Comptage des oiseaux 2022 : « Même dans un petit jardin, un particulier peut vraiment favoriser la biodiversité »

C’est la dixième édition du grand comptage hivernal des oiseaux de jardin le week-end du 29 et 30 janvier 2022. Un rendez-vous citoyen pour aider les scientifiques à comprendre comment et pourquoi les oiseaux s'installent dans un lieu plutôt qu'un autre.

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En famille, seul ou entre amis, le comptage des oiseaux permet à chacun de s’impliquer dans l’observation et par ricochet, dans la protection des différentes espèces.

Comment faire pour compter les oiseaux de son jardin ?

Quelques règles à observer : compter pendant une heure précisément, soit samedi ou dimanche, depuis un jardin, privé ou public ou un balcon, « surtout en fin de matinée, c’est le moment où ils sont le plus actifs » souligne Michel Toussaint, ornithologue amateur à la Ligue de Protection des Oiseaux au Havre. Noter pour chaque espèce le nombre maximal d’oiseaux observés en même temps et ne compter que les oiseaux posés (et non ceux observés en vol au-dessus du jardin).

Le grand comptage national des oiseaux de jardins est organisé la LPO et le Muséum national d’Histoire naturelle depuis 2013 dans toute la France simultanément sur le site internet oiseauxdesjardins.fr. Le Groupe Ornithologique Normand (GONm) propose également de collecter les données et de les mettre en commun. Cette année, le comptage a lieu les samedi 29 et dimanche 30 janvier, au moment où les oiseaux sont le plus visibles, sur des arbres dénudés.

L'observation des oiseaux, une science collaborative

C’est une science participative, qui implique donc le citoyen dans l’acquisition de la connaissance sur les dynamiques de population des oiseaux communs. « Ça permet de donner des tendances ou de confirmer ces tendances, car bien sûr les gens peuvent se tromper », observe Bruno Lang, ornithologue amateur du Groupe Ornithologique Normand.

Parmi les confusions les plus courantes : le moineau domestique et le moineau friquet. « Les observateurs en général ne savent pas identifier le moineau friquet. L’espèce est éteinte en Normandie depuis 2010 sauf dans la Baie du Mont Saint-Michel où il reste une micro-population relictuelle », précise Richard Grège, administrateur et animateur bénévole à la LPO Normandie.

Guides en ligne de comptage des oiseaux

La plupart des participants au comptage s’inscrit sur internet, ce qui simplifie la collecte des données. Oiseaux des jardins fournit des fiches et des guides. Pour éviter les erreurs entre espèces proches par exemple, le site propose des « fiches confusions ».

Un recul nécessaire pour des données fiables

« Il faut être très prudent dans l’interprétation des données, il faut absolument avoir une vision sur minimum cinq ans pour savoir si ça augmente ou si ça diminue », prévient Richard Grège.

D’une année à l’autre il peut y avoir de grosses variations, notamment en fonction du climat hivernal. Si le pinson du Nord se faisait rare ces dernières années, il semble de retour en 2022 « ça fait dix ans qu’on en a pas vu comme ça ! » s’enthousiasme Bruno Lang du GONm.

Depuis 2013, c’est le verdier d’Europe qui se fait de plus en plus rare. S’il était visible dans plus de 45% des jardins en 2013, sa présence ne fait que diminuer depuis 2018. Il n’était présent que dans 25 % des jardins en 2021. L’accenteur mouchet, lui aussi, apparait de moins en moins.

La pie bavarde, quant à elle, progresse tout doucement. Le merle se porte assez bien mais pour de nombreuses espèces, les apparitions se font en dents de scie. Des variations qui s’expliquent par des hivers plus ou moins rigoureux, les quantités de déchets trouvés dans la nature, la pollution sonore ou encore la présence de prédateurs comme les chats.

Prudence sur l’effet confinement

Concernant le Covid et les confinements, Richard Grège se montre prudent. « Les gens étaient chez eux et observaient leur jardin, donc ont plus remarqué les oiseaux », explique Richard. Il n’y a pas forcément eu plus d’oiseaux selon l’ornithologue confirmé.

Y a-t-il eu un effet positif sur les oiseaux ou pas ? « Ils ont élargi leur territoire de nidification mais au bout de quelques mois, la vie a repris son cours et ils ont été à nouveau perturbés », observe Richard Grège, ornithologue confirmé. Pour savoir s’il y a eu un pic de reproduction en 2020, il faut attendre le printemps 2022 car « entre 80 et 90% des jeunes oiseaux meurent la première année, et donc il n’y a que les survivants qui se reproduisent l’année d’après », explique Richard Grège.

Quand observer rime avec protéger 

Grâce aux données collectées autour des oiseaux de jardins, il y a toute la biodiversité : les insectes, les mammifères, et donc la qualité de santé de l’humain. « On sait clairement que l’alouette des champs est en déclin à cause des produits chimiques. Le faucon pèlerin avait disparu de Normandie à cause du DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane, polluant organique persistant) », se désole l’ornithologue du LPO Normandie.

« Le moineau friquet a disparu parce que les gens tondent systématiquement les plantes fanées ». Un des objectifs de ce comptage participatif est de sensibiliser les particuliers aux différentes espèces, et leur donner envie de les préserver.

« Laissez les pissenlits, c’est du caviar pour beaucoup d’oiseaux ! »

Richard Grège, administrateur et animateur bénévole à la LPO Normandie.

« Indirectement on demande aux gens de protéger leurs oiseaux », explique Richard Grège. Observer certains oiseaux peut encourager à planter des espèces produisant des baies comme l’aubépine ou le pommier d’ornement.

Il faut garder les plantes fanées qui ont des graines : chardons, clématites sauvages, les rumex. « Un particulier sur un petit jardin peut vraiment favoriser la biodiversité, et même sur un balcon », affrime l'animateur de la LPO.

Le passionné de la LPO suggère également de ne jamais tailler sa haie entre mars et août pour que les oiseaux s’y reproduisent, « laissez les pissenlits, c’est du caviar pour beaucoup d’oiseaux comme les linottes mélodieuses ou les bouvreuils ! », recommande-t-il.

Et attention aux mauvaises habitudes, comme donner du pain aux canards. Il ne faut jamais donner de nourriture salée ou sucrée à un oiseau. Il faut lui donner ce qu’il peut trouver en milieu naturel, comme des graines de tournesol, graines sauvages, pains de graisses agrémentés d’insectes, des noix, noisettes, etc. 

La Normandie bonne élève sur le comptage des oiseaux

En 2021, 17 260 jardins ont été observés dans toute la France et les Normands étaient les plus mobilisés avec 3541 jardins observés, et plus particulièrement le Calvados avec 1095 jardins.

La mésange charbonnière et le moineau domestique sont les espèces les plus fréquemment observés en Normandie.

>>> Voir le bilan du comptage des oiseaux en Normandie 2021

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