Coupe de France : les clubs amateurs au bord du boycott, le FC Flers déclare forfait

Les clubs amateurs de football sont pris en étau entre la volonté de jouer et la prudence. Le FC Flers (R1) est le premier club normand a déclarer forfait pour samedi prochain, alors qu'il devait affronter le FC Rouen (N2), dans le 6è tour de la Coupe de France.

Depuis mardi dernier, ils ont la boule au ventre. La FFF  autorisait ce jour-là les club encore en lice, à reprendre la coupe de France, le week-end des 30 et 31 janvier, pour le 6è tour. Mais chez les amateurs, on est privés de compétition depuis bientôt trois mois, les entraînements sont très perturbés par le couvre-feu et la saison est celle des terrains impraticables quand on n'a pas de pelouse synthétique. Alors que faire de ce cadeau empoisonné?

La coupe de France, c'est d'habitude du rêve et de l'émulation dans les vestiaires quand on doit jouer contre des "plus gros", voire des clubs pros. C'est aussi pour le club des souvenirs mémorables avec la fête en tribune et des kops chauffés à bloc. 

"Mais cette fois, on aura les tribunes vides, des joueurs peu préparés et la trouille d'enchaîner les blessures. alors à quoi ça sert ?", s'interroge David Lottin, co-président du Fc Flers. Il est de ceux qui auraient compris que la Fédération Française de Football retire, exceptionnellement, les clubs amateurs du chapeau.

Son club est en R1, le plus haut niveau régional. Samedi prochain, il devait jouer le 6è tour contre le FC Rouen, pensionnaire de N2 et gros club historique de la région où evoluent des joueurs semi-pros, de gros niveaux, formés pour beaucoup dans des structures professionnelles.

"Moi, j'ai des gars sérieux et passionnés. Ils se sont entretenus comme ils ont pu pendant ces trois derniers mois mais ils travaillent à côté pour gagner leur vie. Ils sont pères de famille, etc... Alors oui, ils sont en forme mais il ne faut pas se voiler la face, ils ne sont certainement pas au niveau de compétition requis. C'est normal et naturel, de ne pas avoir le physique quand tu n'es pas dans la compétition depuis des mois"

David Lottin, président FC Flers- 61

 

Les joueurs et le staff ont décidé ensemble au FC Flers

Ce vendredi soir, à une semaine du match de Coupe de France, ils ont tranché collectivement. "On a réuni le groupe des Séniors, joueurs et staff. On a beaucoup parlé. Et on a décidé ensemble de renoncer à ce match samedi prochain. C'est pour respecter l'intégrité des joueurs. Et ça nous fait pas plaisir. On fait pas ça pour la polémique, loin de nous cette idée."

Les cadres de l'équipe avaient au fond d'eux, le doute. Ils savent bien qu'ils ne sont pas prêts. Le rythme est cassé depuis des semaines, les entraînements perturbés par le couvre-feu. Comment venir aux séances avant 18 heures quand on a un travail, à côté? 

Alors malgré le rêve et l'envie de jouer, c'est l'objectivité qui l'a emporté.

Depuis quelques jours, les discussions vont bon train sur les réseaux sociaux, dans le monde du football amateur.

Emmanuel Imorou, ancien joueur pro de 32 ans, bien connu des fans du Stade Maherbe Caen où il a évolué de 2014 à 2019, souligne l'incohérence sur Twitter : match dans 10 jours mais pas de prépa au niveau,  "aucun match amical et pas de dérogation pour les entraînements."

 

Risque de blessures trop grand

Alors que dans tous les sports, on observe un nombre exponentiel de blessures depuis le premier confinement et l'arrêt brutal des compétitions, la crainte est forte chez tous les sportifs et la responsabilité encore plus grande pour les entraîneurs et dirigeants de clubs.

Préserver les joueurs, reste un objectif. Il y a les blessures musuculaires mais aussi plus graves, les ruptures de ligaments et le risque ultime : l'arrêt cardiaque. 

"Nous demander d'être prêts dans dix jours, c'est complètement déplacé", analyse avec peine le président du Fc Flers qui assume d'être peut-être le premier club de Normandie à ne pas poursuivre, pour le moment la Coupe de France. "Il faudrait en plus que je demande aux joueurs de trouver le temps de se faire tester le jeudi et le samedi ?"  Des contraintes excessives pour le monde amateur, alors que les clubs professionnels ont pris le pli depuis la rentrée. 

 

Rapidement, le Fc Rouen a annoncé sa qualification pour le 7ème tour de la Coupe de France, bénéficiant de ce forfait :

Des dérogations pour l'entraînement après 18H dans le Calvados ?

Le préfet du Calvados serait en train de rédiger une dérogation pour les clubs encore en compétition dans la Coupe de France. "Il me l'a affirmé devant le maire de Vire et le sous-préfet, qu'il allait le faire", raconte Christophe lecuyer, le président de l'AF Virois.
Son équipe première est dans ce 6è tour de la Coupe de France et affrontera samedi 3O Janvier 2021, le FC Saint-Lô. Deux équipe de N3, qui se connaissent bien dans le championnat.

Ce 23 janvier, à huit jours du match, aucune dérogation n'a pourtant été signée en préfecture. "Le préfet a bien les moyens de le faire, j'ai vérifié auprès du Ministère qui me dit que c'est à chaque autorité territoriale de s'adapter. Le maire de Vire a bien compris comme moi puisqu'il nous a autorisés à utiliser les terrains après le couvre-feu, pour s'entraîner. "

Cette dérogation au couvre-feu ne serait valable que pour les clubs en compétition dans la Coupe de France et s'arrêterait au moment de leur élimination.

Pour autant l'adversaire de l'AF Virois, le FC Saint-Lô, qui dépend du préfet de la Manche, a t-il obtenu la même dérogation ? "Je ne sais pas. C'est vraiment chacun qui se débrouille car rien n'a été prévu équitablement pour nous au niveau amateur. C'est dommage, loin des valeurs du sport", regrette le président de l'AF Virois. 

 

 

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