La nuit du 29 au 30 juin 2023 a une nouvelle fois été marquée par des dégradations et des violences en Normandie, quelques jours après la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre. La situation était particulièrement tendue à Caen, Flers et en Seine-Maritime.
Dégradations de bâtiments ou de mobiliers urbains, échauffourées, incendies volontaires : la nuit du 29 au 30 juin 2023 a été agitée pour les forces de l'ordre et les sapeurs-pompiers en Normandie.
De nouvelles violences ont éclaté dans plusieurs villes de la région, en réaction à la mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre le 27 juin.
Dans le Calvados, le quartier de la Guérinière à Caen et Hérouville-Saint-Clair ont été le théâtre de nouveaux incendies de véhicules. Des vidéos sur les réseaux sociaux montrent également des tirs de mortiers, des feux de voitures et des affrontements dans le quartier de la Grace de Dieu à Caen, preuve d'une colère montante qui s'étend à d'autres zones de la ville.
Au magasin Aldi situé rue du chemin vert à Caen, une vitrine a été cassée et de la marchandise était étalée sur le sol encore ce vendredi matin. Dans la même zone, la façade de la banque Caisse d'Epargne a été brûlée. Deux bonbonnes de gaz, qui n'ont pas explosé, ont été retrouvées devant le bâtiment.
A Hérouville-Saint-Clair, une salle polyvalente a été saccagée. La préfecture du Calvados indique que neuf personnes ont été interpellées dans le département après les incidents.
Incendies et engin de chantier volé dans l'Orne
Des incidents sont également survenus dans l'Orne, malgré "l'interdiction de transport et d'utilisation de produits inflammables ou de feux d’artifice" prise par le Préfet la veille pour éviter les troubles à l’ordre public.
Les plus gros débordements se sont concentrés à Flers, Alençon et L'Aigle.
Trois véhicules ont été incendiés à Alençon. Un individu a été interpellé dans le quartier de Perseigne pour des jets de projectile sur les forces de police indique la préfecture.
Treize départs de feu de poubelles ainsi que des incendies de deux voitures et d'un bâtiment désaffecté ont été recensés à L'Aigle.
Dans le quartier Saint-Michel à Flers, un engin de chantier a été subtilisé dans le but de voler un distributeur de billets. Deux policiers ont été blessés par des tirs de mortiers.
Pillages et interpellations en Seine-Maritime
La tension n'est pas redescendue non plus en Seine-Maritime et dans l'Eure.
À Rouen, les scènes déjà observées les soirées précédentes se sont répétées : tirs de mortiers, incendies volontaires de poubelles et voitures.
Des pillages ont été orchestrés durant la nuit à Rouen, Soteville, Le Petit-Quevilly, Saint-Etienne-du-Rouvray et Maromme comme le relatent nos confrères de France Bleu Normandie.
Plusieurs locaux abritant des services publics comme des mairies, bureaux de poste et bureau de police ont été attaqués et gravement endommagés en Seine-Maritime indique la Préfecture dans un communiqué.
À Bihorel près de Rouen, le centre commercial Kennedy du quartier des sapins a été ravagé par les flammes.
Selon un premier bilan, quatre personnes ont été blessées dans le département cette nuit : un policier visé par des tirs de mortier, un homme brûlé aux mains en essayant d'éteindre un incendie sur son balcon, une personne intoxiquée par les fumées ainsi qu'un homme blessé en tombant du toit d'un magasin alimentaire lors d'un pillage.
Près de 200 policiers et gendarmes ainsi que 185 sapeurs-pompiers ont été mobilisés cette nuit. 17 personnes ont été interpellées pour actes de violence en Seine-Maritime.
Au Havre, en raison des incidents nocturnes, le trafic des tramways est interrompu "jusqu'à nouvel ordre. Un service de bus de substitution a été mis en place" détaille LiA, le réseau de transport de Le Havre Seine Métropole.
Une nouvelle cellule de crise
Au niveau national, le Ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que 667 interpellations ont été réalisées dans la nuit.
Le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé qu'il présiderait une nouvelle cellule de crise ce vendredi 30 juin à 13h à Paris, pour la deuxième fois en deux jours.
Le policier auteur du tir mortel à bout portant à l'encontre du jeune Nahel, 17 ans, a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire.