Opération délicate ce samedi 20 février à Merville-Franceville : le Dakota C-47, ramené de Bosnie en 2007, a été acheminé pour la première fois dans un nouveau hangar. Il va ensuite faire l'objet d"une restauration.
"Il a tout fait : le Débarquement allié en Normandie, le Débarquement de Provence, le largage de muntions à Bastogne dans les Ardennes, le passage du Rhin en 45. C'est un grand vétéran qui devrait être bardé de médailles et qui aujourd'hui est simplement bardé de cicatrices." En novembre 2007, une poignée de bénévoles de Merville-Franceville partait en Bosnie pour ramener un C47 promis à la casse. Le vénérable appareil servait alors de bar aux militaires. De retour en France, les membres de l'association Dakota-Merville avaient travaillé sans relâche durant cinq mois sur l'aéroport de Carpiquet pour lui refaire une beauté. Près de 15 ans plus tard, l'avion, désomais classé monument historique, va faire l'objet d'une restauration.
Ce samedi 20 février, ils étaient près d'une centaine de personnes à participer aux manoeuvres sur le site de la batterie de Merville, des manoeuvres menées à la force des bras, avec l'aide d'un tracteur, mais aussi du cerveau pour acheminer, sans accroc sur 200 mètres ce gros oiseau de 8 tonnes vers son nouveau foyer, un vaste hangar construit tout spécialement pour lui qui a été réceptionné en novembre dernier. "Ça fait des années qu'on parlait de rentrer au chaud le Dakota", explique Sylvie Dupont, présidente du Groupement d'Intérêt Public du musée de la Batterie de Merville. "Les changements de temps et la condensation, rappelle Olivier Paz, le maire de la commune, ont abîmé l'appareil."
"On a ramené cet avion il y a 13 ans de Bosnie avec l'idée qu'il soit un témoignage sur le très long terme de l'héroïsme des troupes alliées. Il fallait qu'il soit à l'abri pour le restaurer, le préserver", indique Olivier Paz, "Il est né en 1943, on va lui refaire une jeunesse."
Le chantier dot débuter le 1er mars prochain et s''étaler sur trois mois. "Dans un premier temps, il va être décapé à l'aide de très fines particules. Ensuite, il va ya avoir un travail de carrosserie. Puis il sera repeint et restauré à l'identique. Il est classé monument historique, donc à des devoirs et des obligations par rapport à sa restauration", souligne Sylvie Dupont. Pour l'instant, le budget est estimé à 80 000 euros. "Mais je pense qu'on sera certainement plus près des 100 000, on va surement avoir quelques petites surprises."
Julien Morel, de l'entreprise euroise Morel classique carrosserie, est venu donner un coup de main ce samedi. L'occasion de faire connaissance avec le grand oiseau dont il va refaire une partie du plumage. "C'est assez exotique, nous on fait plus dans l'automobile. C'est gratifiant pour nous et en termes de travaux, c'est hors du commun comme projet." Pour ce spécialiste de la carrosserie, ce chantier présente un double défi. Le premier est d'ordre technique. "Contrairement à l'automobile, il n'y a pas vraiment de pièces très complexes, il n'y a pas de difficulté de formage", indique Julien Morel, "La seule difficulté c'est la finesse des matériaux. La plus grande partie du fuselage est constitué d'un aluminium de 5/10e d'épaisseur, c'est ultrafin, c'est du papier. Le moindre impact peu créer des bosses, des ondulations. Ça reste assez fragile, c'est minutieux."
Mais les différentes entreprises mobilisées sur ce chantier ne seront pas seules. "On a la chance d'être encadrés par les gens de l'association qui sont là en tant que support technique", explique Julien Morel, "On est aussi là pour apprendre ce que eux savent : ils ont déjà démonté l'appareil en Bosnie." L'autre défi sera de finir dans les temps : le Dakota doit avoir retrouvé une nouvelle jeunesse pour les cérémonies du mois de juin.