Cuve de l'EPR: une anomalie due une concentration en carbone trop importante

En avril dernier, l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) annonçait qu'une anomalie "sérieuse" avait été détectée dans la cuve de l'EPR. Le gendarme du nucléaire était auditionné ce jeudi à l'Assemblée nationale.

L'information a été rendue publique le 7 avril dernier. Dans un communiqué, l'Autorité de Sûreté Nucléaire annonçait qu'Areva lui avait signalé une "anomalie de la composition de l’acier dans certaines zones du couvercle et du fond de la cuve". Quelques jours plus tard, le président du gendarme du nucléaire, Pierre-Franck Chevet, qualifiait cette anomalie de "sérieuse, voire très sérieuse" devant l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.

La nature de cette anomalie a été plus longuement détaillée ce jeudi lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Elle est due à une concentration de carbone plus importante que la norme, a indiqué l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) devant les députés. "Plus il y a de carbone, plus la résistance à l'impact diminue" a expliqué Thomas Pardoen, professeur à l'Université catholique de Louvain.

Areva avait communiqué à l'ASN une teneur en carbone supérieure à celle attendue dans une carotte centrale sur le couvercle (0,30% pour une valeur visée de 0,22%). Areva doit maintenant justifier que "les propriétés du matériaux du couvercle et du fond de la cuve sont suffisantes pour un usage nucléaire", et ce malgré l'anomalie, a expliqué  Rémy Catteau, directeur des équipements sous pression de l'ASN, aux députés réunis par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques.

Une prise de position de l'ASN au premier semestre 2016

L'ASN a reçu le 13 mai le programme d'essais d'Areva sur la cuve qui prendront plusieurs mois. Pierre-Franck Chevet, président de l'ASN, prévoit une "prise de position sur l'anomalie de la cuve quelque part dans le premier semestre 2016" qui sera déterminante pour l'avenir de l'EPR. Pour l'Institut de sûreté nucléaire (IRSN), l'expertise permettra de dire "si la cuve telle qu'elle est" avec ces zones chargée en carbone présente "une résistance suffisante (...) en situation normale et accidentelle".

Le nouveau procédé d'élaboration des lingots qui permettent de réaliser les deux pièces de la cuve a été critiqué par Jacques Repussard, directeur général de l'IRSN, qui l'a qualifié de "régression". Ce changement est dû à la taille du couvercle de l'EPR de Flamanville, plus épais que les précédents et qui "nécessite d'autres lingots plus gros" que les autres réacteurs, a justifié Bertrand de l'Epinois d'Areva. Ce changement de taille est responsable selon lui du haut niveau de carbone dans les pièces.

Le président de l'ASN a rejeté le terme d'"anomalie réglementaire". "Il s'agit clairement d'une anomalie", "ce n'est pas la règlementation qui est en cause". Il a souligné que l'anomalie était une "anomalie sérieuse même sous l'ancienne réglementation". Areva s'est dit "assez confiant quand à "l'aptitude à l'emploi" de la cuve.


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