Pourquoi ce luxueux domaine touristique pourrait être complètement détruit

Un complexe hôtelier de luxe, cofinancé par l'entrepreneur et vedette de TikTok Oussama Ammar à Ablon, dans le Calvados, pourrait être détruit intégralement. Les élus locaux dénoncent de multiples violations des règles d'urbanisme.

Sur le bord d'une route calme du village d'Ablon, à la lisière du Calvados et de l'Eure, un lieu bucolique se dresse à l'abri des regards. C'est un hameau de maisons normandes, caché au bout d'une allée discrète de cette commune de 1 200 habitants.

Un domaine luxueux qui pourrait être rayé de la carte

Le "Domaine d'Ablon" est un complexe hôtelier de luxe ouvert en 2015. Un colombier, plusieurs chaumières, des jardins et même un manoir se partagent le terrain de cinq hectares. Les maisons à colombages côtoient terrasses végétalisées, jardins et potagers.

Mais ce lieu idyllique pourrait bientôt être rayé de la carte, ses propriétaires étant accusés de l'avoir bâti illégalement. En cause, les infractions aux règles d'urbanisme commises lors de la construction des différents pavillons et espaces. 

Six suites hôtelières luxueuses 

Le tout est luxueusement aménagé. Les six suites hôtelières qu'abrite le lieu se louent à partir de 450 euros par jour, pour la plus petite, et jusqu'à 5 000 euros la journée, pour le manoir de 550 mètres carrés.

Le gestionnaire du lieu, l'entrepreneur Christophe Delaune, aime le décrire comme "hors du temps". En 2019, l'entrepreneur et vedette des réseaux sociaux Oussama Ammar, rendu célèbre pour avoir fondé l'incubateur de start-up The Family, est tombé sous le charme du Domaine d'Ablon. Il décide alors d'en prendre 25% des parts et ainsi de devenir son deuxième plus gros investisseur, après Christophe Delaune lui-même.

Une destruction prochaine ?

En érigeant le domaine tambour battant depuis 2010, bâtisse après bâtisse, les propriétaires des lieux ont en effet oublié de s'assurer d'avoir obtenu les permis de construire de rigueur. Ils sont aujourd'hui rattrapés par une procédure lancée par la communauté de communes locale, celle du Pays de Honfleur-Beuzeville. Cette dernière les a mis en demeure de détruire intégralement leur domaine et de remettre le terrain dans l'état dans lequel il se trouvait avant le début des chantiers. "Un simple pré à vaches", de l'aveu même de Christophe Delaune, dans une interview donnée à La Maison France 5.

Les seules autorisations d'urbanisme obtenues par Christophe Delaune concernent l'agrandissement d'une grange, présente sur le terrain avant le début des chantiers. Or, c'est bien tout un hameau de luxe, avec ses jardins et ses équipements, qui a été construit sur la base de ces simples demandes d'extensions, remontant à 2012.

"On ne peut pas se permettre de fermer les yeux"

La communauté de communes affirme que Christophe Delaune a bien reconnu le caractère illégal de ces constructions. Reste que les élus n'apprécient pas d'être mis devant le fait accompli de la construction, sur leur territoire, d'un grand complexe hôtelier, sans respect des règlements.

"Personne ne peut contester que c'est un très beau domaine. Mais c'est un hébergement qui ne correspond pas à des obligations de sécurité, on ne fait qu'appliquer les règles", se justifie auprès de France 3 Normandie Sylvain Naviaux, le vice-président de la communauté de communes, en charge de l'urbanisme. "En tant qu'autorité compétence, on ne peut pas se permettre de fermer les yeux", ajoute-t-il.

Facteur aggravant, le domaine est construit sur une zone proche de la mer régie par le droit littoral, où les règles d'urbanisme sont donc plus strictes encore qu'ailleurs.

De son côté, le tribunal administratif, saisi par le Domaine d'Ablon, a confirmé la mise en demeure par le Pays de Honfleur-Beuzeville, et donc l'obligation de destruction des lieux.

"Détournement de fonds"

Autre complication : Oussama Ammar, le deuxième actionnaire du domaine, est aujourd'hui accusé de "détournement de fonds" par ses anciens partenaires de l'incubateur The Family, qu'il a cofondé à Paris en 2013, indiquent nos confrères de Libération.

Les anciens partenaires d'Oussama Ammar l'accusent d'avoir détourné et blanchi 4,5 millions d'euros ; une somme qui aurait servi précisément à financer son investissement au Domaine d'Ablon, à partir de 2019.

À l'ouverture du domaine en 2015, six millions d'euros de travaux avaient déjà été nécessaires. Le capital social de la société détentrice du domaine, la SAS Le Domaine d'Ablon, est aujourd'hui de plus de cinq millions d'euros.

Une enquête a été ouverte par le parquet de Lisieux pour blanchiment et par celui de Paris pour abus de confiance.

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