Coronavirus : Moi, parent, comment je suis devenu "prof" à la maison

Mesure de confinement oblige, depuis lundi 16 mars, nos enfants et nos ados doivent poursuivre leurs apprentissages depuis leur domicile. Pour de nombreux parents, un vrai défi. Quels sont les outils pour assurer "la continuité pédagogique" ? Avec ou sans Pronote ? 

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A la maison, la vie familiale s’organise désormais autour des ordinateurs. Moi en télétravail, les enfants en "télé-école". En tentant de maintenir un cadre horaire pour garder un rythme. Mais quand on n’est pas prof soi-même, comment faire travailler ses enfants ? Maman de trois enfants, dont un collégien en classe de 4ème, j’ai dû apprendre un nouveau métier : l’accompagnement numérique et pédagogique. 

Un peu de patience avec Pronote 

Premier défi pour les parents : se familiariser avec les plateformes numériques. Dont l’incontournable Pronote, un logiciel de vie scolaire utilisé par près de 7 700 établissements en France. Il permet de voir le travail à faire et de communiquer avec les enseignants. Mais depuis le début de la semaine, de mon côté, impossible de se connecter ! La connexion est semble-t-il difficile lorsque ce logiciel est hébergé sur la plateforme « it’s learning » de l’ENT (Environnement numérique de travail) Educ de Normandie. D’après le témoignage de certains camarades de mon fils Niels, l’application sur smartphone fonctionnerait mieux actuellement. 
 
"L’Educ de Normandie devrait sortir de la tête de l’eau dans un ou deux jours avec un renforcement des capacités à absorber un nombre élevé de connexion",  m’a assuré Hugues Broustail, le principal du collège Dunois à Caen. Une information confirmée par le Rectorat : "C’est une semaine d’adaptation, mais que les familles soient rassurées, nous nous mettons en ordre de marche avec les services informatiques et numériques pour le début de la semaine prochaine"

En attendant, le principal du collège Dunois, lui, m’a proposé de préparer une enveloppe à l’accueil pour Niels avec une copie papier des cours. A prendre sur le chemin des courses ... 

Quelles alternatives à Pronote ? 

A chacun sa méthode : dans mon cercle amical et professionnel, j’apprends que certains enseignants tiennent des blogs, d’autres envoient des informations via les réseaux sociaux tels que Facebook. D’autres encore ont eu le temps de relever les adresses mails pour envoyer directement leurs fichiers de leçons. 
 
Privée de Pronote, je découvre aussi d’autres supports numériques. Comme « ma classe à la maison » sur le site du CNED, qui propose gratuitement le programme de chaque niveau, avec cours et exercices. Ou la plateforme pédagogique de France Télévisions Lumni qui s’adresse aux élèves de la primaire au lycée, avec en prime un éclairage sur l’actualité ! Ou encore les tutos sur youtube de profs devenus de véritables stars, comme le prof de maths Yvan Monka, de la chaine m@ths et tiques dont mes deux ados de 13 et 16 ans sont fans ! 
  

Des profs virtuels

Même à la maison, les parents ne sont pas livrés à eux-mêmes avec Pythagore et autres cours de Chinois. "Sur Pronote, nous avons ouvert la communication entre élèves et enseignants, souligne le principal du collège Dunois. Et nous allons voir comment mettre en place des « classes virtuelles"
 
Certains ont déjà pris le virage du numérique. Louise, ma filleule scolarisée en CM1 à l’école Bosnières de Caen suit ses cours sur le site "classe numérique". "Son maître peut personnaliser les exercices et suivre ses élèves, m’explique Myriam, sa maman. Louise a un compte et maintenant, elle est très autonome. Après ça, mes filles Clara et Louise vont être encore plus à l’aise avec l’ordinateur !"


 
Encore faut-il former les enseignants à ces nouvelles méthodes de travail. "Ce sont les professeurs de technologie, qui ont déjà expérimenté la classe virtuelle avec leurs classes de 3ème qui vont expliquer la démarche à suivre à leurs collègues, précise le principal du collège Dunois. Les élèves recevront alors une invitation via Pronote avec un tutoriel."

Du côté du Rectorat, on précise que "les services de la Direction numérique pourront former –par visioconférence- les professeurs pour les aider à organiser ces "classes virtuelles""
 

Et si on n’a pas d’ordinateurs ? 

Au collège Dunois, une quarantaine d’élèves sur les 480 inscrits ne possède pas d’ordinateurs. "La Rectrice a demandé à ce que des tablettes et des ordinateurs de l’établissement soient mis à disposition des familles qui n’ont pas de matériel, précise le Rectorat. La consigne vient d’être passée. La demande devra être faite directement à l’établissement de l’enfant".
 
 

Reste à organiser l’emploi du temps …

Si ma fille en Seconde est très autonome, je constate que mon fils, lui, a besoin d’un cadre imposé par l’adulte. "Tous les matins, j’écris l’emploi du temps sur un tableau, m’explique mon amie Pauline, maman de trois enfants dont l’aînée Jeanne est en CE 1. L’école m’avait envoyé les cours par mail avec une suggestion d’emploi du temps, lecture le matin, calcul l’après-midi, sans oublier les pauses et les moments de détente autour de jeux."

Une bonne idée, parfois difficile à appliquer. "Mais je n’arrive pas à trouver le rythme !,me confie Pauline.  Avec deux petits de 2 et 3 ans, même si je pars avec de bonnes intentions, c’est compliqué de structurer la journée et faire travailler la grande", soupire-t-elle au téléphone alors que son petit Siméon, 2 ans, interrompt la conversation pour de nouveau la solliciter. "Les outils on les a, le temps on l’a, il me manque juste d’autres mains !"
 

Les vertus de l’ennui … et du jeu 

Le Ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer a évoqué ce mercredi matin "les vertus de l’ennui". Et ce temps de confinement peut aussi être l’occasion d’apprendre d’autres choses en famille, assure une amie institutrice en petite section qui a affiché devant son école de l’agglomération caennaise quelques conseils, tels que "jouez à des jeux de société ou cuisinez". 
 
 

Ce qui manque : les camarades et … les profs ! 

Il est 14h15. Fin de la pause "méridienne" ici à la maison. Avec un peu de fermeté, j’ai réussi à remettre mes deux ados au travail. "C’est difficile, rechigne mon fils de 13 ans, car on se croirait en vacances ! " De mon côté, j’avoue me sentir bien démunie face aux calculs de proportionnalités en maths ou face aux lois de l’électricité en physique. "Ce qui manque, conclut Niels, c’est l’ambiance de classe, et puis … les profs. C’est quand même bien les profs !" 
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