Il a exercé à Maubeuge, dans le Nord, entre 2008 et 2010, le docteur Eugène Rwamucyo a été condamné mercredi 30 octobre 2024, par la cour d’assises de Paris, à 27 ans de réclusion criminelle. Originaire du Rwanda, il a été reconnu coupable de complicité de génocide et de complicité de crimes contre l’humanité.
Longtemps, il a mené une vie tranquille entre la France, la Belgique, après avoir quitté le Rwanda. Il a même été un temps médecin du travail à l'hôpital de Maubeuge (Nord). Eugène Rwamucyo a été condamné mercredi 30 octobre 2024, par la cour d’assises de Paris, à 27 ans de réclusion criminelle.
Agé de 65 ans, il a été reconnu coupable de complicité de génocide et participation à une entente en vue de la préparation de génocide, complicité de crimes contre l’humanité et participation à une entente en vue de la préparation de ces crimes. Il a été acquitté des accusations de génocide et de crimes contre l’humanité.
30 ans après l'extermination des Tutsis, l'homme était jugé en France en vertu de la compétence universelle, un principe qui permet à un Etat de juger les auteurs de crimes graves quel que soit le lieu où ils ont été commis. Il encourait la réclusion criminelle à perpétuité.
Le Parquet national antiterroriste avait requis 30 ans de réclusion à l'encontre d'Eugène Rwamucyo.
Le procès a duré près de cinq semaines. Il était reproché à l’ancien médecin-enseignant à l’université de Butare d’avoir soutenu et relayé les mots d’ordre des autorités hutu incitant la population à s’en prendre à la minorité tutsi, notamment lors d’un discours le 14 mai 1994. Eugène Rwamucyo était aussi accusé d’avoir participé à l’enfouissement de victimes dans des fosses communes.
Lors du procès, l'accusé a contesté ces accusations, expliquant avoir enfoui les corps pour éviter d'ajouter une crise sanitaire à la catastrophe qui se déroulait. "Je vous assure que je n'ai pas ordonné l'achèvement des survivants ou laisser tuer des survivants", a-t-il déclaré mercredi matin avant que la cour ne se retire pour délibérer.
Trente ans après
"C'est capital que les génocidaires en fuite réalisent que même 30 ans après le génocide des Tutsi, la justice a le pouvoir de les rattraper. J'espère que les efforts de la justice française vont se poursuivre pour juger les suspects qui résident dans ce pays", a déclaré à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Olivier Nduhungirehe.
Son arrestation a été rendue possible par le travail de rescapés et de leurs proches, notamment Alain et Dafroza Gauthier qui traquent encore les génocidaires, réfugiés en Europe.
Entre avril et juillet 1994, plus de 800.000 personnes ont été tuées selon l'ONU, essentiellement au sein de la minorité tutsi. Eugène Rwamucyo est le huitième Rwandais jugé en France pour des crimes liés au génocide des Tutsis.