DEBADOC. Les relations entre les Normands et les Anglais : nos meilleurs ennemis ?

Entre la Normandie et l’Angleterre, il y a dix siècles d’histoire commune. Guillaume le Conquérant. La guerre de cent ans. Le tourisme balnéaire. La révolution industrielle. Les deux guerres mondiales. Les échanges culturels et commerciaux. La pêche… Voici 5 informations à retenir de notre débadoc consacré aux relations entre les Normands et les Anglais, présenté par Emilie Flahaut.

  • Un an après le Brexit, nos relations sont au plus mal. Un exemple : la pêche. 

Depuis le Brexit, les pêcheurs normands ne peuvent plus aller pêcher dans les eaux anglaises, notamment autour des îles anglo-normandes. Un accord signé fin 2020 entre Londres et Bruxelles autorise les pêcheurs européens à continuer à travailler dans les eaux britanniques, mais à condition d'obtenir une licence de pêche. Pour cela, il leur faut prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir.

Comme nos voisins britanniques - qui sont fort déçus de ce traité - et comme nos cousins jersiais et guernesiais - qui finalement se rendent compte que ce n’était pas non plus la panacée - on a découvert petit à petit qu’on s’engage dans une guerre de tranchées qui est dommageable.

Marc Delahaye, directeur du comité régional des pêches de Normandie

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Un débadoc consacré aux relations entre les Normands et les Anglais, un an après le Brexit ©France 3 Normandie

Dans notre débadoc, Michael Dodds, directeur du comité régional du tourisme et Britannique installé en France depuis 30 ans lui répond :

"Vous imaginez mon embarras… Parmi les 9.000 Britanniques résidents permanents en Normandie… si on avait eu l’opportunité de voter… parce que ceux qui habitaient depuis plus de 15 ans sur le continent n’avaient pas le droit de voter, vous imaginez qu’on aurait voté pour rester dans l’Europe. On est tous d’une génération pro-européenne et c’est une source d’embarras terrible pour nous maintenant. Parce qu’il n’y a pas de vainqueur dans cette situation. Ce qui est illustré là par la pêche, c’est le début des ennuis, je le crains."

  • Un « Normandie Food Tour » va être organisé au mois de mai en Angleterre pour recréer du lien

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Un débadoc consacré aux relations entre les Normands et les Anglais, un an après le Brexit ©France 3 Normandie

Une tournée des chefs organisée par le comité régional de tourisme dirigé par Michael Dodds : "On a drôlement besoin de revoir les Britanniques, qui représentent une part importante des visiteurs. Et donc, si la situation Covid le permet, on part faire une tournée, un « Normandie Food Tour » au mois de mai. On va aller dans des endroits hautement symboliques : Hastings, Canterbury, Colchester, Norwich, Windsor… où il y a un sacré château, une abbaye normande ! On va amener des food trucks là-bas et des chefs et faire des ateliers cuisine entre midi et deux et le soir dans un geste d’aimitié et peut-être nouer des liens avec des écoles également et illustrer le fait qu’il ne faut pas laisser le Brexit nuire aux relations qu’on a ensemble."

  • La conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066 est une date que connaissent tous les écoliers anglais

Ils en oublieraient presque les rois anglo-saxons qui ont précédé le grand bouleversement instauré par Guillaume... grand remaniement dans les élites du royaume qui marque les débuts de l'aristocratie anglaise moderne.

Michael Dodds, directeur du comité régional du tourisme :  "Ca a peut-être évolué mais quand j’étais à l’école, 1066 c’était la seule date que tout le monde retenait. C’est presque comme si l’histoire commençait à partir de là. En tout cas celle de la monarchie anglaise : William, Henry, Richard… ça nous marque. Et les traces de cette conquête sont toujours présentes (…) : la langue anglaise a été sacrément influencée. Il y a plus de 7500 mots français – normands toujours dans la langue. Parliament vient de parlement par exemple."

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Un débadoc consacré aux relations entre les Normands et les Anglais, un an après le Brexit ©France 3 Normandie

Et on voit des édifices normands partout : des centaines d’abbayes, d’églises paroissiales et puis des grands monuments. On parle quand même de la Tour de Londres et ses pierres de Caen. Westminster Abbey. Eton College. Windsor Castle.

Michael Dodds, directeur du comité régional du tourisme
  • L’université de Caen a été construite par les Anglais pendant la guerre de cent ans
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Un débadoc consacré aux relations entre les Normands et les Anglais, un an après le Brexit ©France 3 Normandie

Pierre Bauduin, historien : "Au 15ème siècle, c'est la conquête de la Normandie et d’une partie du nord de la France par les troupes d’Henri V et l’occupation anglaise de 1417 jusqu’à 1450 où l’on voit la création de la 3ème université anglaise après Oxford et Cambridge qui est l’université de Caen en 1432.

On voit se développer d’abord des facultés de droit canon et puis de droit civil et puis un peu plus tard les facultés des arts et les facultés de théologie. Rouen est également une ville très importante dans cette période. Dieppe également.

C’est ponctué par des révoltes, notamment dans le pays de Caux en 1435-1436. Le Mont Saint Michel va résister pendant toute la période. Et puis la reconquête française en 1449-1450 qui entraîne la fin de cette occupation anglaise."

  • Les bombardements de la ville du Havre par les Anglais début septembre 1944 sont "un crime de guerre"

Ce sont les propos d'Andrew Knapp, historien britannique et professeur émérite de l’université de Reading : « Wildermuth, le commandant de la garnison allemande au Havre, avait pour ordre de retarder la prise de la ville par les Alliés le plus longtemps possible pour empêcher les Alliés d’utiliser le port. Il avait aussi l’ordre évidemment de détruire les installations portuaires. Il propose donc l’évacuation des civils en partie pour des raisons humanitaires – Wildermuth après tout n’était pas un Nazi acharné – mais aussi pour des raisons tactiques et stratégiques bien comprises, c’est-à-dire prolonger le siège du Havre et dégager la ville de tous ceux qui pourraient éventuellement participer à sa libération. Le point de vue du commandant britannique Crocker, c’était que si Wildermuth était vraiment un grand humanitaire, il n’avait qu’à se rendre ! Plus qu’une erreur… de nos jours, ce bombardement serait vu comme un crime de guerre. » 

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Philippe Huet, écrivain, ancien journaliste et rédacteur en chef adjoint de Paris-Normandie :

« Ils ont anéanti le centre-ville et les défenses allemandes n’ont pas été touchées ou presque pas. 9 victimes militaires allemandes. Pour 2 à 3000 victimes civiles. Pour qui connaît Le Havre… depuis la gare ferroviaire on voyait la mer ! Cette rancœur envers les Anglais a perduré longtemps. »

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Un débadoc consacré aux relations entre les Normands et les Anglais, un an après le Brexit ©France 3 Normandie

Pour (re)voir le débadoc consacré aux relations entre les Anglais et les Normands :

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