Lutte contre le cancer : les perruques pour affirmer sa féminité et se soigner

Se coiffer et garder sa féminité. Martine et Sonia ont perdu des cheveux dans la bataille contre le cancer, alors elles ont opté pour la perruque. Ces soins liés à l'esthétique font partie intégrante du protocole de soins. Ou quand la perruque aide au processus de reconstruction.

En cette journée mondiale contre le cancer, Martine ne pousse pas la porte du centre Baclesse à Caen, spécialisé dans la prise en charge de cette maladie. Non, elle va à la rencontre de Priscilla, qui tient à l'abri des regards un petit salon de coiffure intimiste. Ce rendez-vous à Saint-Manvieu-Norrey fait partie intégrante des soins dits de support, qui accompagnent les opérations et traitements liés à son cancer du sein. 

Pour Martine qui vient tout juste de débuter une chimio, choisir une perruque est déjà une étape de sa reconstruction. "Je n'allais tout de même pas rester crâne nu, j'ai ma féminité! Je vais me maquiller, m'habiller : j'ai plus envie de faire envie que pitié et ça passe par les cheveux!". 

Je fais un pied de nez à la vie

Martine Chamard-Boudet, cliente-patiente au salon de coiffure Coiff Hair pro

Priscilla est en formation de socio coiffure. Elle s'active autour de sa cliente et lui présente une prothèse capillaire que Martine a déjà repérée. " Quitte à changer, je choisis un look que je n'aurais pas osé : du blond platine, avec les cheveux raides alors que je suis frisée et blonde clair... Je suis tombée sur cette perruque, je me suis sentie à l’aise et je vais l’assumer. On ne peut pas tout assumer mais il faut assumer le max", explique-t-elle.

Priscilla quant à elle ne s'est pas tournée par hasard vers la formation de socio-coiffure. "Je suis maman d’un petit garçon très malade, et on s'est pris la maladie en pleine face: pas d’accompagnement, plein de questions à poser et personne pour y répondre. Et puis j’ai eu des clientes atteintes de cancer, alors j’ai décidé de faire une formation."

Du travail, elle en a. Pour faire connaître sa profession mais aussi pour se faire connaître des patientes. "Dans le domaine de l'oncologie, ce n'est pas comme pour la coiffure classique, je ne peux pas aller chercher le client, c'est lui qui vient à ma rencontre." D'ailleurs, prendre rendez-vous dans son salon, c'est une occasion pour les patientes de sortir du milieu hospitalier de "créer un moment de cocooning". 

Tout à côté, une autre patiente accepte de se confier. Sonia en est à son cinquième cancer.  "Priscilla est à l'écoute, elle est de bon conseil et surtout ses réconforts ont été essentiels pour moi". Pour Sonia, perdre ses cheveux était "une douleur psychologique". 

Les cheveux, ça a toujours été vital, c'est la partie la plus importante de mon corps, même avant la maladie.

Sonia, cliente-patiente du salon Coiff Hair pro

 Elle précise : "Depuis mon premier cancer en 1994, les soins ont beaucoup changé. L'accompagnement à Baclesse est bon, on ne lâche plus les patientes comme ça, dans la nature. L'apparence physique est importante, on prend soin de sa peau, de ses ongles et des yeux aussi. C'est ce qui permet aussi de rester debout et d'aller de l'avant".

Lors de ses précédents traitements, Sonia avait tout fait pour ne pas perdre ses cheveux. Cela passait par des piqûres trois fois par semaine et le port d'un casque réfrigérant. "Mais j'avais oublié à quel point le casque me faisais mal, alors cette fois j'ai décidé d'arrêter de me faire souffrir. Le choix a été difficile. J'ai fait un travail sur moi, j'ai choisi une prothèse capillaire très proche de ma nature de cheveux."

Le salon de Priscilla est conventionné avec la sécurité sociale, ce qui signifie qu'une prise en charge est possible. Les clientes viennent avec une ordonnance. Les tarifs avant prise en charge varient de 350 à 700 euros. Une manière aussi de reconnaître ce type de soin comme un élément à part entière du processus de prise en charge du cancer. Et de guérison.