Coronavirus : où trouver des masques gratuits pour le grand public en Normandie

Les masques en tissus, tout le monde veut se ruer dessus. C'est bien normal, à l'approche du déconfinement "progressif", le 11 mai. Si vous pouvez ni en fabriquer, ni en acheter pour toute la famille, comment faire ? Entre solidarité et commandes groupées des collectivités, suivez le guide.

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*Vous ne savez pas coudre ou les élastiques vous donnent du fil à retordre ?

 
  • Les amis et la famille
D'abord aller enquêter auprès de votre entourage, une amie ou mieux, votre tantine préférée, qui à 68 ans vous dit : "De mon temps, on apprenait la couture à l'école. C'était bien pratique", reconnaît Mireille.
 


Cette infirmière a passé une bonne partie de sa carrière à soigner les malades en réanimation au CHU de Caen. Aujourd'hui, à la retraite, elle coud et en fait profiter ses amis. "Ma voisine m'a donné des chocolats pour me remercier. C'est agréable de voir le sourire des gens quand tu leur donnes. Je préfère ça à l'argent", dit-elle.

A ce prix là, c'est peut-être l'occasion de ressortir la machine du placard et de s'inspirer du tuto, homologué AFNOR. *cf en bas de l'article.
 

 
  • Le matériel : pénurie d'élastiques ?
Les amateurs de fils et aiguilles connaissent bien les magasins et certains proposent de vendre en ligne du tissus ou des accessoires. Ils peuvent vous livrer gratuitement à partir d'un montant de commande.

Les couturières constatent une pénurie d'élastiques, en ce moment. A Saint-Contest, dans le Calvados, Virginie Richard a la solution : "Vous prenez un vieux T-Shirt en jersey ou un caleçon. Vous faites un petit roulé de 2/3 cms, dans le sens de l'élasticité. Et le tour est joué. C'est tout doux en plus. J'ai fait le test en machine à 60 degrés, ça ressort nickel." Cela fonctionne aussi avec un collant opaque.
 

"C'est encourageant cet élan de solidarité"


Couturière professionnelle, Virginie Richard vient de se lancer dans la production de masques agrées de type AFNOR. Elle peut en fabriquer jusqu'à 20 par jour. "Je les donne. Quand je vois tout l'élan de solidarité en France, je ne me vois pas du tout les vendre. C'est très gênant", dit-elle enthousiaste.

Quand on lui demande le prix de revient, elle calcule : 

La matière première coûte environ 2.50 euros. Tout dépend du tissu. Mais il n'en faut pas beaucoup. Des chutes peuvent parfois suffire. Ensuite, il y a le temps. 5 euros, me paraît un prix honnête.
 


Profitons-en pour faire faire un petit problème à un élève d'élémentaire : Si chaque masque coûte 5 euros et qu'il en faut deux voire trois par personne. Quel montant dois-je prévoir pour une famille de 4 ? Entre 40 et 60 euros.

"C'est un budget quand même.", s'interroge-t-elle. Virginie se doute que les commandes vont affluer. Alors, elle réfléchit. Les clients pourraient lui fournir le matériel, ou alors "On fait un échange, un troc. Un masque contre quelque chose. Je peux créer une cagnotte, les clients donnent ce qu'ils veulent et on remet le tout à une association ? C'est une idée aussi. Rien est arrêté pour le moment. " pense Virginie à voix haute.


*Vous n'avez ni machines, ni le budget ?


Inspirons-nous du bon sens de cette jeune femme, qui fabrique un masque avec un carré de tissus en 30 secondes.
   
  • Dans les petites communes, la solidarité tourne à plein régime

Dans les villages, ça turbine avec les machines. Pied au plancher, les couturières coupent, piquent et assemblent pour fournir leurs mairies, comme à Digosville, le Vicq-sur-Mer ou Fermanville, dans le Cotentin.
 


Dans ce village de bord de mer, Brenda, Thérèse et Jacques de l'association Chapiktou ont déjà fourni 300 masques aux pompiers, commerçants, gendarmes. Désormais, ils fabriquent pour le grand public. "Ces masques ont une couche de tissu imperméable et respirable entre les deux couches", précise Brenda, qui coud toute la journée.

Leur production est destinée à la mairie, qui assurera ensuite la distribution auprès des habitants."Nous avons une dizaine de bénévoles formidables, se réjouit Nicole Belliot, la maire de Fermanville.

Entre les particuliers et l'association chapiktou, on va pouvoir récupérer 500 à 600 masques en tissus. Et puis, on pourra donner également les masques offerts par le département et la communauté de communes."

 

Dans l'Orne aussi, on compte sur la fabrication artisanale locale. Martine Georget, maire du Val au Perche et infirmière libérale, organise, entre ces deux tournées, les commandes.

"Nous y travaillons. Nous avons acheté du tissu et des élastiques. Et nous les donnons aux couturières du village qui fabriqueront des masques agrées AFNOR.

Notre commune compte 3900 habitants, l'idéal serait d'en avoir deux par personne. Si on en n'a pas assez ? On devra peut-être cibler la distribution, en fonction des priorités. C'est à l'étude."



Le département de l'Orne, lui aussi, fait appel également au bénévolat. Des agents du conseil départemental confectionnent en ce moment des masques explique leur président Christophe de Balorre, dans cette vidéo. 

Les collectivités se bousculent pour passer commande


Les collectivités s'organisent pour fournir aux habitants des masques. Poser la question aujourd'hui à un.e maire ou à un.e président.e d'agglomération, le dossier "masques" est ouvert sur la table et les commandes en cours. Quand seront-ils livrés ? C'est plus incertain, car la demande est forte. En tout, c'est un bon complément, qui plus est, certifié.

Pour soutenir les maires et intercommunalités, la région Normandie vient de leur proposer de s’associer et de bénéficier ainsi de ses filières d'approvisionnement.
 

Le département de la Manche a commandé 500 000 masques. Un par habitant.

"Ce sont des masques de qualité, catégorie 1, certifié conforme DGA* précise Marc Lefèvre, le président du conseil départemental de la Manche. Nous allons finaliser la commande d'ici 48h, avec soit l'entreprise St James, soit Grandis à St-Pair-sur-Mer.

Nous voulons vraiment jouer la carte de la proximité. Ces entreprises sont très sollicitées et nous espérons les avoir pour le 11 mai. Mais ce n'est pas certain.

DGA* : Direction Générale de l’Armement

Pour cette opération, le département va débourser 3 millions d'euros (500 000 multiplié par 6 euros). Les huit communautés de communes et d'agglomération du département participent et seront chargées de la distribution en fonction des besoins.

Dans l'Eure, le département a déjà passé commande pour 800 000 masques homologués. "Nous avons commandé plus de masques que d'habitants par précaution et pour être en mesure de répondre à des urgences ou des besoins imprévisibles", précise Pascal Lehongre, le Président du Département
 

A Rouen Métropole : 500 000 masques ont été commandés à une entreprise d'Ile-de-France agréée par le Ministère de l’Économie et des Finances et la Direction Générale de l’Armement (DGA). Ces masques pourront être lavables 10 fois et seront livrés par tranche entre le 7 et 22 mai.  Ce sont les 71 communes de la Métropole, une fois livrées, qui assureront la diffusion auprès de leurs habitants.

Yvon Robert, Président de la Métropole Rouen Normandie : "A l’heure actuelle, nous attendons toujours que les consignes de l’État en matière de masques soient éclaircies et que le rôle des maires et présidents d’intercommunalités soit précisé, mais la date du 11 mai s’impose désormais. Nous avons fait le choix de prendre les devants en commandant 500 000 masques qui bénéficieront directement aux habitants du territoire. "
 



A Caen et dans son agglomération : Le maire Joël Bruneau a commandé 140 000 masques à deux entreprises locales, à Lisieux et à Kiplay dans l'Orne. Ils sont eux aussi homologués par la DGA.

"Ce sont des catégories 1, avec 90% de filtre. Nous les destinons aux habitants (Un par personne) et aux agents de la ville. La distribution se fera par quartier, à partir du 18 mai. Peut-être avant, mais nous dépendons des entreprises."nous précise le directeur de cabinet. Le maire a également proposé aux communes de l'agglomération qui le souhaitent de faire une commande groupée.

Le Havre : Jean-Baptiste Gastinne, le maire, a lancé un appel à toutes les bonnes volontés afin de concevoir des masques lavables et réutilisables sur son site internet. Une commande de 240 000 masques a également été passée la semaine dernière.
 


A Deauville, dans le Calvados, la distribution a commencé samedi dernier, le 18 avril. La consigne ? Un masque lavable par personne, sur justificatif de domicile.

Devant le succès de l'opération, le maire Philippe Augier a indiqué sur notre antenne qu'une autre commande allait être passée.
 

A Bayeux, la ville a commandé 13 000 masques à l'entreprise St-James, dans la Manche. Ils sont valables, réutilisables, homologués DGA (Direction générale de l'Armement), livrés en kit et assemblés par une centaine de bénévoles.


A Lisieux : François Aubey, le président de l'agglomération promet lui aussi des masques. La commande est en cours.
 

Les masques en tissus se valent-ils ? Non bien sûr. Les masques artisanaux ne vous protégeront pas comme ceux dit "chirurgicaux" ou le fameux "FFP2", utilisés par le personnel soignant, qui sont en contact avec des malades Covid 19. Vous noterez que les collectivités ont favorisé, en grande majorité, les modèles homologués par la DGA.

Sont-ils inutiles pour autant ? Non, les spécialistes estiment qu'ils permettent de limiter la projection de grosses gouttelettes et d'éviter la contamination vers d'autres personnes. En période de pénurie, c'est mieux que rien. L'académie nationale de médecine préconise même son port obligatoire pour le grand public, en cas de sortie.

Lesquels privilégier ? Les modèles préconisés par l'AFNOR, l'association française de normalisation, qui conseillent les masques en coton avec plusieurs couches. Vous devez les laver en machine à 60 degrés après chaque utilisation et juste après la fabrication.

En revanche, elle déconseille les masques avec la couture au milieu et tous ceux qui sont fabriqués avec des filtres à café. Toutes les infos sur leur site.
 






 
Quatre entreprises sont homologuées en Normandie pour la confection de masques
- Les tricots St-James, dans la Manche
- L'entreprise Grandis, située à St-Pair-Sur-Mer dans la Manche
- Liste rouge à Condé-en-Normandie
- L’entreprise Romain Brifault à Morgny-la-Pommeraye
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