La ligne de ferry entre Caen et Portsmouth, en Angleterre, fête ses 30 ans. Le pari du visionnaire Alexis Gourvennec, lancé en 1986, s'est mué en fleuron de la Brittany Ferries. Mais l'avenir sera compliqué avec le Brexit et les forts investissements de la concurrence dans le Pas-de-Calais.
Ouistreham-Portsmouth, la ligne phare de la Brittany
La belle saison commence et les deux navires opérant sur la ligne de la Brittany Ferries entre Ouistreham et Portsmouth feront régulièrement le plein de passagers durant tout l'été. Pour la compagnie bretonne, la desserte au départ de Ouistreham (avec 1 million de passagers et 110.000 poids lourds par an) constitue une véritable pépite. "C'est la ligne la plus importante en volume, celle la plus protectrice pour l'avenir social et économique de l'entreprise. Mais c'est aussi la ligne la plus en compétition du marché" nous expliquait Jean-Marc Roué, Président de la Britanny FerriesUne audace récompensée
La traversée inaugurale du Duc de Normandie, en 1986, laissait quelques observateurs sceptiques. C'est au fondateur de la Brittany, Alexis Gourvennec, que l'on doit cette audace. Il avait alors la conviction, malgré les réticences ambiantes, que la nouvelle ligne normande portait en elle les gènes du succès. Un succès corroboré par le 10ème puis le 20 ème anniversaire de la ligne. Cette réussite est aussi consolidée par des investissements continus, tels que la mise en chantier de navires modernes (comme le Normandie lancé en 1992, puis le Mont St Michel en 2003) et la construction d'une deuxième passerelle à Ouistreham en 1992, permettant trois aller-retour quotidiens.Des adaptations à prévoir pour l'avenir de la ligne
Le terminal devra encore savoir s'adapter. A l'échelle du port de Caen, le transManche représente à lui seul 80% de l'activité. "Il devra évoluer dans tous les cas compte-tenu de l'évolution de la taille des navires. Nous avons encore la capacité à faire évoluer ce terminal pour accueillir des navires plus gros, plus grands et plus profonds" affirme Philippe Deis, Directeur général des Ports Normands Associés.Plus gros, plus grand et plus profond, le remplaçant du Normandie le sera vraisemblablement. Les dirigeants de la compagnie y réfléchissent déjà. Mais à court terme, leur crainte, c'est de voir la Grande-Bretagne quitter l'Europe.La dévalorisation de la livre qui s'en suivrait annoncerait de grosses difficultés financières pour la Brittany.