A Saint-Arnoult, dans le Calvados, les écuries de Lisors proposent une solution d'hébergement la plus proche possible du mode de vie naturel des chevaux. Ce concept, l'écurie active, vient d'Allemagne et commence à se développer en France.
Les bienfaits de la vie au grand air n'ont jamais été autant vantés qu'en cette période de pandémie et de confinement. Ce besoin n'a sans doute jamais été autant ressenti par les humains alors, qu'en ces circonstances exceptionnelles, ils étaient privés de leurs libertés, quasi emmurés vivants dans leur logement. Ce quotidien n'a pourtant rien d'extraordinaire pour nombre d'êtres vivants sur la planète. Et les défenseurs du bien-être animal de le rappeler en luttant notamment contre les élevages en batterie.
A Saint-Arnoult, près de Deauville, les écuries de Lisors hébergent des chevaux depuis une trentaine d'années. Elles proposent des box traditionnels mais depuis quelques années, en parallèle, elle permet à ses pensionnaires de vivre au grand air. Irpa est l'une d'entre elles. Et sa propriétaire, Louise Lhermitte, n'imagine plus un autre mode d'hébergement. "Pour les gens, c'est normal d'avoir un cheval qui vit tout seul dans un box et qui n'a pas de contacts sociaux. C'est comme un mec qui vit en prison, en fait. Je ne conçois plus de voir des chevaux à l'isolement", déclare cette amoureuse des chevaux.
Un concept venu d'Allemagne
En Normandie, terre de cheval par excellence, on ne recense que cinq écuries de ce type. En France, une vingtaine de sites pratiquent ce mode d'hébergement baptisé "écurie active". Le concept a été élaboré il y a une quinzaine d'années par un ingénieur allemand. Selon nos confrères de France Bleu, 400 écuries actives seraient aujourd'hui en activité outre-rhin et il s'en ouvrirait plus que d'écuries traditionnelles chaque année.
Le concept d'écurie active ne se résume pas à la vie au grand air. Il entend reproduire au plus près le mode de vie naturel des chevaux, à commencer par l'alimentation. Et ce même si ça passe par des technologies modernes avec un distributeur de foin et de graines ainsi qu'une puce informatique implantée sur chaque animal qui permet de rationner et de fractionner les repas.
Service à toute heure
"Un cheval c'est fait pour manger 16 heures par jour. Il doit avoir accès à du fourrage 16 heures par jour. Un cheval qui est à jeun pendant une heure, il commence à être en inconfort. S'il est à jeun pendant trois heures, il est en souffrance", souligne Pascal Frotiée des écuries de Lisors, "C'est pour ça qu'on voit les chevaux qui tapent dans les portes des box. Avec ce système là, les chevaux ont accès à l'alimentation quand ils en éprouvent le besoin."
Un self-service pour chevaux, en somme, mais sans la cohue de certains établissements réservés aux humains. "Ils attendent pour manger et ça se passe dans le calme. Il n'y a pas d'impatience. Ils savent qu'ils vont avoir le droit de manger quand leur camarade aura fini."
Car les promoteurs de l'écurie active l'assurent : tout est pensé pour favoriser le bien-être de l'animal. "Moi j'ai des chevaux qui sont arrivés ici en pension qui étaient agressifs vis à vis de l'homme, vis à vis des autres chevaux", raconte Pascal Frotiée, "Et puis le fait d'avoir de nouveau accès au contact social, d'avoir accès à l'alimentation, au déplacement, ce sont des chevaux qui sont redevenus zen." Les écuries de Lisors hébergent aujourd'hui une cinquantaine de chevaux "en liberté".