Malgré un chiffre d'affaire fortement impacté par la crise sanitaire, la compagnie de transports maritimes bretonne vient de commander deux nouveaux navires, présentés comme plus respectueux de la planète.
On peut boire la tasse tout en se projetant dans l'avenir. La Brittany Ferries traverse la plus grosse tempête de son histoire avec le Brexit, la Covid et l'effondrement de la Livre Sterling. "140 millions d'euros de pertes pour 2020 puis 80 pour 2021, ça fait 220 millions et il faut ajouter 115 millions de manque à gagner depuis 4 ans avec la chute de la livre sterling". En avril dernier, Jean-Marc Roué, le président de la compagnie bretonne nous livrait en quelques chiffres un tableau plutôt sombre de la situation financière de l'entreprise.
Pour faire face à l'effondrement de son activité, la Brittany Ferries a souscrit un PGE (Prêt Garanti par l'État). Elle a aussi emprunté aux collectivités locales. Et espère un soutien supplémentaire des pouvoirs publics. Tout en continuant à investir dans l'avenir. L'entreprise avait déjà commencé à moderniser sa flotte avant la crise. Le Galicia, propulsé au gaz, a ainsi faite escale pour la première fois à Cherbourg le 28 juin dernier. Ce mardi 20 juillet la Brittany Ferries annonce une nouvelle commande à 220 millions d'euros.
Gaz et électricité
Les deux navires seront fabriqués en Chine, pour une question de "délai", et assureront le transport
des lignes Saint Malo/Portsmouth et Caen-Ouistreham/Portsmouth en 2024 et 2025, en remplacement des navires Bretagne et Normandie, entrés dans la flotte il y a 32 et 30 ans. Ils seront propulsés au GNL (gaz naturel liquéfié) et équipés de batteries électriques. Cette solution hybride qualifiée d' "optimisé" constitue une première pour la Brittany.
Elle doit permettre à terme d'atteindre une réduction totale de la consommation d'énergie et des émissions de gaz à effet de serre de 10 et 20%, précise la compagnie, une performance qui est "appelée à progresser au fur et à mesure de l'installation des prises de courant à quai dans les ports permettant le rechargement des batteries par un courant de terre".
Plus de passagers et plus de véhicules
Le remplaçant du Bretagne (qui assure la liaison Saint-Malo / Portsmouth) mesurera 194,7 m, soit 43,5 m de plus que son prédécesseur, pour une vitesse moyenne possible de 23 noeuds, tout comme le remplaçant du Normandie. Sa capacité sera de 50.000 passagers annuels supplémentaires et génèrera 8,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en plus par an. Le remplaçant du Normandie (Ouistreham - Portsmouth), lui, pourra accueillir 15.000 passagers et 5.000 véhicules industriels supplémentaires par an, soit 3,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en plus attendu.
"Ces deux unités rejoindront deux autres nouveaux navires propulsés au GNL, le Salamanca et le Santoña, dont l'arrivée est prévue respectivement en 2022 et 2022 pour opérer sur les lignes reliant le Royaume-Uni à l'Espagne", précise la compagnie bretonne dans un communiqué.