Ils sont artisans, passionnés et perpétuent un savoir-faire en voie de disparition. Bruno Hurpy restaure les pianos de la région ébroïcienne depuis 25 ans. Un métier passion qui exige parfois plusieurs centaines d’heure de travail pour un seul instrument.
Ce mercredi d’automne, Burno Hurpy s’affaire au ponçage des têtes de marteau d’un piano Gaveau de 1911. La touche finale après plus de trois cents heures de travail pour restaurer l’instrument, réduit au silence pendant plus de trente ans. "Chaque marteau doit avoir la même surface de frappe sur les cordes", renseigne-t-il.
Démonter, nettoyer, et souvent dénicher pour remplacer… des pièces trop usées... "Il y en a entre cinquante-deux et cinquante-cinq par mouvement mécanique, multiplié par quatre-vingt-cinq notes sur le piano, ça fait un certain nombre de petites pièces à remplacer", s’amuse-t-il. Effectivement... des marteaux, des mortaises, des contre-attrapes… Plus de 4500 pièces au total !
Les pianos anciens ont vraiment un supplément d’âme
Bruno Hurpy, accordeur restaurateur de pianos
Difficile de laisser partir ces instruments après les avoir bichonnés si longtemps. "Plusieurs pianistes les ont joués, on peut imaginer tout un tas d’histoires, les pianos anciens ont vraiment un supplément d’âme", confie Bruno.
Les instruments restaurés sont exposés pour la vente dans la boutique de Bruno et de son épouse Caroline. C’est la dernière enseigne spécialisée de l’agglomération d’Evreux.
Parmi les guitares et autres batteries, les pianos d’exception se démarquent… Un piano droit de la marque française Klein a notamment fait le bonheur de l’artiste Julien Doré il y a quelques années, venu en personne pour essayer et récupérer l’instrument.
Et si amour rimait avec toujours ?
Parfois, l’histoire de cœur se poursuit avec l’entretien des instruments que l’artisan a laissé partir. Tous les ans, Bruno se rend chez une cliente à qui il a vendu un piano de grande marque. Car même fraîchement restauré ou flambant neuf, un piano doit être accordé chaque année.
"Un bois ça vit, ça va subir des différences avec les écarts de températures qui sont inévitables", explique sa cliente, Elisabeth Clérembaux. "Les bois se dilatent constamment donc les chevilles qui tiennent les cordes ont tendance à se déplacer un petit peu donc il faut réajuster tout ça", complète Bruno l’accordeur.
Un bon instrument de musique c’est comme le bon vin, ça se bonifie avec le temps.
Bruno Hurpy, accordeur restaurateur de pianos
Elisabeth est pianiste et professeur de musique à quelques kilomètres de l’atelier-boutique de Bruno et Caroline. Une chance pour le passionné, de continuer à fréquenter ce piano Evrard. "On tombe amoureux d’un instrument, en fait. C’est une joie de le retrouver tous les ans et de voir comment il évolue parce qu’un bon instrument de musique c’est comme le bon vin, ça se bonifie avec le temps".
Du travail de l’accordeur dépend l’espérance de vie du piano. Entretenu régulièrement, l’instrument continuera de résonner pendant encore des dizaines d’années.