A cause du réchauffement climatique, la population d'ours polaire est menacée à courte échéance. Et l'espèce est aussi davantage présente dans les zoos, des oursons y naissent en captivité. Deux mâles viennent d'arriver au Cerza (14) pour s'y reproduire. Coup de projecteur.
C'est un événement au Cerza, zoo situé tout près de Lisieux, à Herminal-les-Vaux (14) . Nissan et Pixel, deux ours polaires de 7 et 6 ans viennent de rejoindre Mona et Nikki, deux ourses de la même espèce, arrivées elles il y a 2 ans en Normandie. Accueillis dans un enclos d'un hectare, avec un bassin d'eau de 3 mètres de profondeur, les deux mâles viennent d'Angleterre, du Yorkshire Wildlife Park mais le premier, Nissan, est né en Russie, le second Pixel en Hollande. L'objectif de cette arrivée, c'est à terme la reproduction.
Un programme de reproduction en captivité, pour quoi faire ? C'est l'une des nombreuses questions abordées dans un ouvrage passionnant de Rémi Marion et Farid Benhamou, géographes, auteurs de "Géopolitique de l'Ours Polaire". " Un ours polaire captif devient plus gros, plus gras et ne va pas à la recherche de sa nourriture. Il est sujet à des troubles névrotiques de comportement : balancement de la tête, déplacement stéréotypé. En aucun cas, il ne peut être relâché. Rien à voir donc avec la protection de l’espèce, comme le revendiquent certains zoos ".
L'ours polaire, espèce vulnérable
L’ours blanc ou ours polaire, quand il est dans son espace naturel, vit dans des régions arctiques. Son physique est adapté pour le grand froid. Une épaisse couche de graisse et de fourrure l’isole ainsi des basses températures qu’il côtoie. Sur le site du Cerza, on lit aussi que " bien que « polaire », l’ours blanc s’aventure régulièrement sur la toundra l’été où les températures avoisinent les 25°C. Il y trouve un biotope différent de celui des glaciers : mousses, lichens, bruyères, rochers et quelques arbustes."
" Leur présence sous le climat normand ne pose pas de problèmes majeurs, ils s'adaptent. Ce sont par ailleurs de formidables ambassadeurs du réchauffement climatique et pédagogiquement, ça nous permet d'expliquer cette problématique aux plus jeunes même si ça repose sur un paradoxe".
L'espèce est en effet menacée avec la fonte de la banquise qui fait disparaître leur capacité à s'alimenter. Dans à peine 30 ans, les deux tiers des 20 000 ours polaires pourraient avoir diparu. Une étude récente estime même que les ours polaires pourraient presque totalement disparaître d’ici à 2100 . Même si depuis 1973, cinq pays (la Russie, le Canada, le Danemark, les États-Unis et la Norvège) ont fait le choix de signer l’Accord international sur la conservation des ours blancs et leur habitat et se sont engagés à agir, le réchauffement climatique est un ennemi rapide et global. Un ennemi qui les pousse à errer en bande comme en Nouvelle-Zemble, cet archipel russe de la mer de Barents, où les ours attaquent les gens dans la rue ou font les poubelles.
Les zoos: réservoir génétique ou symbole de lutte écologique?
" Les zoos se sont emparés de ce concept d'animal menacé, voire en voie de disparition, pour drainer vers leurs parcs le maximum de public, profitant de l'effet d'aubaine pour "reverdir" leur image " peut-on lire dans une tribune de vétérinaires intitulée Pour que l'ours polaire ne soit plus la vache à lait des zoos. Et de poursuivre en décrivant un veritable business: " Lorsque les oursons sont exposés au grand jour, c'est un déferlement médiatique, au point que de grands médias nationaux se font l'écho d'un évènement purement commercial, comme pour l'arrivée d'un nouveau produit sur le marché. Quelques mois plus tard, l'ours a grandi et est échangé ou vendu à une autre structure qui cherche à développer son activité ou renforcer son attractivité."
" Chez nous, au Cerza, ils ont de l'espace, explique Dorothée Ordonneau. Nous avons beaucoup appris de la présence des deux premières ourses accueillies. Nous faisons tout pour leur bien-être, pour les stimuler car ce sont des animaux très intelligents. C'est une belle aventure. "
Et de poursuivre, "il n'y a pas de solution idéale. La disparition des ours polaires nous concernent tous et c'est aussi l'affaire de nos gouvernements. Et si nous pouvons relayer ce message avec l'accueil de ces animaux et bien, c'est pour nous très important".