PORTRAIT. Découvrez le savoir ancestral de ce chapelier : "J’apprends encore de mon métier"

Ils sont artisans, passionnés et perpétuent un savoir-faire en voie de disparition. Après avoir travaillé pour les grandes maisons de couture parisiennes, Frédéric Sécheux a ouvert une boutique à Honfleur il y a un an. Il y exerce comme chapelier et y transmet son savoir-faire.

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Des gestes rapides et précis : voilà plus de quarante ans que Frédéric Sécheux apprête des feutres pour les transformer en chapeau. Un savoir-faire qu’il a appris à la Maison Michel, dans la capitale. "Tous les couturiers du monde faisaient faire leurs chapeaux chez Michel, se souvient-il avec fierté. J’y ai rencontré plein de gens comme Daniel Masson, modiste très connu sur Paris."

"La première semaine, je n'avais plus de peau !"

Frédéric se souvient de la rigueur avec laquelle il a été accueilli. " Pendant huit jours, j’étais debout dans l’atelier et je n’avais le droit de toucher à rien. Après ça, j’ai eu le droit de mettre les feutres en vapeur. La première semaine je n’avais plus de peau ! Je mettais de la Biafine, je mettais une bande, puis je dormais les mains en l’air", se remémore-t-il, presque amusé.

Frédéric fait ses preuves et se fait accepter. Mieux, adopter. À la mort de Daniel Masson, il hérite de son stock. Une aubaine tant la matière première est onéreuse et rare. D’autant que les usines ont disparu peu à peu. "La fabrique de feutre poil, c’était une spécialité française, on était les meilleurs. Aujourd’hui ils viennent du Portugal, de Tchécoslovaquie ou encore la Chine, mais c’est pas la même qualité", se désole l’artisan.

Certaines matières ne se trouvent plus du tout comme le sisal tissé ou le Buntal : "c’était les femmes qui faisaient ça à Bali ou Jakarta, on n’en trouve plus, c’est fini", se désespère Frédéric, "maintenant on veut aller vite c’est un business, on veut gagner de l’argent, on perd le métier".

Résister avec la transmission

Frédéric l’a bien compris, pour sauver le savoir-faire qu’il est l’un des derniers à maîtriser, il faut penser à la relève. Le maître chapelier forme Alexandre Coglitore depuis quelques mois. Après des études d’art et un CAP de chapelier modiste, le jeune homme rejoint l’atelier de Frédéric Sécheux pour se perfectionner. "Je fais ce métier parce que j’aime ça mais c’est pour le patrimoine de la France aussi, confie-t-il. Il faut que nous, jeunes, nous le promouvions".

Ce jour-là, il s’affaire à l’apprêtage du feutre. "C’est le fait de mettre un liquide à base de gomme arabique avec de l’eau pour donner une dureté au chapeau", explique Alexandre. Frédéric est derrière chaque geste, et veille à l’uniformité de cette étape, "pour que l'on ne se retrouve pas avec un chapeau avec une partie un peu molle et une autre partie plus dure", précise-t-il.

Une fois le feutre apprêté, il passe en vapeur pour lui donner de la souplesse. "Le principe, c’est que le feutre glisse sur le bois, on ne doit jamais le mettre en force, ça, c’est la base", livre le maître chapelier.

Chapelier au présent et au futur

La plupart des chapeaux fabriqués par Frédéric sont vendus dans une boutique parisienne. Mais il garde quelques modèles pour le magasin qu’il possède à Honfleur.

L'artisan transmet son savoir-faire mais n’entend pas raccrocher ses chapeaux pour autant. Il confie : "J’apprends encore de mon métier et tant que j’aurais encore la foi, je continuerai, pas au même rythme, mais je continuerai".

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