Enrôlé en 1944 dans le 83e régiment d'infanterie américaine, Tony Vaccaro a pris 8000 photos lors du débarquement de Normandie et jusque dans les forêts allemandes où il a terminé cette aventure de guerre. Des clichés pris clandestinement au plus près des combats qui ont consacré sa réputation mondiale.
Cette photo a fait le tour du monde. Prise à Saint-Briac en Bretagne en août 1944, ce baiser d'un GI américain à une fillette française illustre la libération de l'Europe. Elle est signé Tony Vaccaro, célèbre photographe de l'armée américaine enrôlé dans le 83e régiment d'infanterie en 1944.
A 100 ans, le chasseur d'images à la renommée mondiale, entouré de sa famille dans sa maison de Long Island à New York, vient de nous quitter.
La photo, son destin
Né en Pennsylvanie, Tony Vaccaro est orphelin a l'âge de 5 ans. Il va vivre son enfance en Italie où il découvre la photo au collège. Il retourne aux Etats-Unis en 1939 pour fuir l'Italie fasciste. Il est enrôlé dans l'armée en 1944 et débarque en Normandie à la fin du mois de . Son régiment entre en Bretagne le et reçoit l’ordre de prendre Dol-de-Bretagne, Cancale, Saint-Malo puis Dinard. Son parcours le mène à Paramé, Dinan, Pleurtuit, Saint-Briac, Vern-sur-Seiche et Corps-Nuds. Après un passage à Nantes, les combats le mènent vers l’est de l’Europe jusqu’à Berlin.
"Ne jamais prendre de photos lorsque l'ennemi vous tire dessus"
Soldat courageux, Tony Vaccaro acquiert la confiance qui lui permet de prendre des clichés au plus près des hommes, au plus près des combats. Un travail d'autant plus courageux qu'il photographie à l'insu de sa hiérarchie; son jeune âge (19 ans) ne lui permettant pas d'intégrer le service de presse de l'armée. S'il ne revenait pas, il voulait "laisser des souvenirs à sa famille" dira-t-il plus tard. Avant d'avouer plus trivialement ne jamais prendre de photos lorsque l’ennemi lui tire dessus. Il courre, s’enterre et se protège avant tout !
Prendre des photos dans ces conditions ne s'improvisent pas. Il faut dire que son appareil, un 35 mm Argus C3 qu'il porte autour du cou, caché sous sa veste, se manie avec beaucoup plus de délicatesse que son fusil M-1 qu'il arbore en "accessoire secondaire".
« Lors des combats, on tremble, on transpire de peur », « L’odeur de la guerre est horrible » se rappelle-t-il, les larmes aux yeux. Des émotions qui remettent en perspective le formidable travail de Vaccaro avec celui des grands noms du métier, de Don McCullin à Eddie Adams, en passant par Larry Burrows, David Douglas Duncan et, bien sûr, Robert Capa.
Expositions en Normandie
Tony Vaccaro n'aimait pas la guerre. C'est pourquoi, il s'oriente vers la photo de mode dans les années 50. Le photographe fait sortir les mannequins dans la rue et travaille avec les plus grands magazines. Il côtoie aussi le milieu du cinéma où il tire le portait des grandes stars de l'époque.
Son travail, il le présentera en Normandie où il revient à plusieurs reprises . Le mémorial de Caen lui consacre une exposition en 2013 et 2014, puis la rétrospective "Shots of life" que le photographe vient présenter à l'hôtel de ville de Caen durant l'été 2016.
Tony était venu l’inaugurer en toute simplicité. Sa joie de vivre était communicative. Il l’a gardée jusqu’au bout. Je présente, au nom des Caennaises et des Caennais, toutes mes condoléances à sa famille.
Joel Bruneau, Maire de Caen
« C’est avec une immense tristesse que nous venons d’apprendre le décès de Tony Vaccaro, le soldat photographe. Il était un grand ami du Mémorial et de Caen », a réagi également sur twitter le Mémorial de Caen.
Tony Vaccaro espérait bien revenir pour le 80e anniversaire du débarquement en 2024. En hommage, ses photos y seront sans doute en bonne place.