La mairie de Mondeville s'oppose à la venue d'Amazon

Le géant américain était sur le point d'acheter un terrain à Mondeville pour y construire un entrepôt. Mais Hélène Burgat, la maire de Mondeville, s'oppose au projet. 

Il y a encore quelques années, les élus de tous bords accueillaient Amazon les bras ouverts. Mais le géant américain du commerce en ligne est de plus en plus critiqué. Dans un rapport publié le 22 novembre et intitulé "Amazon : vers l’infini et Pôle Emploi !", Mounir Mahjoubi, ex-secrétaire d’État au numérique, affirme notamment que l’entreprise américaine "détruit plus d’emplois qu’elle n’en crée".

Hélène Burgat, maire de Mondeville

Je suis élue d'un territoire, je suis aussi là pour préserver des équilibres et défendre le territoire sur lequel il y a un centre commercial régional

 

Ainsi, si Amazon et ses vendeurs tiers ont créé 12 337 emplois CDI en France, 20 239 auraient été détruits dans le commerce physique. C'est l'un des arguments de la maire de Mondeville, Hélène Burgat, qui fustige également l'évasion fiscale pratiquée par la multinationale.
 

 À Mondeville, la promesse est de 150 emplois nets créés : combien de centaines seraient détruits sur le territoire ?

 

"En termes d’impôt, premier levier de la solidarité : L’essentiel du chiffre d’affaires d’Amazon réalisé en France serait dissimulé. Ses bénéfices seraient très largement sous-estimés, grâce à un système d’optimisation /évasion fiscale via le Luxembourg. En échappant à l’impôt, non seulement AMAZON ne prend pas sa part de la solidarité, mais elle pratique également une concurrence déloyale qui pèse sur tout le secteur de la vente en ligne et sur le commerce physique."
 

Amazon fait valoir la création d'emplois


Pays stratégique, la France assure 11 % du chiffre d’affaires réalisé par Amazon sur le plan international.
 

21,5 millions de Français majeurs auraient acheté au moins un produit sur la marketplace d’Amazon l’an passé. 

 
 
"Entre 2013 et 2016, il y a eu une création de 100 000 emplois dans le commerce en France", explique Ronan Bolé, directeur Amazon France Logistics, "(cela concerne) le commerce digital et le commerce physique traditionnel. Tout ce que je peux vous dire c'est que nous, on est très satisfaits d'avoir participé à ses créations d'emploi puisque sur la même période on a créé à peu près 4 000 CDI"
 

À Mondeville, Amazon a avancé masqué pour boucler son affaire en confiant l'achat d'un terrain à un aménageur. Problème : le spécialiste du e-commerce voulait faire construire une route pour rejoindre son futur entrepôt. La maire Hélène Burgat a voulu en savoir plus sur le client de l'aménageur pour donner éventuellement son feu vert sur le projet : quand elle a enfin su qu'il s'agissait d'Amazon, elle a changé d'avis. 
 
 

"Hélène Burgat a le mérite d'ouvrir le débat sur le problème des plateformes logistiques"

Les commerçants de proximité, et notamment ceux de Caen, saluent les arguments de la maire de Mondeville. La présidente des vitrines de Caen, Sylvie Orcier pense qu'Amazon fait plus concurrence aux grandes franchises et à la grande distribution, qu'aux commerçants de proximité situés en centre-ville.

"Il n'empêche, la maire de Mondeville a raison de mettre en lumière le gros problème des plateformes logistiques. On aurait aimé avoir quelqu'un comme elle du temps d'Inter Ikea. Il faut vraiment que les élus s'emparent de la question de ces plateformes qui avancent masquées."

 

 

Ce sont des surfaces commerciales déguisées. Nous n'avons pas les mêmes règles, notamment en termes de fiscalité


"Mondeville possède encore près de 10% de surface commerciale à construire, soit environ 45 000 m2. On peut imaginer qu'une mairie préférerait y voir s'installer une surface commerciale, plutôt qu'une plateforme logistique. Cela ne génère pas les mêmes revenus", explique Sylvie Orcier.
 

"Juridiquement, nous n’avons que peu de marges de manœuvre"


Mais juridiquement la mairie peut difficilement contrer la venue d'Amazon. C'est une surface privée, avec des investissements privés. Peu de recours existent pour stopper la vente du terrain, qui pourrait se vendre au double du prix au mètre carré pratiqué à Mondeville.

Face à la volte-face politique, Amazon dit prendre un temps de réflexion pour savoir si le projet de construction d'un entrepôt de 10 000 mètres carré sera mené à son terme. 
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