Lors d'une réunion du Comité Social et Economique, la direction du groupe n'a pas officiellement confirmé la fermeture du site et elle a annoncé l'intervention d'experts. Les salariés n'en sont pas moins dépités : "On ne se fait pas trop d’illusions sur la finalité de ce qu’il va nous arriver l’année prochaine"...
Après le choc, la mobilisation pour les 109 salariés et la dizaine d'apprentis de l'usine Sidel de Lisieux (Calvados). Le 13 octobre dernier, ils apprenaient le projet de fermeture de leur usine dans le courant de l'année 2023. Ce jeudi 3 novembre au matin, ils se sont mis en grève et réunis devant l'entreprise, dans l'attente des conclusions du CSE. Cette dernière se déroulait, au même moment, au siège de l'entreprise à Corcelles-lès-Cîteaux en Bourgogne-Franche-Comté. "On est combatifs mais inquiets aussi, témoigne Thomas Hénin, salarié de l'usine depuis 15 ans. On ne se fait pas trop d’illusions sur la finalité de ce qu’il va nous arriver l’année prochaine. C’est difficile au quotidien (...) parce qu’on aime notre travail et qu’on veut que l'entreprise continue à vivre. C’est complètement injuste, on ne mérite pas ça. "
Créé en 1965 par Jean Delapierre sous le nom de Ouest Conditionnement, l'entreprise se spécialise dans les machines à emballer sous film plastique. Elle est rachetée au début des années 1990 par Sidel, à l'époque numéro 1 mondial des constructeurs de machines à fabriquer des bouteilles en plastique.
L'usine Sidel de Lisieux appartient aujourd'hui au groupe suédois Tetra Laval. Selon les salariés, elle a atteint ses objectifs et affiche un carnet de commandes bien rempli. Le site Lexovien a même été récompensé en mars dernier pour sa rentabilité et sa productivité. Aujourd’hui pourtant, l'usine se voit reprochée d’être vieillissante.
Mettre en avant l’obsolescence de l’outil industriel c’est tout à fait hypocrite. Et décider il y a un an ou deux ans de ne pas renouveler l’outil industriel c’est en fait mettre une date de péremption sur le site de production sans le dire à personne.
Philippe Pradal, avocat des salariés de l'usine, le 19 octobre dernier.France 3 Normandie
Des experts pour valider la fermeture économique
Dans un communiqué, la direction justifie sa décision par la volonté de créer des synergies au sein du groupe Sidel pour réaliser des économies. 54 postes pourraient être relocalisés sur le site d'Octeville sur mer, près du Havre et 16 à Corcelles-lès-Cîteaux en Bourgogne-Franche-Comté. Pour Francine Gautreau, salariée depuis 34 ans au sein du service approvisionnement, travailler sur un autre des sites de Sidel n'est pas envisageable : "Tout le monde ne peut pas partir à Dijon. Il faut vendre sa maison et il faut que le conjoint puisse suivre…"
On n’aura plus forcément confiance en Sidel. On est tous dans cet état d’esprit qu’on n’aura pas forcément envie de suivre, de continuer.
Francine Gautreau, salarié depuis 34 ans à l'usine de LiseuxFrance 3 Normandie
Réunis devant leur usine, les salariés ont été rejoints par le maire de Lisieux, Sébastien Leclerc. L'édile s'inquiète des conséquences de la fermeture du site pour la commune : "C’est toujours un coup dur qu’une entreprise ferme sur la ville parce qu’il y a des choses qui s’enchaînent en cascade : des gens qui peuvent partir, moins de monde dans nos commerces, moins d’enfants dans les écoles, moins de monde dans les associations."
Après trois heures de réunion, la direction de Sidel a accepté l'intervention d'experts pour valider ou non le motif économique de la fermeture du site et des licenciements. Les salariés vont aussi pouvoir faire appel à un avocat. La fermeture du site de Lisieux n'est toujours pas officiellement actée.