Ne cherchez pas un personnage au look d'Indiana Jones, mais plutôt un blouson du BTP. En Normandie de nombreux archéologues sondent les sous-sols. Après la reconnaissance internationale d'un site préhistorique dans le Cotentin, rencontre avec un archéologue de la seconde Guerre Mondiale.
C'était à peine imaginable, aux début des années 2000. Mais c'est désormais une réalité, les archéologues du départements du Calvados travaillent maintenant sur des sites de la seconde Guerre Mondiale.
La Normandie déjà reconnue mondialement pour sa contribution aux recherches sur la préhistoire ( avec un site dans le cotentin qui vient d'être validé par la communauté scientifique mondiale) va tout naturellement devenir une terre de recherche "seconde Guerre Mondiale".
"On a changé d'époque. Le sol normand ne nous parlera plus uniquement d'histoire médiévale ou préhistorique. Nous avons créée une mission seconde Guerre Mondiale tout récemment au service d'archéologie préventive du Calvados", précise Jean-Yves Lelièvre qui en a pris les rennes après des années de travail sur l'époque Gallo-romaine, dans le sol de Vieux-la-Romaine, entre autres.
Parmi mes plus beaux souvenirs, il y a la Nécropole de Lisieux dans le centre-ville. Elle date du haut moyen-âge sur une période allant du IVème au IX ème siècle. Les recherches ont été passionnantes Quelle émotion de sentir des squelettes entourés de céramiques, d'armes et de bijoux, sous nos mains. Et de les sortir au grand jour ! (Jean-Yves Lelièvre a commencé en 1991 ses premières fouilles dans le Calvados)
Par tous les temps, soleil ou pluie battante, ils sont 7 à sonder les sols quand se dessine le projet d'une construction importante (bâtiment public,carrières, terrassements, routes et voies ferrées ) dans le Calvados. C'est ce qu'on appelle l'archélogie préventive qui a pour but de faire des diagnostique sur 10 à 20% de la surface qui sera construite.
L’archéologie préventive a pour objectif d’assurer, sur terre et sous les eaux, la détection et l’étude scientifique des vestiges susceptibles d’être détruits par des travaux liés à l’aménagement du territoire. ( L'INRAP, Institut National des archéologies préventives)
Longues-sur-Mer (14) "sondé" en ce moment
Un chantier de plusieurs semaines vient de commencer sur le site de la Batterie allemande de Longues-sur-Mer construite en 1943, en vue de surveiller le littoral. Un parking, et de nouvelles installations doivent être bâtis pour mieux accueillir le public. Le département, sous l'égide du ministère de la culture, vient donc sonder le sol, avant.
"On restera tant qu'il y 'aura du travail ici", précise Jean-Yves Lelièvre. Pour le moment, les ruines des tranchées allemande ont été retracées.
"On voit très bien deux couleurs dans le sol après l'avoir gratté. En retraçant ces tranchées, on voit par exemple qu'elles contenaient des angles. Une nouveauté par rapport à la première guerre."
Ils vont donc continuer de fouiller. Il y a peut-être des munitions ou des choses "parlantes " qui ont été enterrées lors du départ des 188 allemands qui étaient stationnés dans ce petit hameau près des falaises, à deux pas d'Arromanches et de Port-en-Bessin.
Tout ce qu'ils trouveront ici ou ailleurs sont autant d'informations sur l'histoire des combats, les moyens militaires de l'époque, etc, qui serviront aux historiens de la seconde Guerre-Mondiale.
Archéologue : On peut se former à la faculté
Dans l'équipe, Johanne Lauhidon est la petite dernière. Son cursus est celui de la voie royale, aujourd'hui. "Il y a des facs prestigieuses comme la Sorbonne à Paris, évidemment. Mais il faut savoir qu'à l'université de Caen on peut préparer une licence d'histoire option archéo, suivi d'un master d'archéologie. A Rennes, l'archéo est associé à l'histoire de l'Art, c'est une autre approche."
Mais le plus important reste les stages "obligatoires" l'été, au moins 3 semaines, tout le long du parcours universitaire. Des stages découvertes qui deviennent vite "professionalisant" pour les étudiants qui sont dans le concret.
S'initier ou se faire plaisir sur des chantiers bénévoles l'été
Chaque année au mois de juin, le ministère de la culture propose des stages sur tous les chantiers français ouverts à tous les plus de 18 ans (seule obligation avoir ses vaccins à jour).
"Si les conditions d’admissions sont variables d’un site à l’autre, une motivation sérieuse et une bonne condition physique sont nécessaires dans tous les cas. Un contrôle récent de la vaccination antitétanique est un préalable obligatoire à toute candidature", explique le ministère.
La DRAC relaie pour les chantiers dans chaque région.