Les villes sont devenues bien calmes pendant ce confinement. Et si ca vous donnait des idées pour changer de moyen de locomotion ? Le gouvernement vient d'annoncer un plan de 20 millions d'euros pour le vélo, dont un forfait pour faire réparer sa bicyclette d'occasion. Suffisant pour convaincre ?
La France est plutôt un pays de cyclistes avec 30 millions de vélos, soit un pour deux habitants.
Sauf qu'à priori, les 2/3 restent à la cave, au garage, ou dans l'abri de jardin. Bref, ils prennent la poussière, se détériorent avec le temps...
Et au moment de les ressortir, comme ça, sur un coup de tête, une envie de balade ou une bonne résolution de vie saine, ils sont inutilisables et parfois dangereux.
Un vélo doit être vérifié au moins une fois par an pour servir dans le cadre d'un petit trajet de 10 km maison - travail
Alors soit on en achète un nouveau, soit on renonce, soit on cherche un réparateur. "Je vois arriver cette clientèle généralement juste avant l'été, en juin, alors que mes habitués passent plutôt au printemps", sourit Vincent Capel, artisan réparateur à Caen. "Ces occasionnels, souvent, on ne les revoit plus après, alors qu'un vélo doit être vérifié au moins une fois par an pour servir dans le cadre d'un petit trajet de 10 km maison - travail, 2 fois si il sert aussi le week-end ou pour du sport."
Encourager le vélo avec la fin du confinement
Les transports en commun risquent d'être boudés avec le coronavirus, et le gouvernement craint donc un retour en force des voitures pour les trajets du quotidien jusqu'au travail. Et donc des bouchons et de la pollution.Des mots qu'on avait presque oublié avec le confinement.
Pour favoriser, un plan de 20 millions d'euros pour le vélo vient d'être annoncé. "Nous voulons que cette période fasse franchir une étape dans la culture vélo, et que la bicyclette soit la petite reine du déconfinement en quelque sorte", a expliqué la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, dans un entretien au Parisien.
Cette annonce reste du niveau du symbolique
"C'est un signal", reconnaît Francescu Garoby, vice-président de l'association caennaise Dérailleurs. "Mais cette annonce reste du niveau du symbolique symbolique. D'abord parce que réparti sur le nombre de personnes concernées potentiellement, c'est pas grand-chose. En plus, parce que cela englobe beaucoup de mesures" : des places de stationnement temporaires, des plots de protection de voies temporaires, des formations pour apprendre ou réapprendre à rouler à vélo, et ce forfait réparation.
Parmi les mesures, un coup de pouce donc aux personnes prêtes à adopter le vélo ou plutôt à se souvenir de celui qu'ils ont déjà : un forfait de 50 euros pour faire réparer sa bicyclette d'occasion. Cela peut être changer les freins, les lumières, ou encore les pneus.
Ces réparateurs seront référencés sur le site de la fédération française des usagers de la bicyclette, sur une plateforme dédiée prochainement et gérée par la FUB (cf encadré ci-dessous).
Notre réparateur, qui voit passer près de 80 vélos par mois entre ses mains, ne croit pas trop à un changement radical des comportements. "Les gens déjà motivés sont dans les starting-blocks pour le 11, mais je doute que cette mesure ait une énorme incidence pour attirer beaucoup de nouveaux Caennais à faire du vélo au quotidien. Ca peut éventuellement amorcer quechose, mais cela n'aura pas un impact massif."
Faire réparer un vélo, c'est 100-150 euros par an si c'est fait chaque année
Sur un vélo, comme sur une voiture, chaque pièce a une durée de vie et doit être changée régulièrement à cause de l'usure d'utilisation ou juste l'usure du temps : "le pneu arrière, les freins, la chaîne et le pignon, parfois le pédalier", rien n'est malheureusement éternel.
Et ça monte plus que les non initiés ne s'y attendent en poussant la porte de l'atelier de Vincent. "Pour cinquante euros, s'il y a eu un entretien normal, je peux changer les patins de frein et un pneu. Mais c'est au moins le double pour le chaîne et le pignon, et on peut vite avoir de la corrosion si la chaîne n'a pas de lubrifiant par exemple."
Pour cinquante euros, je peux changer les patins de frein et un pneu
La prime à l'ancien
Il arrive souvent qu'en entendant ce devis, certains clients fassent marchent arrière. "Ceux qui ont acheté les vélos premiers prix de la grande distribution, ils n'ont pas envie de remettre autant d'argent pour une réparation, et je les comprends. Et du coup, ça part à la benne... C'est aux antipodes du développement durable !"
Les vélos d'il y a 30-40 ans sont super solides, ça vaut le coup de les réparer
Il n'est pas vendeur, voici donc la vision d'un réparateur qui n'a rien à y gagner. "Moi je conseillerais soit d'acheter du neuf à partir de 300 euros, en-dessous ca ne tient pas dans le temps, soit de trouver les vélos d'ancienne génération. Ceux qui ont 30-40 ans sont super solides, avec des pièces comme les leviers de freins en aluminium, et non en plastique comme certains aujourd'hui. Si je les répare, ces vélos peuvent encore servir 10 ou 20 ans. Ca vaut le coup."
Et pour ceux qui redoutent le vol, là aussi, l'ancien a un bel avantage. "Le meilleur anti-vol, c'est de ne pas attirer l'oeil !"
Une motivation suffisante ?
A Caen on estime que 3 % seulement des déplacements sont en vélo, contre 78 % pour la voiture... "C'est le moyen de transport le moins utilisé."
L'objectif de la ville est d'arriver à 6 %, et on serait encore loin de ville comme Strasbourg ou Grenoble, à 20 %.
Pour chaque piste cyclable en projet ou en étude par l'agglomération de Caen-la-Mer, il faut prévoir un piste provisoire dès maintenant
Des travaux sont prévus pour installer plus de pistes cyclables, des voies séparées des voitures, comme sur la rue d'Auge par exemple.
Mais du coup, l'association Dérailleurs 14 espère des adaptations provisoires au 11 mai, ou du moins au plus vite, pour répondre à cette possible engouement pour le vélo à la fin du confinement. "Pour chaque piste cyclable en projet ou en étude par l'agglomération de Caen-la-Mer, il faut prévoir un piste provisoire dès maintenant."
Idem à Rouen, où l'association Sabine propose de "repenser l'aménagement de la voirie" pour apporter plus de sécurité aux deux roues.