L'acteur Jean-Paul Belmondo est décédé lundi 6 septembre 2021 à son domicile à Paris à l'âge de 88 ans. Ce monstre sacré du cinéma français avait tourné trois films en Normandie, au Havre, à Villerville et à Evreux. Le festival du cinéma américain de Deauville lui a rendu hommage.
"Vous ne réussirez jamais dans ce métier avec votre physique !" Ce jugement n'a pas empêché Jean-Paul Belmondo, avec sa gouaille, de devenir le "Magnifique" dans le coeur des Français et un monstre sacré du cinéma. L'acteur s'est éteint ce lundi 6 septembre à l'âge de 88 ans, a annoncé sa famille dans un communiqué, transmis à l'AFP par leur avocat. "Il était très fatigué depuis quelque temps. Il s'est éteint tranquillement", a écrit sa famille dans le communiqué, transmis par Me Michel Godest.
Trois films tournés en Normandie
Celui qu'on surnommait Bébel a tourné dans 80 films et laisse derrière lui des rôles inoubliables. De "Pierrot le fou" à "L'As des as", l'acteur au charisme exceptionnel a eu l'itinéraire d'un enfant gâté du cinéma, champion du box-office, avec quelque 80 films et 50 ans de carrière. Parmi cette longue liste, trois films avaient été tournés en Normandie : "Un singe en hiver", en 1962, à Villerville (Calvados), "Le Cerveau" (1968), scène finale tournée sur le port du Havre (Seine-Maritime), "Le Voleur" (1966) à l'Auberge de la Biche et sur la place Saint-Taurin à Evreux (Eure).
"Un singe en hiver" (1962)
En 1962, c'est à Villerville dans le Calvados que Jean-Paul Belmondo tourne "Un singe en Hiver" aux côtés de Jean Gabin. Adapté du roman d'Antoine Blondin, sur des dialogues de Michel Audiard, on retiendra du film cette réplique clin d'oeil au temps normand : "J'ai tout de même pas mal voyagé, ce qui me permet de vous dire, en connaissance de cause, que votre patelin est tarte comme il n'est pas permis et qu'il y fait un temps de merde !", lançait Bébel dans une réplique culte tournée dans le café "Le cabaret normand", qui existe toujours aujourd'hui.
Menacé par le ministère de la Culture pour apologie de l'alcoolisme, succès du box-office en 1962, le film demeure encore aujourd'hui un classique des rediffusions à la télévision.
En 2014, Jean-Paul Belmondo était revenu 52 ans après le tournage du film dans la commune bas-normande. L'acteur avait effectué ce "pèlerinage" dans le cadre d'un documentaire (produit par son fils Paul Belmondo) qui lui est consacré.
"Le cabaret normand", café au décor mythique qui a servi de lieu de tournage à ce film culte, existe toujours aujourd'hui. Lors de son retour à Villerville en 2014, c'est là qu'il s'était prêté tout sourire à une séance de dédicaces.
"Le Cerveau" (1968)
En juillet 1968, le quai Joannès Couvert du port du Havre connaissait une grosse effervescence. Gérard Oury, le réalisateur à grand succès de "La Grande Vadrouille" et du "Corniaud" tournait avec Jean-Paul Belmondo "Le Cerveau". Un film réunissant stars françaises et hollywoodiennes : Bourvil, David Niven et Eli Wallach. Deux amis décident de monter un braquage. Ils choisissent d'attaquer le train Paris-Bruxelles qui contient des fonds secrets de l'OTAN mais une autre équipe, baptisée "Le Cerveau", est aussi sur le coup.
Le tournage a été un événement sur le port du Havre, retardé par le mouvement de mai 68. 1.500 figurants avaient participé au film de Gérard Oury. Un journaliste qui avait couvert l'événement à l'époque se souvient :
C'était extraordinaire de voir toutes ces stars sur le port du Havre. On allait les voir directement, il n'y avait pas d'intermédiaire. Rien à voir avec maintenant ! Et avec un accueil chaleureux, sympathique et ouvert.
La scène finale du film a été tournée sur le quai Joannès Couvert du port du Havre.
Ce sera le troisième grand succès du réalisateur après "La Grande vadrouille" et "Le Corniaud". Il attirera plus de 5 millions de spectateurs lors de sa sortie.
"Le Voleur" (1966)
"Le Voleur" de Louis Malle , avec des scènes tournées à Evreux en 1966 à l'Auberge de la Biche, aujourd'hui disparue, et sur la place Saint-Taurin.
Avec la mort de Bebel, c'est une page majeure du cinéma français qui se tourne. Belmondo partant après sa bande d'amis du conservatoire, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Bruno Cremer ou encore Claude Rich... Ces dernières années, il avait dû enterrer ses complices, de Guy Bedos au meilleur ami, Charles Gérard, avec lequel il ne cessait de partager fous rires et matches à Roland-Garros.
Le festival du film américain de Deauville lui rend hommage
Le Festival de Deauville a rendu un hommage lundi soir, lors de la cérémonie de pré-projection à Jean-Paul Belmondo. Un hommage simple et émouvant avec une photo de l'acteur et des extraits de "Pierrot le Fou" et "Itinéraire d'un enfant gâté" sur la musique du "Professionnel" d'Ennio Morricone.
Villerville lui rend hommage également
La petite commune du Calvados est en deuil après la disparition de l'acteur qui avait tourné en 1962, "un singe en hiver" avec Jean Gabin dans le village. Des anonymes ont voulu lui témoigner leur amour en dessinant un coeur géant sur la plage.
Du coté de la Confrérie du Singe en hiver crée par Jacques Pleux en 2001, le chagrin est immense et les souvenirs nombreux.
On avait chanté la chanson "nuits de chine, nuits câlines" avec lui. Il était venu nous voir, il nous parlait beaucoup, c'était formidable. C'est dur.
Granville pour se soigner
Jean-Paul Belmondo est venu plusieurs fois à Granville dans la Manche quand il a été victime d'un grave AVC en Août 2021. C'est son ami, Michel Drucker, qui à l'époque lui a servi de chauffeur pour l'amener pour la première fois dans le centre de rééducation.
Lorsqu'il a eu cet AVC, son fils m'a demandé de l'aider. Je l'ai amené en hélicoptère à Granville, c'était en Novembre et il pleuvait. Quand on est entré dans le hall du centre, tous les handicapés ont reconnu Jean-Paul. Quand il est entré dans sa chambre, il a vu par la fenêtre une infirmière qui poussait une personne handicapée dans un fauteuil. Il s'est penché vers moi et ma dit " ramène-moi à Paris ou je fais ma dernière cascade". Il ne l'a pas fait et il est resté trois mois.
Un hommage national sera rendu à l'acteur disparu à l'age de quatre-vingt-huit ans, le 9 novembre aux Invalides.