Week-end de comptage des oiseaux : "ils sont en danger après le déconfinement" prévient la LPO

La Ligue de Protection des Oiseaux et le Museum d'Histoire Naturelle organisaient ce week-end le comptage des oiseaux dans les jardins et les parcs. Le confinement a permis à la nature et aux oiseaux de reprendre leurs droits, mais le déconfinement brutal a mis en péril les nichées.

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La Ligue de Protection des Oiseaux et le Museum d'Histoire Naturelle organisent le comptage des oiseaux deux fois par an. L'un en janvier, en hiver et l'autre, au printemps fin mai. Ils font appel à des bénévoles qui comptent durant une heure le nombre d'individus venus se poser dans un endroit donné et ils notent le nom des espèces observées. Tout le monde peut participer.

Des particuliers, depuis leur balcon ou leur jardin, des agents communaux installés dans des parcs ou espaces publics. "L'objectif est d'évaluer l'évolution des espèces, explique Aurélien Deschartres, chargé de mission à la LPO, Ligue de Protection des Oiseaux Champagne Ardenne. On organise le comptage depuis une dizaine d'années. Cela permet de savoir quelles espèces se portent bien, et lesquelles sont en déclin. Il s'agit d'oiseaux qui vivent près des humains." 
 

 

Un bilan en demi-teinte

Il y a ceux qui s'en tirent bien. Ils ne sont pas fragiles et s'adaptent aux situations. Aurélien Deschartres fait un bilan en demi-teinte."On a pu observer que les pigeons ramiers, les tourterelles turques, les merles noirs se portaient bien et cela s'explique car ils ne sont pas trop difficiles sur la nourriture et sont très adaptables à des perturbations de leur habitat."

Mais tous les oiseaux n'ont pas la chance de pouvoir s'adapter à tous les changements. "On observe une diminution des moineaux domestiques, et on ne l'explique pas. Les verdiers d'Europe, les linottes mélodieuses sont en danger parce qu'elles sont insectivores à la belle saison et granivores en hiver, car elles ne migrent pas. Or leur nombre est en baisse en ville et à la campagne. En fait, c'est à cause de la suppression de la flore locale, des grandes herbes qui font des graines en hiver. Si l'on ajoute l'utilisation du glyphosate ou d'autres pesticides par les agricuteurs, particulièrement ceux de l'Aube et de la Marne, on comprend que les insectes eux aussi disparaissent. 80 % des insectes ont disparu en vingt ans. Les oiseaux n'ont pas assez à manger. Tout est lié."
 


Le confinement a-t-il profité aux oiseaux ?

Pendant le confinement, la nature semble avoir repris ses droits. Les gazouillis des oiseaux étaient de plus en plus présents. Pourtant, si le confinement a été favorable aux oiseaux, cela présageait d'un retour difficile à la réalité. Avec le déconfinement, les oiseaux ont brusquement été tirés d'une forme d'insouciance.

Durant le confinement , tous les parcs et jardins étant fermés au public, les oiseaux ordinaires avaient pu y prendre leurs aises. Aurélien Deschartres raconte : "C'était la période de nidification. Pendant le confinement, comme les parcs et les jardins étaient désertés, les oiseaux se sont installés dans de nouveaux endroits. Cela s'est fait très rapidement. A la mi-mars nous étions au début du printemps, période de première nichée pour la plupart des oiseaux, ou même de seconde nichée pour les fauvettes ou les mésanges."

Dans ces parcs et jardins redevenus sauvages en quelques semaines, couverts d'herbes folles et peuplés d'insectes, les oiseaux avaient découverts de nouveaux endroits pour pondre leurs oeufs, se promenaient sans méfiance sur les berges des rivières et des étangs, voire sur les routes. Aucun endroit n'était plus interdit puisque le danger avait en partie disparu.
 

Le brutal déconfinement

Mais au moment du déconfinement, tout a changé. Les gens sont sortis de chez eux, les voitures ont recommencé à circuler. Les oiseaux avaient pris l'habitude d'envahir les routes, en ville mais aussi à la campagne. "Je le constatais moi-même en me déplaçant. Les oiseaux venaient sur les routes et s'envolaient plus tard à l'approche de véhicules." Le retour de la circulation sur les routes a provoqué de nombreuses collisions.

Inquiètes, des associations de protection de l'environnement ont lancé des messages de prudence pour demander aux automobilistes d'être prudents sur les routes.
 
 

La fin du règne des oiseaux

Avec le déconfinement, les parcs et les jardins sont rendus à leur première destination, l'accueil du public."La plupart des communes ne se sont pas posées de questions, regrette Aurélien. Elles ont engagé la tonte et le broyage pour nettoyer les espaces verts, les jardins, et accueillir le public."

Toutefois, certaines communes, davantage sensibilisées aux questions environnementales, ont décidé d'essayer une nouvelle voie. Au lieu de tondre et de faucher, elles ont fait des allées au travers de la végétation luxuriante, ont préservé des espaces d'herbes folles. Aurélien Deschartre salue cette initiative : "Elles ont décidé d'opter pour des parcs plus naturels. Il ne s'agit pas d'interdire les activités dans les parcs, mais il faut peut-être apprendre à partager l'espace." Et respecter la biodiversité.

Sensibiliser les particuliers et les communes à la nécessité de respecter la biodiversité, c'est l'objectif de la LPO et du Museum d'Histoire Naturelle de Paris. "L'année dernière, en Champagne-Ardenne, 145 personnes ont participé au comptage, précise Aurélien. En hiver, nous avons eu 2700 jardins observés. Les participants saisissent leurs informations sur notre site. On en contacte parfois certains par téléphone pour avoir des précisions. Nous faisons remonter les données au niveau national où elles sont analysées."
 
 

Rien n'est perdu

Les conclusions vont ensuite alimenter les campagnes de sensibilisation au respect de la diversité. La LPO invite les particuliers à garder un petit bout de jardin sauvage avec des herbes folles, aux communes de changer leurs pratiques:"Il faut renoncer à la tonte et au fauchage. Ce sont de mauvaises habitudes. Ce qui est encourageant, c'est que la biodiversité se réinstalle très vite.", conclut Aurélien Deschartres.
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