C'est le produit le plus recherché du moment. A partir du 11 mai, beaucoup vont reprendre le travail, l'école ou le bureau, les transports en commun... Pour le déconfinement, le masque sera sans doute utile, alors où acheter cet objet en tissu, près de chez vous ?
(Mise à jour du 27 avril : les pharmacies sont de nouveau autorisées à vendre des masques jetables et des masques en tissu, par arrêté ministériel.)
Malgré l'autorisation de vente de masque donnée aux pharmacies, toutes ne disposent pas des masques tant recherchés. La moitié des pharmacie seulement, a pu les mettre en vente dès ce lundi 27 avril. "Tant que le décret n'était pas sorti, on ne pouvait pas anticiper nos commandes, explique Aline Métivier, Conseillère régionale de l'ordre des pharmaciens de Normandie, "ce lundi matin toutes les pharmacies ont repris le travail et je pense que tous mes confrères, comme moi, sont sur le pied de guerre pour faire les commandes de masques. On sera certainement prêts dans la perspective du déconfinement".
A l'heure du confinement et des centres-villes déserts, il n'est pas facile de trouver un commerce ouvert proposant la vente de masques. Pas facile mais pas impossible.
"J'ai vu dans le bar-tabac de mon village, des masques à vendre près de la caisse. C'est une dame du coin qui en fabrique. Ils étaient proposés à 4 euros. Je trouve que c'est honnête", raconte Michelle qui habite une petite commune près de Cherbourg, dans le Nord Cotentin.
Nous ne parlons pas des masques en tissus fabriqués dans la grande chaîne solidaire qui s'est constituée pour les soignants et toutes les personnes travaillant au contact des personnes âgées ou dans les commerces, dès le début du confinement mais de masques pour le grand public privé des stocks nationaux.
Pas une pharmacie en France n'est autorisée à vous en vendre et par ailleurs, beaucoup préfèrent se tourner vers des masques en tissus lavables à 60° en machine, réutilisables et non jetables.
4 à 6 masques par personne
On parle donc de l'équipement des foyers. Il va falloir que chacun se procure 4 à 6 masques par personne dans le foyer pour avoir un bon roulement. Alors qu'une ville comme Caen, agglomération de plus de 200 000 habitants, ne prévoit pas pour le moment de distribution auprès de la population : il va bien falloir que chacun s'organise.
Pour aider, de nombreuses couturières bénévoles passionnées ou professionnelles, se mobilisent en ce moment de longues journées entières.
Certaines proposent gracieusement leur service.
"Moi je suis infirmière en retraite et comme je m'ennuie chez moi en ce moment, je m'occupe avec le jardin ou la couture. J'ai fabriqué des dizaines de masques pour mes filles, leurs amis, pour les soignants et les personnes qui travaillent au domicile des personnes âgées. Régulièrement, j'en donne à la mairie de mon village. J'ai utilisé les chutes de tissus que j'achète pour faire, d'habitude, des robes à mes petites-filles", explique Michelle qui ne voudrait pas, pour rien au monde, vendre sa production. "Mais c'est vrai que je suis à la retraite avec une pension qui tombe. Je ne suis pas sans revenu comme d'autres en ce moment."
L'activité "gracieuse" qui était destinée aux courageuses des hôpitaux est donc en train d'évoluer en activité rémunératrice. Et on peut le comprendre. Y a t-il une arnaque là-dessous ? Franchement, pas vraiment pour des prix allant de 5 à 8 euros. Au-dessus, ça devient un vrai commerce. Mais justement, l'activité ne va t-elle pas se pérenniser ? Et peut-être, même, devenir source de revenus pour quelques ateliers de couture qui ont pignon sur rue ?
Je ne suis pas l'abbé pierre ! Et qu'on ne pense pas que je vais m'enrichir en vendant des masques à 6 euros. J'ai déjà 3 à 4 euros de matière première plus une contribution de 50 centimes à Paypal via mon site internet. Je travaille donc pour 5 euros de l'heure. Je considère que c'est ma contribution à la cause nationale. Je ne peux raisonnablement pas aller au-delà ! Qui travaille à 5 euros de l'heure aujourd'hui? (Delphine, couturière à Caen)
Tout travail ne mérite t-il pas salaire ?
Vous connaissez l'adage : " Tout travail mérite salaire" et les couturières doivent dans l'urgence peser le pour et le contre.
Delphine s'est remise à la couture après avoir un temps abandonné ce métier. "Depuis 3 ans je travaillais dans la communication. Le travail manuel me manquait. J'ai repris la machine à coudre pour aider d'abord ma famille à s'équiper de masques et ensuite mes amis. Maintenant, j'ai des demandes de partout alors je propose mes masques sur le site internet que j'ai crée avec mon mari, il y a quelques années. L'avantage c'est que l'on peut payer à distance avec Paypal."
Ce site internet réactivé propose la production "maison" de Delphine, chez elle, à Caen. Pour le tissus et les élastiques (la matière première rare du moment), elle fait avec ses réserves personnelles.
Le business plan de sa petite activité n'a pas été fait. Mais les frais engagés sont réels :
"L'électricité pour la machine, le prélèvement de 50 centimes pour chaque achat par Paypal, les tissus, l'élastique, le temps de travail, etc. Encore une fois, à 6 euros le masque, je ne m'y retrouve pas vraiment. J'ai longuement cherché où je devais mettre la limite. Les gens qui nous insultent sur les réseaux sociaux parce qu'on fait payer nos masques ne se rendent pas compte !"
Heureusement, il n' y a pas que des râleurs. Les clients de Delphine la remercient. Des parents, des familles où personne ne sait coudre et qui ne savaient plus vers qui se tourner.
Quel est le bon prix?
C'est toute la question dans un marché naissant et à la demande élevée. Aucune grille n'existe vraiment.Une boutique en centre-ville, à Caen, "Mademoiselle Vrac" spécialisée dans l'alimentaire et l'hygiène bio, du type shampoing solides, tisanes, etc... ( donc ouverte pendant le confinement) s'est lancée dans la fabrication et la vente de masque.
Le prix affiché ? 9 euros.
D'autres (ici un atelier de couture à Caen qui doit payer les frais fixes de sa boutique, fermée pour le moment) proposent leurs produits à 7 euros et un prix dégressif, selon la quantité commandée.
Vous pouvez en trouver près de chez vous, c'est certain. Et trouver même quelque chose qui convienne à votre look. En cherchant un peu sur les réseaux sociaux.
Il est conseillé d'entrer en contact via leurs pages Facebook, ou en téléphonant à un numéro communiqué sur ces pages. Le paiement doit se faire bien souvent en amont et à distance pour respecter les précautions sanitaires d'usage. Et des rendez-vous sont proposés, sorte de "drive" pour retirer en boutique. D'autres demanderont une participation à des frais de port.
Il existe aussi des sites sur internet, plate forme pour créateurs, tel qu' ETSY. Vous y trouverez de nombreux masques, mais pas de la fabrication locale. Et surtout, veillez au tarif, il y a de tout.
En revanche, oubliez le site internet de vente bien connu Le Bon Coin, qui a préféré interdire ce type de vente.
Les productions locales, jusque dans nos villages sont nombreuses. Voici l'exemple d'un atelier au Molay-Littry dans le Calvados. Cherchez les ateliers de couture près de chez vous, également, sur les pages blanches.
Ces masques, il faut savoir qu'on ne doit pas les porter plus de 4 heures (à cause de l'humidité que l'on rejette) et les laver chaque soir en machine à 60°. Il est déconseillé de les faire sécher à l'air libre.
Mieux vaut utiliser le sèche linge ou le sèche cheveux. Certaines personnes, rajoutent même une sécurité supplémentaire ( la chaleur tue le virus) en les repassant à la vapeur, avant de les porter.
"C'est normal que les professionnels les vendent"
Vanessa, infirmière dans la vie vient de vivre des semaines très chargées avec un mari boulanger qui a , lui aussi, poursuivi aussi son activité.
Pour se "vider" la tête, pendant sa semaine de vacances confinées, cette jeune femme formidable coud tous les jours des masques pour sa famille et ses amis.
C'est à la fois beaucoup de temps pour elle et de l'énergie.
Vanessa les donne mais elle comprend qu'une couturière professionnelle assure une production qui doit être rémunérée : il y a les charges et le coût des matières premières.
Il faut 2 carrés de 20 cm pour faire un masque aux normes ( 15 X15 pour les enfants). A raison d'un prix moyen de 15 euros pour un mètre de tissus (vendu dans le format 1m x1,5 m). "On fait 7 masques pour 15 euros de tissus. C'est donc déjà 2 euros le masque, auxquels il faut rajouter le prix des élastiques, presqu'autant. On voit que ça monte vite."
Alors pour toutes ceux et celles qui voudraient se lancer, il existe de nombreux tutos sur You Tube pour fabriquer le masque type à plis ou le masque canard, mais choisir de préférence ceux labellisés AFNOR.
Sachez qu'il existe aussi des versions pour une couture à la main. Plus lente et surtout, beaucoup moins résistante au lavage.
Vous pouvez aussi chercher comment remplacer l'élastique si rare sur le marché. Certains évoquent la possibilité de couper un collant !