Le phénomène des chevaux mutilés s'accélère depuis cet été. À ce jour, les forces de l'ordre n'ont pas réussi à mettre la main sur les coupables et, dans le Pays d'Auge, région connue pour ses nombreux haras, la psychose s'est installée chez les propriétaires de chevaux.
"On est quand même dans une période où on est assez inquiets, admet Didier, directeur d'un haras dans le pays d'Auge. On est dans l’inconnu, on ne sait pas à quel moment ça peut se passer". Depuis 2018, près d'une vingtaine d'équidés ont été mutilés et tués dans différentes régions de France, et le phénomène s'accélère depuis cet été. À ce jour, ces actes barbares n’ont toujours pas été élucidés et la psychose commence à s'installer chez les propriétaires de chevaux, notamment en Normandie, qui avec plus de 100 000 équidés, est la région du cheval par excellence. Dans le pays d’Auge, bien connu pour ses nombreux haras, la panique est palpable chez les éleveurs, à tel point qu'ils sont très peu à avoir accepté de nous parler, par peur d'attirer les tortionnaires.
Ce n'est plus un problème de profession, c’est vraiment un problème humain. Ce n'est pas une question d'argent. On se dit : "mais comment on peut accepter ça ?’"
Pour prévenir un nouveau drame, les gendarmes du Pays d'Auge effectuent des patrouilles jour et nuit et se rendent chez les propriétaires de chevaux pour faire de la prévention.
Nos journalistes Florent Turpin et Thomas Tavitian ont suivi la patrouille des gendarmes de Mézidon-Cadon ce dimanche matin :
Les gendarmes distribuent notamment des flyers sur lesquels on trouve quelques conseils pour protéger au mieux ses bêtes. "Par exemple, [il faut] éviter de laisser le licol sur l'animal, ce qui évite de pouvoir l'attraper facilement", explique Audrey, une des gendarmes. Il est également conseillé de mettre des cadenas, verrouiller les accès, installer des caméras de chasse quand cela est possible, etc. S’ils le souhaitent les propriétaires peuvent remplir un formulaire pour que leur élevage soit surveillé régulièrement par la gendarmerie. "Notre but c'est de les accompagner et de les aider, affirme Audrey. Il faut leur dire qu’on est là, qu’ils peuvent nous appeler s’ils ont besoin. Et qu'on interviendra."
Les éleveurs à l’affut
Les éleveurs, de leur côté, redoublent de vigilance. "Nous avons un peu rapproché les chevaux des habitations au maximum, explique Didier. Et on a prévenu tous les voisins." Le directeur surveille également les voitures qui passent aux alentours de son haras et n'hésite pas à prendre en photo les plaques d'immatriculation des véhicules qui lui semblent suspects. "Ils [les propriétaires de chevaux] ont peur pour leurs animaux. On en entend beaucoup parler à la télé et le maître mot c'est vraiment la peur", témoigne Audrey.De même, certains préviennent désormais les gendarmes au moindre fait inhabituel. Dans la soirée du 29 août, Martin*, un éleveur, a composé le numéro des forces de l'ordre après avoir entendu ses chiens aboyer. Finalement, aucun rodeur n'a été trouvé mais les gendarmes sont tout de même venus lui rendre visite ce dimanche après-midi pour lui faire remplir le formulaire. Alors, peur légitime ou paranoïa ? "Comme il y a eu des faits, je pense que la peur est légitime, considère Audrey. Après, il y a peut-être de la psychose, des gens qui ont peur pour le moindre fait mais ça se comprend et on est là pour les rassurer."
*le prénom a été modifié pour préserver l'anonymat des propriétaires