Ce couple reprend la boulangerie du village, fermée depuis deux ans : 'C’est la vie de commune qui est sauvée'

Dans l'Orne, la petite commune de Ménil-de-Briouze n'avait plus de boulangerie depuis deux ans. La municipalité a investi une somme importante pour faire revivre ce commerce. Et permis à un jeune couple de se lancer.

Il y a des signes qui ne trompent pas. "On a fait une porte ouverte il y a deux semaines et beaucoup de monde est venu. On ne pensait pas qu’on était autant attendu", raconte Mélissa Munoz, co-gérante de la boulangerie de Ménil-de-Briouze dans l'Orne. Et ce jeudi matin, jour d'ouverture, les clients défilent à la caisse.

Une nouvelle boulangerie qui redonne le sourire

Dans l'atelier, Jean-Pierre Bavent, le compagnon de Mélissa, ne ménage pas sa peine. "On est surpris par le monde venu aujourd’hui. Donc on va un peu dans tous les sens, on ne s’attendait pas à courir autant. Mais on est content", confie le jeune boulanger en pétrissant sa pâte, un large sourire aux lèvres.

Les premiers à avoir le sourire, ce sont les clients, beaucoup retraités. "Je suis née ici, j’ai toujours eu une boulangerie. C’était important.  Et puis ça fait vivre, ça fait de l’animation dans notre petit bourg. (quand la boulangerie a fermé) On était déçu, très déçu", raconte Annick.

Depuis deux ans, il fallait prendre sa voiture pour trouver du pain : "J’allais à Briouze ou j’allais en grande surface et je congelais". Pierre, lui, n'est "pas d'ici" mais passe de temps en temps dans ce petit village de 555 habitants. "Pour une petite commune comme ça c’est formidable. Aux alentours, il n’y a plus beaucoup de boulangeries, ça fait ramener beaucoup de monde ici."

"On n'a pas hésité à se lancer"

Mélissa et Jean-Pierre ont posé leurs valises en Normandie il y a quelques mois. Le couple a quitté la Côte d'Azur pour se lancer dans cette nouvelle aventure. "Je travaille dans la boulangerie depuis huit ans, j’ai gravi les échelons jusqu’à ce que je me dise : que faire de plus à part me mettre à mon compte ?", raconte le nouveau boulanger de Ménil-de-Briouze.

"C'est un changement de vie, un changement de cadre, on avait envie de voir autre chose. On a trouvé cette opportunité, on n’a pas hésité à se lancer."

Car c'est une belle opportunité qu'a découverte le couple lorsqu'il est tombé sur l'annonce publié par la commune sur SOS Villages. Une boulangerie flambant neuve avec tout le matériel nécessaire. Un investissement estimé à 500 000 euros que les deux jeunes co-gérants n'auraient pu se permettre. Ce projet, c'est la commune elle-même qui l'a porté et en a assuré la charge.

Certes, elle a bénéficié de subventions (Dotation d’équipement des territoires ruraux, Dotation de soutien à l’investissement local, aides du Pôle d’équilibre territorial et rural et du Département de l'Orne). Mais a dû tout de même débourser 208 000 euros.

"C'est un effort financier énorme, pour une commune de 555 habitants, c’est dur mais on le fait, explique en grimaçant Jean-Marie Delange, le maire de Ménil-de-Briouze. On a d’autres travaux à faire qui sont restés un petit peu sous le coude mais ça va venir, maintenant qu’on est passé à autre chose."

"Simplement le travail. Et la motivation"

Dur mais nécessaire. Monsieur le maire ne regrette rien. "Aujourd'hui, c’est la vie de commune qui est sauvée un peu. C’était le but, faire vivre la commune, une commune rurale." Quand la boulangerie a fermé ses portes deux ans plus tôt, le conseil municipal n'envisageait pas de rester les bras croisés.

"On avait déjà réinvesti dans le restaurant du village (200 000 euros) donc pour le deuxième commerce local qui existait, on a voulu absolument le sauver." Et pour ce sauvetage, la commune a décidé de repartir sur du neuf. "L’ancienne boulangerie était un peu désuète, beaucoup de niveaux, de marches, pas facile, vieillissante. Ça aurait peut-être coûté aussi cher voire plus cher de la rénover."

Un tout nouveau bâtiment a donc vu le jour à côté du restaurant, sauvé, lui aussi, quelques années plus tôt. "Ça fait un ensemble qui pourrait correspondre à la population : ils viennent chercher du pain, ils boivent un petit café ou ils restent à manger."

Un service rendu aux habitants de la commune et des alentours, mais aussi un solide coup de pouce à des jeunes qui débutent. "On a toujours choisi des jeunes. On veut mettre le pied à l’étrier. C’est le seul moyen pour eux de démarrer. Ils n’ont pas de matériel à acheter. Simplement le travail. Et la motivation."

"C’est pas le Ménil si on n’a pas la galette !"

De la motivation, Jean-Pierre et Mélissa en ont à revendre. Et ne comptent pas décevoir les attentes. "On a choisi de travailler avec des produits 100% locaux, la farine 100% normande, cultivée et écrasée en Normandie. Le beurre pareil. On essaye au maximum de chercher les produits locaux, de faire travailler les voisins autour", souligne le boulanger.

Mais pour gagner le cœur des habitants, le jeune homme dispose surtout d'une arme imparable : la galette de Ménil-de-Briouze. "C'est une brioche. On ne connaissait pas du tout. L’ancien boulanger nous a appris la recette, une recette déposée que personne d’autre ne peut faire. On aime bien la fabriquer et on voit que ça plaît beaucoup. Et que ça vend hyper bien."

Car comme le rappelle Annick, l'enfant du pays, "c’est pas le Ménil si on n’a pas la galette !"  En retrouvant sa boulangerie, le village a retrouvé une part de lui-même.

 

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