Mémoire, histoire et vestiges des mines de fer de Normandie : un patrimoine encore bien vivant

Qui se souvient que la Normandie a longtemps été une région minière ? Trente ans après la fin de l'exploitation du minerai de fer, il reste des friches industrielles et quelques musées que des mineurs et des passionnés mettent en valeur.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Ne vous méprenez pas si vous passez à Saint-Nicolas-des-laitiers, ou à La Trinité-des-laitiers, dans l'Orne. Les noms de ces villages ne témoignent pas d'un passé dévolu à la production de crème ou de fromages si chers à la Normandie. Non, les laitiers évoqués ici sont les impuretés (d'un blanc éclatant) que l'on trouve en surface de métaux en fusion. Pourquoi ? Parce que la Normandie a un passé minier qui a eu son importance pour l'essor économique de la région.

Il y a une centaine d'années encore, la Normandie était le second producteur national de minerai de fer avec 800 000 tonnes de production annuelle.  

La Ferrière-au-Doyen, Marnefer, La Ferronnerie, Sept Forges, sont autant de lieux et villages normands aux noms beaucoup plus évocateurs du passé minier régional. 

L'exploitation des mines et minières (exploitations superficielles) s'est éteinte avec l'arrêt de l'extraction par la Société des Mines de Soumont, en 1989, trois ans avant la fermeture de la maison mère, la SMN, Société Métallurgique de Normandie.

La mémoire vive des mineurs de Saint Germain le Vasson dans le Calvados

Sur le carreau du Livet, une poignée de mineurs entretient la mémoire des lieux. Tout est sujet à histoires et anecdotes. Une chaude ambiance de camaraderie règne encore ici. Même si le lieu paraît vide, il vit encore pleinement dans les esprits. Même l'air rappelle des souvenirs "Vous, vous ne sentez rien mais moi je sens l'odeur de poussière, d'huile chaude..." fait remarquer Gérard, lampe frontale allumée.

Quand on descendait au fond de la mine, on ne regardait pas la couleur des gens. Quand on remontait, on était tous de la même couleur, faut pas l’oublier.

Gérard Lirik, ancien mineur

Dans la salle des pendus, rien n'a changé. Des vêtements attendent encore patiemment au plafond. Mais il n'y a plus que des touristes-visiteurs pour s'en préoccuper les dimanches d'été. Eux ne descendront pas à 475 mètres sous terre, là où Gérard, Ediard et leurs copains allaient arracher le minerai il y a une quarantaine d'années. La vraie mine n'existe plus. Les 500 kilomètres de galerie ont été noyés, inondés.

ITV : Gérard Lirik, ancien mineur ; Rejane Schneider, femme d'Ediard, Harmonie, petite-fille d'Ediard Schneider

Potigny, dite "la petite Varsovie" et ses mineurs polonais

Dans la première moitié du XXe siècle, la mine de fer de Soumont-Saint-Quentin à Potigny, dans le Calvados, a massivement recruté une main d'œuvre venue de Pologne. Dans les années 1960, Potigny comptait 3 000 habitants dont 2 000 Polonais, ce qui lui a valu le surnom de "Petite Varsovie". Une petite communauté vit encore sur place. Les anciens ne sont plus là mais les fidèles - une poignée - se réunissent encore chaque dimanche dans leur chapelle, "leur" chapelle car tout le monde, mineurs, femmes, filles et fils, ont à l'époque érigé le bâtiment de leurs mains, le soir après le travail.

Dziękuję, ça veut dire merci en polonais

Adelia Morel

Aujourd'hui, ce sont les anciens et les anciennes qui parlent polonais. Les difficultés de la langue rebutent les jeunes générations. Mais l'âme polonaise est toujours bel et bien vivante.

ITV : Joséphine Koniarczyk ; Henriette Juraszek, Présidente de l'association de sauvegarde du patrimoine polonais ; Marie Hubert ; Adelia Morel ; Sébastien Kaminski ; Eugenia Kaminski

La cité minière de Saint-Clair-de-Halouze (Orne)

Dans la cité minière de Saint Clair de Halouze, toutes les maisons minières étaient identiques. Quand on ouvrait la porte, juste en face se trouvait l'escalier qui séparait la maison en deux. A l'étage, deux chambres seulement, les enfants se partageaient l'espace. L'eau était gratuite, l'électricité peu chère. Dans la rue "des familles nombreuses" on pouvait compter jusqu'à 50 enfants.

Quand il arrivait quelque chose dans une maison, tout le monde arrivait, tout le monde était solidaire les uns des autres. Et ça, ça comptait beaucoup.

Odette Simon dite "Mémère Simon"

Des travailleurs venaient du monde entier : les Taranov côtoyaient les Lopez et les Strousy. La cité était une petite société cosmopolite où tout le monde se connaissait. Ainsi, chacun savait qu'à 4h00 du matin, la grand mère Sedzky, insomniaque, coupait ses buchettes pour le feu... La vie n'était pas toujours facile, et pourtant, quand il arrivait quelque chose dans une maison, tout le monde arrivait, tout le monde était solidaire les uns des autres.

Aujourd'hui, les maisons n'ont pas bougé mais c'est la vie qui a changé.

ITV : Daniel David, enfant du pays ; Jean-Luc Champin, Maire de Saint-Clair de Halouze ; Philippe Pichereau, Association Le Savoir et le Fer ; Odette Simon Dite "Mémère Simon"

L'association "Le savoir et le fer" sauvegarde le patrimoine minier et de Dompierre et Saint Clair de Halouze

Que faire du patrimoine minier, vestiges de poutrelles métalliques rouillées, carcasses de béton ? A Dompierre et Saint-Clair-de-Halouze, l'association "Le savoir et le fer" se mobilise pour sauvegarder les vestiges envahis par la végétation. Aujourd'hui, l'esplanade des fours, site unique dans cet état de conservation, est dégagée. Deux des fours construits en 1901 à La Ferrières-aux-Etangs se dressent fièrement dans leur écrin de verdure. Ils ont servi à traiter le minerai de fer jusqu'en 1938.

Il va falloir leur inventer une deuxième vie. Chaque site a son visage propre. On peut imaginer des événements, des concerts...

Philippe Pichereau, Vice-président de l'association Le Savoir et le Fer

A Saint-Pierre-de-Halouze, dans l'Orne, le chevalement se dresse sur le site. C'est un grand intérêt pour les connaisseurs car il est encore debout, fait unique en Normandie. Mais pour les visiteurs non avertis, il faut agrémenter la découverte de témoignages dont les anciens mineurs ne sont pas avares. 

- Pourquoi il faut que ça reste debout ? - Pour garder la mémoire du puits, quoi. Ce qui s'est passé dans l'ancien temps

Louis Duvel, dit "gars Louis", ancien mineur

ITV : Thierry Olivier, Président de l'association Le Savoir et le Fer ; Louis Duvel, dit "gars Louis", ancien mineur ; Philippe Pichereau, Vice-président de l'association Le Savoir et le Fer

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information