Face à l'inflation, ce lieu festif baisse ses prix pour "continuer à rassembler les gens"

Constatant une baisse de la fréquentation du Quartier Libre en raison de l'inflation, les gérants de la coopérative ont décidé de tout mettre en œuvre pour proposer des boissons et des soirées à prix réduit aux clients de ce lieu convivial et culturel. De quoi permettre aux Rouennais de sortir à nouveau, et plus souvent.

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"Nous avons toute une génération qui a passé deux ans confinée, qui a vu sa sociabilité impactée, son accès aux événements culturels limité, donc nous n'avons pas envie de continuer d'impacter cette génération qui a déjà pas mal morflé", résume Simon Ugolin, cogérant et directeur artistique du Quartier Libre, à Rouen (Seine-Maritime).

Une baisse de fréquentation liée à l'inflation

Depuis quelques mois, les gérants de la coopérative qui fêtera ses 10 ans l'année prochaine, ont remarqué une baisse de la fréquentation de leur site due à l'inflation. "On s'est rendu compte que les gens choisissaient leurs événements. Au lieu de venir deux-trois fois dans le mois, ils se retrouvaient à choisir. Ça nous a paru injuste", pointe Simon Ugolin.

Conséquences, les artistes émergents ont parfois joué devant un public clairsemé, les spectateurs choisissant de dépenser leur argent pour venir voir des musiciens plus connus.

Des groupes d'amis se sont réduits également, certains n'ayant plus les moyens de venir aux soirées. "C'est exactement l'inverse de ce qu'on veut faire. Nous, notre but est de rassembler les gens autour d'événements culturels, de boissons et de nourriture", souligne le cogérant du lieu.  

Chercher toutes les économies possibles

Pendant six mois, cinq personnes des pôles production, programmation et communication du bureau de l'atelier Lucien, la coopérative spécialisée dans la conception de lieux et d'évènements qui gère le Quartier Libre, ont donc travaillé d'arrache-pied afin de trouver le plus de moyens possibles de faire des économies, y compris en diminuant ses marges.

"Mais sans rogner sur la qualité", prévient Simon Ugolin. Pour cela, il a notamment fallu convaincre les fournisseurs de boissons de les suivre.

On représente jusqu'à 2% du chiffre d'affaires de grosses brasseries avec lesquelles on travaille, plus pour certains fournisseurs. On est donc allés les voir en leur disant qu'il fallait trouver une solution pour que les gens continuent à conserver leurs habitudes de consommation culturelle et qu'ils ne restent pas chez eux pour des apéros.

Simon Ugolin, co-gérant et directeur artistique du Quartier Libre

Selon lui, les négociations n'ont pas été difficiles, et ce grâce aux relations de confiance préexistantes entre le Quartier Libre et ses fournisseurs. La coopérative a également trouvé d'autres moyens de faire des économies.

Par exemple, au lieu de passer par une plateforme logistique pour le stockage de la bière, elle se fait désormais livrer directement et stocke la bière sur place.

Des pintes et des cocktails à partir de quatre euros

Dès le vendredi 13 octobre 2023, la bière classique sera donc proposée à quatre euros contre six euros auparavant. Les autres bières verront leurs prix baisser d'un à 1,50 euros. Quant aux cocktails, ils seront proposés pour la majorité entre quatre et 7,50 euros. "On utilise la même gamme d'alcool, et on n'ajoute pas plus de glaçons", promet Simon Ugolin. Le Quartier Libre ne proposera pas d'happy hour, ces prix bas seront donc permanents. 

Quant au Bouillon Popote, le restaurant du lieu, il ne changera pas ses prix. Le concept de base du bouillon proposant déjà des prix mini : des entrées à partir de 3,5 euros, des plats à partir de 12 euros et des desserts à partir de 3,80 euros.

"Le Bouillon Popote, c'est du zéro déchet, du direct producteur, des produits simples et locaux, donc le rapport qualité/prix est déjà optimal. Et puis il y a moins de marge en restauration", observe Simon Ugolin. 

"On ne demande pas d'effort financier aux petits artistes"

Les événements artistiques seront, eux, proposés à partir de six euros contre 12/15 euros auparavant. Les négociations ont été moins faciles qu'avec les fournisseurs. Notamment pour les artistes internationaux car "nous sommes en concurrence avec d'autres lieux" et les cachets ont augmenté, note le directeur artistique. Il a donc fallu proposer des "partenariats donnant-donnant".

Nous avons demandé aux agents de rogner leur marge ou le cachet, mais nous avons proposé en échange de prendre trois artistes émergents dans notre lieu.

Simon Ugolin, co-gérant et directeur artistique du Quartier Libre

Il a aussi fallu parfois travailler avec d'autres lieux culturels pour faire venir des artistes en "tirs groupés" et ainsi réduire les coups de transport. Afin de bloquer des tarifs, et avoir le temps de négocier, le Quartier Libre travaille désormais plus en amont en bookant des artistes jusqu'à un an à l'avance. "Mais on ne demande pas d'effort financier aux petits artistes, seulement aux gros artistes", ajoute Simon Ugolin. 

La coopérative, engagée et militante, reste très attentive au profil des artistes qu'elle fait venir sur le lieu. "On se renseigne sur leur comportement et leur engagement, il est important de mettre en avant des personnes qu'on considère en accord avec nos valeurs. Et on fait attention à avoir une parité dans les artistes programmés et une représentation des minorités raciales et sexuelles."  

Dans les prochains mois, le Quartier Libre accueillera l'artiste electro Sonniac One et des drag queens du casting de l'émission Drag Race France sur sa scène.

Des prix bas pendant six mois

L'initiative de baisse des prix devrait durer six mois, avant de progressivement revenir aux prix d'avant. "Nous n'avons pas envie que les autres patrons pensent que c'est une offensive commerciale", souligne le co-gérant du lieu, qui a conscience que tous les bars et lieux culturels n'ont pas les moyens humains et financiers de baisser aussi drastiquement leurs prix.  Le Quartier Libre emplois 50 personnes durant l'été, et 35 l'hiver.

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Face à l'inflation, le Quartier Libre de Rouen baisse ses prix ©FTV

"On est un gros établissement qui a les moyens de trouver où faire des économies, donc on a essayé d'avoir les prix les plus bas possibles", appuie Simon Ugolin qui reconnaît : "on prend un risque énorme". Il estime d'ailleurs sans détour que le Quartier Libre va perdre de l'argent avec cette opération. "Il faut que les gens comprennent notre démarche et nous suivent", espère-t-il. 

Entre soirées electro ou techno, scène drag queen, comedy club, soirées raclettes, coworking, et évènements thématiques pour Halloween et Noël, l'hiver au Quartier Libre promet d'être éclectique.

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