Pendant le confinement et depuis le début de la crise sanitaire, un certain nombre d'entre nous a trouvé du réconfort dans l'alcool, considéré parfois comme le meilleur anxiolytique qui soit. Mais au réconfort succède souvent une vraie maladie, génératrice de bien des tourments.
Le confinement et la solitude qu'il a parfois entrainé, a généré beaucoup d'anxiété.
Si certains d'entre nous ont profité de ce moment hors du temps pour resserrer les liens, d'autres se sont retrouvés dans un abîme de solitude, ou face à une situation familiale difficile.
Des centaines de milliers de personnes ont aussi affronté le chômage technique ou la perte d'un emploi, d'autres ont souffert de la maladie ou perdu un proche. Des situations angoissantes et déstabilisantes, qui ont entrainé stress et dépression.
46% des Français auraient augmenté leur consommation d'alcool pendant le confinement
L'alcool est une réponse facile et réconfortante. Un verre de vin ou de bière détend presque instantanément celui qui le boit, et fait délicieusement oublié les difficultés du moment.
David, 43 ans, a bu pendant 5 ans après s'être séparé de sa femme. Il a aussi perdu son travail. Quatre cures de désintoxication ont été nécessaires pour faire reculer la maladie, car les rechutes font aussi partie du chemin à parcourir pour s'en sortir.Sur le coup on oublie ses soucis, mais le lendemain ils étaient toujours là... c'est ça le problème.
La période de confinement a été particulièrement critique, d'autant qu'il n'est abstinent que depuis six mois.
"Ca m'arrive d'y penser encore, ça fait 6 mois que j'ai vraiment arrêté...je suis pas encore tiré d'affaire. Je suis au chômage, la période n'est pas facile. Pendant le confinement j'étais chez mes parents, je n'avais pas accés à l'alcool. Je suis suivi par un psychiatre et par Bernard. Sans aide c'est compliqué", nous explique David, lucide sur sa situation.
Bernard Duez qui le soutient dans son parcours cahotique, est le président d'Alcool Assistance pour la Seine-Maritime et l'Eure.
Lui même est abstinent depuis 33 ans, et connait bien les mécanismes de l'addiction.
Le confinement a restreint notre liberté dit-il, et mis en oeuvre des mécanismes que l'on retrouve aussi dans l'addiction : la rupture des liens sociaux, l'enfermement et le stress. Il faut donc à tout prix éviter l'isolement, l'ennui et la frustration.
Notre rôle - pendant le confinement- a été d'aller vers les gens, de communiquer, de maintenir un lien social virtuel.On a pas eu de conséquences néfastes car on a maintenu le lien. Pour ceux qui ont eu de grosses difficultés, on a mis en place de la téléconsultation avec un médecin addictologue de la Clinique des Essarts, et ça a pas trop mal marché puisque ça continue au delà du confinement.
Ceux qui se débattaient déjà avec leurs propres démons les ont vu s'accentuer avec le confinement.
L'enquête de Global Drug Survey est édifiante à ce propos : 46% des français auraient augmenté leur consommation d'alcool pendant le confinement.
A Evreux, les médecins ont constaté pendant cette période un afflux aux Urgences de pathologies addictives et psychiatriques, et notamment un usage excessif d'alcool couplé aux benzodiazépines.La consommation d'alcool est toujours problématique. Des mois après le confinement, les séquelles psychologiques persistent avec une composante anxieuse très forte. Attaques de panique, troubles obsessionnels... Le confinement a été une source de décompensation de certaines pathologies.
Beaucoup de patients abstinents ont rechuté avec le confinement, avec des consommations d'alcool et de stupéfiants à des doses plus importantes.
Les personnes dépendantes à un produit stupéfiant ont notamment redouté qu'il ne soit plus accessible pendant le confinement, et se sont donc reportées sur l'alcool plus accessible et en vente libre.
8% des Normands ont un souci avec l'alcool
Selon l'Agence Régionale de Santé, 8% des normands auraient un souci avec l'alcool, c'est à dire une consommation excessive ou trop fréquente.La Normandie est néanmoins une assez bonne élève à en croire la dernière étude de Santé Publique France.
En 2017, 7,9 % des adultes de 18 à 75 ans consommaient quotidiennement de l’alcool, une prévalence moins élevée que la moyenne nationale qui est de 10%.
L'alcoolisme est une maladie dont il est difficile de guérir.
David nous a confié qu'il a fumé du cannabis pendant plus de 10 ans, mais qu'il lui a été plus difficile d'arrêter l'alcool.