Dépistages gratuits des IST pour les moins de 26 ans : "on se sent moins jugé"

Depuis le 1er septembre, il est possible de se rendre dans un laboratoire médical, sans prescription et sans rendez-vous, pour pratiquer un dépistage des quatre Infections Sexuellement Transmissibles les plus fréquentes, en plus du VIH. Pour les personnes de moins de 26 ans, les analyses sont gratuites. Une décision de santé publique face à la recrudescence de ces infections chez les jeunes.

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À 23 ans, Margaux a déjà réalisé un certain nombre de dépistages d'Infections Sexuellement Transmissibles, notamment 5 ou 6 tests du VIH. Elle n'a pourtant pas, dit-elle, de "comportements à risques", mais la sexualité étant du domaine de l'irrationnel, il lui est arrivé quelques fois d'être imprudente ou d'avoir affaire à des garçons aux comportements "inappropriés".
"Ma médecin traitante me connaît depuis l'enfance, elle sait que je suis angoissée et me prescrit des analyses dès que je suis inquiète" explique la jeune femme, originaire de Dieppe, et étudiante à Paris en master de droit.

"Mon test IST", qui dit sexe dit test

Depuis le 1er septembre, il n'est plus nécessaire de voir son médecin traitant pour se faire prescrire des analyses de ce type. Tous les assurés, ainsi que les bénéficiaires de l'ASE - Aide Sociale d'Etat-, peuvent se rendre dans n'importe quel laboratoire de biologie médicale, sans prescription ni rendez-vous, pour un dépistage des quatre infections sexuellement transmissibles les plus fréquentes : gonorrhée, chlamydiose, hépatite B et syphilis.
Le test VIH était déjà accessible dans ces conditions depuis 2022.


Cette nouvelle politique de santé publique s'inscrit dans un contexte d'augmentation des IST particulièrement marqué chez les jeunes, observée depuis trois ans.
La campagne "Mon test IST" s'adresse donc particulièrement à eux.

Gratuit pour les moins de 26 ans

Le dépistage des cinq IST est pris en charge à 100% pour les jeunes de moins de 26 ans. "Le fait que ce soit gratuit c'est un plus ! Une fois j'ai dû payer des tests moi-même, car je n'ai pas osé en parler au médecin, et je n'ai pas été remboursée" poursuit Margaux."Je ne suis pas toujours chez moi, et je trouve pratique aussi de n'avoir rien à demander à personne. Aujourd’hui je peux me rendre dans n'importe quel labo et me faire dépister !".

J'appréhende parfois de demander des analyses à mon médecin, j'ai peur d'être jugée. Ça m'est déjà arrivé avec une remplaçante qui m'avait fait une réflexion sur le fait de faire des tests souvent. J'ai besoin d'être rassurée, même si je me protège.

Margaux, 23 ans

Pour les plus de 26 ans, le dépistage du VIH est pris en charge à 100%, et à 60% pour les autres IST (40% par la complémentaire santé).
Ces dispositifs permettent aussi de toucher des populations qui ne se faisaient pas dépister jusqu'à présent.

Les jeunes se protègent de moins en moins

D'après le dernier rapport de l'Organisation Mondiale de la santé Europe, l'usage du préservatif chez les adolescents de 15 ans a baissé de façon significative depuis 10 ans. Si les premiers rapports sexuels interviennent plus tardivement aujourd'hui qu'il y a quelques années, le préservatif est de moins en moins utilisé par les adolescents.
Un tiers de ces jeunes (30% des garçons, 36% des filles) a qui l'on a demandé s'ils avaient utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel, ont répondu non.
Par ailleurs, plusieurs rapports européens pointent en 2024 une forte augmentation des IST (syphilis, gonococcie, chlamydias) qui, si elles ne sont pas soignées, peuvent entraîner de l'infertilité, des troubles neurologiques ou cardio-vasculaires.
Selon Santé Publique France, les infections à chlamydia augmentent régulièrement en Normandie depuis 10 ans, tout comme les infections à gonocoque et la syphilis. En revanche, le taux de séropositivité au VIH diminue dans la région.

Comment expliquer cette baisse de vigilance ? Les rapports sexuels sous l'emprise d'alcool ou de drogues, parfois non désirés ou non consentis, les comportements inappropriés (stealthing ou retrait du préservatif sans prévenir sa partenaire) peuvent expliquer en partie la progression des IST.

À cela s'ajoutent ce sentiment d'inaltérabilité de la jeunesse, et la croyance que l'on guérit de tout aujourd'hui.

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