Covid : une soignante de Dieppe de retour des Antilles témoigne d'une situation sanitaire catastrophique

Elle s'était portée volontaire pour aider ses collègues des Antilles, débordés par une situation sanitaire incontrôlable. De retour à Dieppe bouleversée par ce qu'elle a vécu, Isabelle Masson témoigne .

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Isabelle Masson est manipulatrice radio au CH de Dieppe depuis 1987, et n'avait jamais eu d'expérience professionnnelle dans un autre cadre. Lorsque l'ARS a fait cet été son appel au volontariat pour soutenir les soignants dans les Antilles, elle n'a pourtant pas hésité une seconde. "Les manipulateurs radio, on en demande rarement en situation de crise, d'ordinaire on a surtout besoin d'infirmières ou d'aides soignantes" nous explique t-elle. Deux jours plus tard Isabelle était dans l'avion, direction Fort de France en Martinique.

Après un séjour aux Antilles de 15 jours, la soignante est rentrée samedi dernier, et n'a toujours pas "digéré" dit-elle cette expérience humaine et professionnelle inédite. "Je suis rentrée à l'hôpital de Dieppe et il n'y avait aucun malade du Covid. Au CHU de Fort de France, l'afflux de patients covid est continu, ça n'arrête jamais".

Sur place, Isabelle se retrouve sur un poste en remplacement d'une salariée, et pas en renfort. Les soignants nous explique t-elle, souffrent beaucoup de la situation, certains sont en burn out, beaucoup ont eu le covid, et d'autres sont décédés. Enfin la plupart d'entre eux ont vu leurs congés annulés.

Des personnels soignants débordés

Les plannings sont faits au jour le jour, et Isabelle Masson se retrouve souvent affectée aux radio des patients covidés, l'embolie pulmonaire étant l'un des effets les plus délétères du covid. "Je travaillais souvent dans l'équipe du matin, et la filière Irm du covid ne s'arrêtait jamais. Les urgences ne désemplissent pas non plus..." poursuit-elle. 

C'est une situation qui se rapproche de celle qu'ont connu les hôpitaux de l'Est de la France lors de la première vague, c'est à dire des tentes installées devant les urgences pour trier les patients, filière covid filière non covid, et un afflux de patients incroyable

Isabelle Masson, manipulatrice radio au CH de Dieppe

Ce qui frappe rapidement la Dieppoise, c'est l'âge des malades du covid. Le jour de son arrivée, une jeune femme de 28 ans venait de décéder aux urgences. La plupart des patients ne sont pas vaccinés et présentent, même jeunes, des facteurs de comorbidités comme le diabète et l'obésité. Le nombre de malades est tel qu'il faut faire des choix entre les malades du covid, ceux qui autont accès à la réanimation, et les autres.

Il n'y a plus assez de places pour tout le monde, donc il y a un tri à faire entre les patients. Certains vont en réanimation, d'autres vont dans d'autres services avec une perte de chance de prise en charge

Isabelle Masson

 

La vaccination en question

Comme ses collègues volontaires, Isabelle arborait sur sa blouse l'écusson "renfort sanitaire". "Aux Antilles nos collègues sont parfois fatalistes. Il m'est arrivé de me faire bénir pour me remercier d'être là". 

La question de la vaccination reste un sujet clivant. Alors que les personnels en renfort avaient l'obligation d'être à jour de leur vaccination, il était conseillé de ne pas aborder frontalement la question avec les soignants de l'hôpital de Fort de France. 20% seulement de la population martiniquaise est vaccinée, même si ce chiffre tend à évoluer.

"En fait ce sont les soignants qui en parlent. La plupart d'entre eux ont eu le covid, la plupart ont des gens de leur famille ou de leurs amis qui sont décédés. Quand ils parlent de la vaccination ils parlent tout de suite du chlordécone et je pense qu'ils sont très très méfiants par rapport à la façon dont l'état français prend en charge leur santé" poursuit Isabelle Masson.

Si le sujet de la vaccination reste encore tabou, il n'y a pas encore d'alternative pour remédier au drame humain et sanitaire qui se joue actuellement dans les Antilles.

 

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