Les lieux culturels ne pourront pas rouvrir avant trois semaines, c'est ce qu'a annoncé le premier ministre Jean Castex dans son allocution du jeudi 10 décembre. Déceptions, mais aussi vives réactions des acteurs de la culture, malmenée depuis le début de la crise sanitaire.
Loïc Bonnet, directeur du théâtre à l'Ouest à Rouen, était l'invité de la rédaction de France3 Normandie le jeudi 10 décembre au soir, pour s'exprimer sur les annonces de Jean Castex. Le premier ministre a annoncé toute une série de mesures parmi lesquelles la réouverture reportée des lieux culturels au mois de janvier. Les réactions n'ont pas tardé dans un milieu qui s'est attaché ces dernières semaines à mettre en oeuvre toutes les mesures nécessaires pour recevoir le public dans des conditions sanitaires optimales.
"Je suis en colère oui, mais la première chose que je voudrais dire c'est que ce qu'a dit le premier ministre est faux. Vous n'êtes pas en danger si vous allez dans une salle de cinéma ou dans un théâtre ! Nous somme la variable d'ajustement de cette crise sanitaire, il n'y a eu aucun cluster ni dans un cinéma ni dans un théâtre, alors oui ça me met en colère. Nous on a pris toutes les mesures qu'il fallait, on est parmi les plus respectueux des protocoles sanitaires. Toutes les enquêtes montrent qu'il est plus dangereux de se rendre dans un fête familiale que dans un cinéma. On va pas en rester là cette fois ci, on ne veut pas être les victimes de ces choix" s'émeut Loïc Bonnet, également Président de l'association des théâtres privés en région.
Loïc Bonnet a également tenu à s'excuser auprès du public qui se réjouissait de revenir dans les lieux de culture, et qui se voit aujourd'hui dans l'obligation de renoncer à ces moments de détente auxquels tous aspiraient pour reprendre un peu de force. Il va falloir dès lors rembourser les spectateurs et reporter une nouvelle fois les spectacles, ce qui est un crève coeur lorsque l'on a travaillé durement pour le faire exister.
Pour un spectacle il faut répéter, faire de la promotion, vendre des places, rassurer le public...et on nous dira la veille du 7 janvier si nous pouvons finalement ouvrir ?
Les acteurs de la culture ont le sentiment de subir des décisions qu'ils ne comprennent pas, et sont même pour certains enclins à fermer le rideau eux même pour reprendre la main sur leur travail.
David Bobée, metteur en scène rouennais et directeur du Centre Dramatique national de Normandie, se demande même, non sans humour, s'il ne faudrait pas transformer les salles de spectacle en lieux de culte.