus tôt de la place Pierre Bouchard, 400 mètres plus loin. "Le parcours n'est pas trop long parce que tout le monde n'est pas dans la fleur de l'âge, ici", s'amuse une manifestante. Devant la porte fermée de la préfecture, la déception est d'autant plus grande que les manifestants souhaitaient faire part au préfet de la pétition nationale pour la hausse de 10% des retraites, qui rassemble ce mardi 31 000 signatures, dont 200 dans le Calvados.

Contactée, la préfecture du Calvados n'a pas répondu à France 3.

"On est en train de réinventer la pauvreté de la vieillesse"

"Les retraités s'appauvrissent. Les 0,8% d'augmentation accordés au 1ᵉʳ janvier ne compensent pas l'inflation", lance au micro Odile Le Disart, de la CGT, retraitée depuis 2012. En septembre, l'Insee mesurait une hausse de 4,9% sur un an des prix à la consommation. Odile Le Disart énumère les produits de première nécessité dont le prix a bondi depuis 2017, année prise comme référence sur les tracts syndicaux puisqu'elle marque le début des "années du Président Emmanuel Macron". "Le gaz, c'est 80% d'augmentation, l'électricité, c'est 28%, les pâtes, c'est 37%", lance la militante de 69 ans.

Drapeau rose de l'union Solidaires à la main, un retraité de 81 ans s'indigne : "On est en train de réinventer la pauvreté de la vieillesse". Sa retraite principale est "en dessous de 1000 euros", qu'il complète avec "500 de complémentaire". Trop peu pour bien vivre, selon lui. Ce retraité caennais est un habitué des cortèges. En tant qu'ancien employé de l'Assédic – l'ancêtre de Pôle emploi –, il se dit d'autant plus déterminé qu'il a souvent observé la pauvreté des seniors dans son métier. "On a assisté à la dégradation des systèmes, les patrons ne voulant pas employer les plus vieux", avance-t-il.

"Le pouvoir d'achat, c'est la préoccupation principale", lance Odile Le Disart. "Il y a des dépenses incompressibles : les retraités doivent se loger, doivent se nourrir", poursuit-elle. Maryvonne Bayet, 78 ans, acquiesce et complète : "J'ai 1200 euros de pension. Pour payer de nouvelles fenêtres pour faire des économies d'énergie, par exemple, c'est pas facile", confie cette ancienne aide de cuisine, qui travaillait dans la cantine de l'école primaire d'Errouville.

Après une quinzaine de minutes de stationnement devant la préfecture, la banderole de début de cortège, qui réclamait une augmentation "de 300 euros" pour tous, est repliée. Le cortège se défait progressivement. "On vous appelle à signer la pétition", lance une dernière fois Jean-Luc Lemarois, de la CGT.

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