Municipales : Mondeville, commune de gauche...divisée

Hélène Burgat, maire sortante de Mondeville, est candidate à un troisième mandat. De sensibilité de gauche, comme sa commune, elle ne fait pas pour autant cette fois-ci l'unanimité dans son camp politique. Une division qu'observe avec intérêt le Rassemblement national.

A tout juste 40 ans, Hélène Burgat peut déjà se prévaloir d'une longue carrière politique au niveau local. Conseillère municipale à Mondeville dès 2001, elle est élue maire en 2008 à seulement 29 ans. Elle achève aujourd'hui son deuxième mandat, un mandat décroché dés le premier tour en 2014 face à deux listes adverses.

Mais au moment d'en briguer un troisième, l'ex-socialiste joue la carte de l'humilité. "On n'a pas pu tout faire, peut-être que certaines choses on ne les a pas poussées suffisamment loin, on n'a peut-être pas bien fait", explique la tête de liste (sans étiquette) de "Mondeville unie", "Je n'attends pas des compliments, j'attends qu'on oriente ce que l'on met en place et qu'on nous dise : là faut aller plus loin, ça ça ne sert à rien. La ville bouge, change, on est à la fois dans la continuité et dans un ajustement permanent."
 

 

"Quand j'ai commencé, c'était beaucoup plus facile"

Selon la maire sortante, repartie en campagne, les Mondevillais sont plus préoccupés par le quotidien que par les grands projets. "Ces dernières années, les questions financières intéressent beaucoup les habitants, ils sont très attentifs à ça. C'est bien normal, c'est leur argent", ajoute Hélène Burgat. Des questions qui préoccupent aussi la première magistrate de la commune. "Quand j'ai commencé c'était beaucoup plus facile d'être maire de Mondeville. Je n'avais quasiment pas d'arbitrage à faire, toutes les associations étaient augmentées, on ne se posait pas vraiment de question. Aujourd'hui, quand on fait un budget, on voit tous les services et on doit faire des arbitrages."

Car en quelques années, l'Etat a supprimé ses dotations au nom de la solidarité nationale. La commune de 9000 habitants, qui a longtemps bénéficié d'importantes recettes fiscales (zones commerciales et usines) et ainsi pu financer plusieurs équipements, voit aujourd'hui son budget amputé d'un million et demi d'euros chaque année.  "Cet argent là (ndlr: rendu par Mondeville) ne sert pas du tout à rééquilibrer les budgets des autres collectivités mais sert à équilibrer le fait que l'ISF a été supprimé, que l'impôt sur les sociétés a été amoindri, tous ceux qui doivent payer et participer à l'effort collectif sont de plus en plus épargnés par ce gouvernement", s'insurge l'adjoint au finance de la commune, le communiste Joël Jeanne. Et de rappeler que "sur le plan de la richesse fiscale par habitant, nous sommes dans les cinq dernières villes de l'agglomération."


"On ne peut pas se dire de gauche et soutenir les politiques d'austérité"

Si Joël Jeanne était en 2014 sur la liste d'Hélène Burgat, cette année il mènera lui-même une liste divers gauche intitulée "Mondeville ensemble". L'adjoint au finance ne digère pas le soutien du maire de Mondeville "à Emmanuel Macron puis au juge Halphen (ndlr : aux législatives)" en 2017. "On ne peut pas aujourd'hui soutenir Emmanuel Macron et considérer qu'on va améliorer le sort des habitants qui sont fragilisés par les politiques du gouvernement. On ne peut pas d'un côté se dire de gauche et soutenir toutes les politiques d'austérité qui sont menées aujourd'hui et leur passage en force. Nous, dans notre mandat, nous tenons à être aux côtés des salariés qui sont mobilisés pour défendre les services publics, c'est à dire le patrimoine de ceux qui n'on rien."

Déjà candidat en 2014, alors qu'il était adhérent au Modem, Jérôme Hommais, désormais PRG, se lance lui aussi dans la campagne à gauche en s'associant aux écologistes. "Le bilan est affligeant en matière de développement durable. En matière de transition écologique, je n'en parle même pas. On fait quelques opérations de green-washing à droite à gauche mais on n'est pas du tout dans une logique de transition. Par exemple, combien de mètres de piste cyclable a-ton créé pendant ces deux derniers mandats ? Zéro.", déclare la tête de liste "Tous Mondevillais".
 
 

"Un urbanisme d'opportunité"

Le candidat n'est guère plus enthousiaste quand il évoque le bilan de la municipalité actuelle en matière d'aménagement. "On a pu le constater, à travers le vote du plan local d'urbanisme ou les différents projets que la municipalité a présentés, on a une accumulation de constructions sur un tout petit territoire, le centre-ville, alors qu'on a besoin d'un peu d'air et d'équipements publics, de lieux de rassemblement, de stationnement." Et de fustiger "un urbanisme d'opportunité : quand il y a un terrain disponible, on le construit. Les Mondevillais veulent vivre dans un village urbain contrairement à d'autres villes, plus hautes, plus bétonnées, plus construites."

Finalement, c'est de l'autre côté de l'échiquier politique qu'on dresse le bilan le plus élogieux des mandatures Burgat. "La maire actuelle a fait son job, elle a essayé de le faire du mieux qu'elle pouvait. Elle a apporté beaucoup à la ville au niveau social, c'est certain. Elle a aussi embelli certains quartiers", déclare Chantal Henry, candidate pour le  Rassemblement National, avant de réfuter tout soutien de sa part à Hélène Burgat. 
 
 

"Je préfère qu'Amazon s'installe à Mondeville plutôt qu'à Giberville"

Jamais encore le Rassemblement National n'avait présenté de liste à Mondeville. Le parti de Marine Le Pen, qui a obtenu 25 % des voix aux européennes, espère tirer profit de ce climat. "Elle (ndlr : Hélène Burgat) s'est associée avec des gens qui lui ont mis un peu des batons dans les roues par la suite. Ils se disputent tous. C'est bien le problème de rallier des personnes de plusieurs étiquettes pour monter une liste", estime la candidate du RN, qui souligne ses désaccords avec la maire actuelle, notamment sur le dossier Amazon. "Je préfère qu'Amazon s'installe à Mondeville plutôt qu'à Giberville (....) On doit d'abord, avant tout, penser aux Mondevillais et être à leur écoute et peut-être de temps en temps faire un peu fi du reste parce qu'il y a un taux de chômage important." Et faire fi de sa propre formation politique, qui, au niveau national, ne cesse de condamner les grands groupes.
 
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