Ces artisans qui défendent un savoir-faire ancestral : "des bijoutiers qui font tout de A à Z, c’est quelque chose qui se perd"

Ils sont artisans, passionnés et perpétuent un savoir-faire en voie de disparition. Mélaine Bousquet-Galibert est bijoutière. Elle travaille ses pièces de A à Z, ce qui se fait de moins en moins pour optimiser les coûts de production.

Dessin, pesée, découpe, brossage, chauffage… Dans l’atelier qu’elle a aménagé au rez-de-chaussée de sa maison, Mélaine Bousquet-Galibert, travaille l’argent, seule dans sa bulle. « Le travail avec le chalumeau a un petit côté envoûtant et au bout d’un moment on se vide complètement la tête », confie-t-elle.

De la mécanique à la joaillerie

Après une douzaine d’années dans l’automobile et le BTP, l’envie d’entreprendre et de créer de ses propres mains est trop forte. Fille d’une maroquinière et d’un père tisserand couturier, Mélaine choisit la bijouterie « Quand j’étais jeune, ma mère faisait des sacs en cuir et aussi de la revente d’objet, dont beaucoup de bijoux indiens en argent avec des pierres et cet amour des bijoux vient en partie de là », se souvient l’artisan-bijoutière.

La mère de famille se forme via le Greta à Paris avant de suivre des cours en ligne et parfaire sa technique en autodidacte. Elle crée son entreprise « La forge d’Eos » en 2018.

De son ancienne carrière d’ingénieure mécanique, Mélaine garde son esprit scientifique, la rigueur, la précision. « Il faut être un peu doué en géométrie, avoir des notions de mécanique et de chimie quand on doit travailler le métal », précise l'artisan.

Un métal précieux suivi à la trace

Au-delà des qualités techniques et artistiques, le travail de l’argent exige une rigueur implacable, son commerce étant strictement réglementé. Mélaine doit peser sa matière première pour répertorier précisément la quantité du métal précieux utilisée. « Je dois noter séparément le poids du bijou final et toutes les chutes pour la traçabilité, où va le métal du moment où je l’achète à mon fournisseur jusqu’au moment où je le vends à un client », explique-t-elle.

Avec l’industrialisation et la mondialisation, beaucoup de grosses entreprises fractionnent le travail du bijou. De moins en moins de bijoutiers façonnent leurs pièces intégralement comme le fait Mélaine, « trouver des artisans qui font tout le travail de A à Z c’est quelque chose qui se perd et beaucoup de bijoutiers vont être plutôt des revendeurs ».

Spécialité médiévale pour sortir du lot

Pour attirer les clients et se démarquer, l’artisane propose des bijoux personnalisés ou ancestraux, comme la fibule, un accessoire qui permet d’attacher les vêtements. Un objet original qui a déjà séduit quatre boutiques normandes qui le proposent à la vente, comme la Galerie des arts du feu qui a pour vocation de valoriser le savoir-faire des créateurs professionnels. « C’est un objet assez exceptionnel, qu’on a du mal à trouver et pour un lieu chargé d’histoire comme l’aître Saint-Maclou c’est assez chouette », s'enthousiasme Emylou Cuisin, responsable administrative et artistique de la galerie.

Mélaine expose également ses fibules et autres créations sur des marchés, des festivals médiévaux et  des salons d’artisans. Prochain rendez-vous avec la Forge d’Eos et plus de 60 exposants autour des métiers d’art et des métiers rares les 3, 4 et 5 novembre 2023 au Festiv’art de Louviers.

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