Le devoir de mémoire est indispensable pour que l’Histoire ne s’oublie pas, mais comment sensibiliser les jeunes générations ? Le documentaire « Ma vie dessinée » offre une manière originale de découvrir l’histoire d’un héros normand : celle d’Arnaud de Roquefeuil sous la forme de bande dessinée.
Un documentaire pour raconter la guerre autrement
Arnaud de Roquefeuil est né en Normandie, à quelques kilomètres du Mont-Saint-Michel au Château de Boucéel.A partir de 1923, à l’âge de 17 ans, Arnaud de Roquefeuil commence son journal intime sous forme de bande dessinée. Sa chronique illustrée compte 300 feuillets retraçant son existence. Elle était préservée jusqu'à aujourd'hui dans son Château natal de Boucéel. Un témoignage que ses proches ne pourraient pas retrouver dans un manuel d’histoire : la guerre, vue de l’intérieur. Seul son cercle familial y avait accès, jusqu'à ce que Vincent Pouchain réalise le documentaire "Ma vie dessinée"et décide de partager son Histoire pour les enfants et les générations à venir. La transmission à destination du jeune public est importante. C'est pourquoi, le documentaire est ponctué d'images d'archives, de dessins d'Arnaud de Roquefeuil et d'un homme incarnant Arnaud de Roquefeuil, avec les voix de Michel Bouquet et Guillaume de Tonquédec.
Comme l'a annoncé Michel Bouquet lors des deux projections en avant-premières, le jeudi 24 octobre 2019 au Cinéma Lux de Caen puis au CinéMoviking à Saint-Lô :
Cette bande dessinée et ce documentaire sont une véritable contribution au travail de mémoire. Il faut découvrir l'Histoire avec l'histoire d'Arnaud de Roquefeuil."C'est pour les enfants, c'est pour ça qu'il a pris cette forme particulière".
La guerre racontée à travers l’Histoire d’un héros normand : Arnaud de Roquefeuil
Sa chronique illustrée commence par dévoiler ses instants de jeunesse. Des moments de bonheur : à l’âge de ses 21 ans, en 1927, il acquiert sa première voiture, puis rencontre Nicole qui devient sa femme en 1937. L'année 1938 est marquée par la naissance de sa première fille, puis, un an après, c'est l'arrivée de sa deuxième fille.Mais très vite les événements historiques arrivent…
Le 2 septembre 1939, Arnaud de Roquefeuil quitte son domicile pour rejoindre le 207ème régiment d’artillerie lourde divisionnaire. Son frère François, est incorporé dans l'aviation. 45 000 habitants de la Manche sont mobilisés. Ils creusent des abris, ils installent des positions et des munitions.
Au bout de 16 jours, Arnaud de Roquefeuil reçoit la première lettre de sa famille. En 10 mois, Arnaud de Roquefeuil a obtenu deux permissions. Il retrace en images le bonheur de rentrer chez soi.
"Noël 1939, à Dombras, le froid gèle vin et rend le pain comme un caillou. Tout glisse, le verglas et la neige rendent tout impossible."
Le 10 mai 1940, Arnaud de Roquefeuil est réveillé à 3h du matin. Objectif : fusiller l’ennemi qui venait de traverser la frontière. 27 mai 1940, les Allemands lancent son offensive et incendient Aumetz. Arnaud de Roquefeuil repère la batterie qui les mitraille et donne leur position.
Par l'intermédiaire de son épouse, Arnaud de Roquefeuil apprend dans une de ses lettres, que la Belgique et les Pays-Bas ont capitulé.
Des millions de civils se jetaient sur les routes, des familles que la guerre chassait vers le sud.
Après des douleurs au genou, Arnaud de Roquefeuil se ressaisit et rejoint le train sanitaire 362. 22 juin 1940, l'armistice est signé, la France capitule, les Allemands ont gagné. C'est alors que l'occupation allemande commença : Arnaud de Roquefeuil fut envoyé comme prisonnier de guerre à Bourbonne-les-Bains, en Haute-Marne.
Après 3 mois, un médecin français accepte de lui administrer une forte dose de médicaments ralentissant dangereusement le cœur. Un médecin allemand juge son état trop mauvais pour faire de lui, un prisonnier utile. Le médecin signe l’ordre de le libérer. Heureux, il rentre en Normandie, retrouver sa famille.
Peu à peu, les humiliations sous la vie de l’occupation se font sentir : tickets de rationnement, pillages des magasins français en règle. De 1940 à 1944, les restrictions et les interdictions étaient imposées aux Français.
Pour ceux qui ne souhaitent pas aller en Allemagne, Arnaud de Roquefeuil fournit de faux papiers d’identité. Son astuce ? Il reproduit :
"le cachet de la Mairie à partir d’une empreinte fait avec une moitié de pomme de terre, puis je frotte les cartes sur le parquet de la salle à manger, histoire de les vieillir un peu et le tour est joué."
Autre rebondissement : 6 juin 1944, Arnaud de Roquefeuil est subitement réveillé à 4h du matin. Plus de 3 000 bombardiers vont larguer 8 000 tonnes de bombes. Ce jour-là, ce sont plus de 156 000 hommes qui ont débarqué en Normandie.
A partir de cet instant, les conditions de vie deviennent extrêmement difficiles pour Arnaud de Roquefeuil et sa famille. Après la destruction de Saint-Lô, le Château natal de Boucéel est cerné par les 80 hommes de la Gestapo, le 9 juillet 1944. Son frère et lui sont alors emmenés et enfermés dans des caves où ils rejoignent, une trentaine de résistants prisonniers. Ils vont découvrir les méthodes de torture de la Gestapo.
Après avoir été transférés au château des Ducs de Normandie à Alençon, ils sont emmenés à Compiègne. Sur cette route, Arnaud de Roquefeuil pensait que c’était son dernier instant de vie lorsque les Allemands ont arrêté le camion et ont sorti leurs armes. Tous alignés, prêt à tirer mais pourtant les Allemands n’ont pas tiré.
A la gare de Compiègne, 850 hommes sont enfermés dans les wagons.
La faim, la peur, la soif… Des sensations qui ont marqué ce périple. Les Allemands faisaient régner la terreur. La Croix-Rouge envoyait de la nourriture pour les prisonniers mais les Allemands la laissaient périr pendant des jours au soleil.
Sur les 55 000 prisonniers de Compiègne, 50 000 ont été déportés vers les camps de concentration et d’extermination.
Arnaud de Roquefeuil est parti dans le dernier convoi le 25 août 1944, jour de la libération de Paris. Le train s'est arrêté car le pont de la Somme a été bombardé. Les Allemands les enferment et quittent le camp. A cet instant, Arnaud de Roquefeuil n'a qu'une seule idée en tête : rentrer chez lui. Il rentra le 14 septembre 1944.
Rencontre avec le réalisateur du documentaire "Ma vie dessinée", Vincent Pouchain
Ce documentaire a été présenté lors de 2 avant-premières, le jeudi 24 octobre au Cinéma Lux de Caen puis au CinéMoviking à Saint-Lô, toutes deux en présence de Michel Bouquet et de Vincent Pouchain :
?? L’avant-première pour le documentaire « Ma vie dessinée » se poursuit par un débat avec le grand Michel Bouquet, le réalisateur Vincent Pouchain et Dominique Briand, Président de l’Ecume des films pic.twitter.com/FKJ5rQQuxX
— France 3 Normandie (@f3htenormandie) October 24, 2019
Lors de ces avant-premières, nous avons rencontré le réalisateur Vincent Pouchain, l'occasion de lui poser quelques questions à propos de son dernier film.
Le documentaire "Ma vie dessinée" participera à deux festivals :
► Projection au Festival International du Film d’Histoire de Pessac le 25 novembre,
► Projection au Festival les Egaluantes de Carentan le 30 novembre.
Découvrez ci-dessous, la bande-annonce du documentaire "Ma vie dessinée"
✍️?Lundi prochain à 23h50, ne manquez pas le documentaire inédit "Ma vie dessinée" de @VincentPouchain
— France 3 Normandie (@f3htenormandie) November 5, 2019
sur l’histoire d’un homme ordinaire devenu un héros anonyme : Arnaud de Roquefeuil, avec les voix de Michel Bouquet et Guillaume de Tonquédec @SamMoutel pic.twitter.com/uXseIygfmd
Ma vie dessinée
Découvrez le documentaire de 52'Lundi 11 novembre 2019 à 23h50
► Rediffusion le vendredi 15 novembre à 09h15
► Un documentaire réalisé par Vincent Pouchain
► Production : Keren Production
► Coproduction : France Télévisions
► Documentaire soutenu par la Région Normandie
► En partenariat avec le CNC et en association avec Normandie Images