Lisieux : une rencontre avec la veuve du juge Borrel et les auteurs de la BD "Une affaire d'états"

Les membres du comité de soutien à Elizabeth Borrel n'ont jamais cru à la thèse du suicide de l'ancien procureur de Lisieux. Ils se battent aux côté de sa veuve pour faire émerger la vérité. Elle sera présente samedi matin avec l'auteur de cette "affaire d'états" peu ragoutante.

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Ceux qui l'ont connu dans le Pays d'Auge se souviennent d'une homme "brillant", "remarquable". Le jeune magistrat sorti major de sa promotion reste en poste pendant six années au tribunal de grande instance de Lisieux où il est un procureur de la république respecté. En 1994, il accepte une mutation à Djibouti pour occuper des fonctions de conseiller technique auprès du ministère djiboutien de la justice.

Le 19 octobre 1995, au petit matin, son cadavre partiellement calciné est retrouvé en contrebas d'une falaise. Le juge se serait donc suicidé. "Votre mari est mort. Il s'est immolé par le feu au Goubet" apprend Elizabeth Borrel. Et la justice semble vouloir s'en tenir là. Mais à Lisieux, la nouvelle laisse incrédule. "Dans notre comité, il y a des gens qui l'ont connu au tribunal, qui ont travaillé avec lui l'ont fréquenté, d'autres qui étaient ses voisins. Et pour tous, un suicide, ce n'était pas possible !" se remémore André Lucas, le co-fondateur du comité de soutien qui compte aujourd'hui150 membres.


Une affaire d'états, David Servenay, Thierry Martin, éditions Soleil, collection Noctambules



Vingt-deux ans après la mort de Bernard Borrel, les membres de son comité de soutien en sont persuadés : "le juge avait découvert quelque chose de grave, et il s'apprêtait à rentrer à Paris pour le dénoncer". Mais la justice se noie. "Le volet principal de l'affaire représente 22 ou 23 tomes ! Vous vous rendez compte, à chaque fois qu'un nouveau juge reprend l'affaire, il doit commencer par tout éplucher" déplore André Lucas.
 

Affaire Borrel : des scellés détruits par la justice

L'enquête sur la mort du juge français Bernard Borrel à Djibouti en 1995 accumule les dysfonctionnements. Le Monde | * Mis à jour le | Par Jean-Baptiste Jacquin La veuve venait d'apprendre par la voix de Jean-Michel Hayat, président du tribunal de grande instance de Paris, et par François Molins, procureur de Paris, que plus de soixante-dix scellés avaient été détruits en décembre 2014 par les services de la justice.



"Aujourd'hui, Elizabeth Borrel doit être celle qui connaît le mieux ce dossier". Elle est elle-même magistrate. Elle n'ignore donc rien du fonctionnement de l'appareil judicaire. Ni des petites manoeuvres qui peuvent conduire un dossier à l'enlisement. En 2015, on apprend par exemple la disparition de scellés qui auraient pu contribuer à faire éclater la vérité.  "Elle nous dit toujours qu'elle se battra jusqu'au bout. C'est vrai que l'affaire est longue et compliquée. Mais quand ont voit madame Borrel, on se dit qu'on ne peut pas baisser les bras".

 

La raison d'état sert de voile à des affaires douteuses


Parmi les quelques journalistes qui s'intéressent à cet étrange "suicide", David Servoney a sans doute été l'un des plus tenaces. Il a entendu parler de cette histoire pour la première fois en 2004 alors qu'il travaillait à RFI. "Je me dis alors qu'il y a un truc qui cloche", confiait-il le 20 septembre à nos confrères de l'Eveil de Lisieux. C'est lui qui aujourd'hui signe le scénario d'Une affaire d'états. "L'avantage de la bande-dessinée, c'est qu'elle nous emmène dans les coulisses de l'enquête", apprécie André Lucas.
 

Assassinat du juge Borrel : une nouvelle expertise confirme l'origine criminelle du décès

Plus de 20 ans après, de nouvelles expertises confirment la thèse de l'assassinat : un nouvel élement dans le dossier de la mort du juge Borrel, ancien procureur de Lisieux, retrouvé mort le 19 octobre 1995 à Djibouti, où il était en mission.



"Elle raconte toute l'affaire, jusqu'aux derniers évènements de l'été". Le 13 juillet dernier, après 22 ans de procédures, la justice a enfin admis que Bernard Borrel avait bien été assassiné. Mais, comme l'écrit le Monde, "cette affaire jamais élucidée a longtemps perturbé les relations entre la France et Djibouti, où Paris a sa principale base militaire sur le continent africain". "Dans un état de droit, on trouve anormal qu'une victime ne soit pas soutenue par la justice" s'émeut André Lucas. "Maintenant cette affaire ne peut plus être éttouffée. Mais il faut tout faire pour qu'elle ne soit pas enterrée. Il n'est pas normal que la raison d'état serve à mettre un voile sur des affaires douteuses". 

  • Rencontre avec Elizabeth Borrel et David Servenay le samedi 21 octobre à 10 heures. Librairie les grands chemins, 26 place de la république, Lisieux.
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