"J'ai ressenti un profond dégoût. J'ai conscience que l'acte que j'ai subi est illégal, immoral" : ces mots de Benjamin Perreau sont durs à entendre. Il les prononce lors d'une journée de sensibilisation organisée par le Comité régional olympique.

Professionnel ou amateur, le monde du sport n'échappe pas aux violences sexuelles. En Normandie, le Comité régional olympique et sportif a organisé une journée de sensibilisation dans le Calvados pour sensibiliser à ce phénomène de société, et apporter des clés afin de lutter contre ce fléau qui touche des hommes et femmes de tout âge.

Les violences sexuelles dans le monde du sport ne sont pas une problématique nouvelle. Pourtant, les solutions pour tenter d'enrayer ce phénomène préoccupant sont loin d'être connues de tous.

Qu'est-ce qu'une agression ? Où commence le harcèlement ? Et surtout comment s'en prémunir ? Autant de questions essentielles face auxquelles les acteurs du monde sportif sont parfois démunis. 

Libérer la parole

"J'ai ressenti un profond dégoût. J'ai conscience que l'acte que j'ai subi est illégal, immoral". Les mots de Benjamin Perreau sont durs à entendre.

Victime d'agressions sexuelles dans le milieu sportif étant enfant, ce sophrologue et cofondateur "Silence à l'écoute", association qui œuvre pour la libération de la parole, est venu témoigner de son histoire lors d'une journée de sensibilisation dans le Calvados organisée par le Comité régional olympique et sportif de Normandie. Un échange nécessaire pour susciter des prises de conscience.

"On doit mieux comprendre cette problématique et y être sensibilisé pour mieux repérer les signaux auprès des enfants. On parle d'une victime sur deux qui, si elle n'a pas libéré sa parole, devient agresseur à son tour. Quand la personne a libéré sa parole, cette statistique redescend quasiment à zéro donc ça permet d'enrayer le phénomène" assure Benjamin Perreau, qui s'inscrit dans la même démarche que Sarah Abitbol.

La championne de patinage avait dévoilé en janvier 2020 dans le documentaire "Un si long silence : une patineuse brise l'omerta" les violences sexuelles qu'elle avait subies de la part de son entraîneur dès l'âge de 15 ans pour éveiller les consciences.

D'après une étude européenne publiée en 2021, les enfants seraient d'ailleurs particulièrement concernés par ces violences : 1  mineur sur 7 aurait subi des agressions sexuelles.

L'aide d'associations pour comprendre comment agir

Les prises de parole de victimes dans le Calvados ont pour but d'aider les responsables et acteurs du sport de mieux déceler et appréhender les dérives et agressions sexuelles. Car la mission est complexe, tant les cas de figure sont nombreux et souvent réalisés à l'abri des regards. 

"On ne sait pas toujours identifier clairement ces situations-là parce que ça repose sur des paroles ou des situations qu'on ne voit pas directement" déplore Nicolas Couderc, directeur de l'Entente nautique Caen. 

D'où la nécessité d'être sensibilisé à ce phénomène, d'être au fait des dispositifs mis en place pour agir. 

"Une journée de sensibilisation comme celle organisée par le Cros sert à armer les personnes dans les structures sportives pour voir à quel moment j'agis, comment je le fais. Et, surtout faire en sorte d'avoir du concret, avec des témoignages car échanger, ça permet de prendre mieux conscience de l'ampleur de la problématique" indique Mélina Jolo, intervenante régionale de l'association "Colosse aux pieds d'argile"

En 2022, 226 structures normandes avaient signé le manifeste d'engagement de lutte contre les violences sexuelles et sexistes.

Une cellule d'écoute pour les victimes

Depuis 2020, une cellule d'écoute a été spécialement mise en place par le Ministère des sports. Plus de 1 000 signalements de violences sexuelles dans le sport ont été effectués en l'espace de trois ans, via le mail signal-sports@sports.gouv.fr.

Mais ce n'est que la partie emergée de l'iceberg car comme le souligne Catherine Moyon de Baecque, lanceuse de marteau de haut niveau, elle-même victime, "quand vous parlez, vous avez beaucoup à perdre".

Pour signaler des faits d'agressions sexistes ou sexuelles, plusieurs numéros sont joignables. Le 114, numéro national pour les appels d'urgence en France, le 119 "Enfance en Danger" pour les mineurs, le 3919 pour les femmes victimes de violences ou encore le 116 006, numéro national d'aides aux victimes.

Catherine Moyon de Baecque, également co-présidente de la commission de lutte contre les violences sexuelles et les discriminations dans le sport créée en 2021 par le Comité national olympique, garde "espoir que cette cause devienne cause nationale. Nous sommes tous concernés et tous un peu responsables aussi pour que demain soit meilleur, plus humain au niveau du sport français". 

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