L'académie de Caen a géré une centaine de cas de harcèlement en 2017, des violences physiques ou verbales qui poussent certains élèves à songer au suicide. Nous avons rencontré l'un d'eux. Il s'appelle Justin. Il nous livre son témoignage entouré de sa famille :
Il y a deux ans, le 3 mars 2016, Juliette jeune lycéenne de Lisieux et victime de harcèlement sur les réseaux sociaux, se donnait la mort. Une disparition tragique qui avait à l'époque suscité une immense émotion dans la région. En 2017, l'académie de Caen a dû gérer une centaine de cas de harcèlement, souvent très graves poussant parfois certains élèves à songer au suicide.
Nous avons rencontré l'un d'entre eux. Il s'appelle Justin et il a accepté de nous livrer son témoignage :
Reportage F Turpin, C Lefrançois
Insultes, humiliations, deviennent le quotidien du collégien
Il y a quelques mois, Justin 15 ans, a frôlé le pire. La musique l'aide à se reconstruire. C'est d'ailleurs pour intégrer le Conservatoire, qu'il y a 2 ans, il a quitté Valognes pour entrer au collège Pasteur de Caen. Un établissement de centre ville, très bien côté, mais où son quotidien va vite être bouleversé.Tout a commencé par des insultes, gratuites, proférées par quelques élèves. Puis des humiliations ont suivi, répétées des dizaines de fois par jour, toujours en classe, parfois même devant les professeurs.
Certaines personnes, dans l’équipe éducative, n’avaient pas envie d’entendre, de voir, parce que c’est plus facile je pense, de passer sur ces choses-là et de continuer sa petite vie tranquille, explique la maman de Justin
Son frère découvre une lettre d'adieu : un choc pour sa famille
Les semaines passent, Justin se replie sur lui-même. La nuit, quand tout le monde dort, il commence à se faire du mal, à penser au suicide. L'adolescent va jusqu'à écrire une lettre d'adieu. Une nuit, son frère découvre tout, par hasard. Dans cette famille unie le choc est terrible. "Il y a un moment de culpabilité, on se demande : pourquoi j’ai rien vu ?" explique la soeur de Justin."Quand on pense à des enfants comme Matteo, Juliette, Marion, on se dit qu’on n’était pas très loin de le perdre " ajoute sa maman.Matteo, Marion ou encore Juliette, cette jeune lycéenne de Lisieux, victime de harcèlement sur les réseaux sociaux qui s'est donné la mort il y a deux ans en se jetant sous un train. L'an passé, la cellule harcèlement du rectorat de Caen a traité une centaine de dossiers. Si les professeurs, les chefs d'établissement sont désormais sensibilisés au problème, il reste encore beaucoup de travail :
"On a des enfants pour qui il faut des suivis psychologiques, des suivis psychiatriques, on a quelque fois des enfants qui peuvent se retrouver en milieu hospitalier pour des soins parce qu'ils font de grosses dépressions . Vous disiez que les professeurs pouvaient fermer les yeux mais ça aussi, il faut le savoir qu'on a des gens pour qui c'est compliqué de parler du harcèlement" explique Annie Bellance, Responsable de la cellule harcèlement du rectorat de Caen.
Une fois les actes dénoncés, l'attente commence
Pour les élèves harceleurs, les sanctions lourdes sont très rares au sein des établissement scolaires. Certaines familles n'hésitent à porter plainte mais les enquêtes et les procédures sont très longues. Elles durent des mois voire des années.Le père de Justin souhaite que les harceleurs et leurs parents prennent conscience de la gravité de leurs actes : " j'aimerais rencontrer les harceleurs avec leurs parents pour dialoguer et qu'ils se rendent compte. Je ne comprends pas. On a envoyé différents courriers mais on n'a pas de réponse."
Très entourés par ses proches, Justin va beaucoup mieux. Désormais au lycée, il lui arrive encore de croiser ses harceleurs, la tête haute.