Dans un article publié ce vendredi 5 janvier 2018, Médiapart affirme que les services de renseignements français auraient dissimulé un raté
C'est une révélation explosive qu'a publié Mediapart ce vendredi 5 janvier. Les journalistes accusent la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) de Paris d'avoir eu connaissance de la dangerosité d'Adel Kermiche huit jours avant l'assassinat du Père Hamel.
VIDEO : le reportage France 3 Normandie de Julie Howlett, Marc Moiroud-Musillo et Stéphane L'Hôte (montage : Joffrey Ledoyen, infographie : Jérémie Matz et Christophe Vilmer) avec les interviews de
- Matthieu Suc, journaliste de Médiapart et auteur de l'enquête
- Maître Mehana Mouhou, avocat de deux victimes de l'attentat (le prêtre et le paroissien blessé)
- Hubert Wulfranc, député PCF et ancien maire de Saint-Etienne-du-Rouvray
Les révélations de Mediapart
Le 21 juillet 2017, un policier de la DRPP chargé de la veille informatique, découvre les messages inquiétants d'Adel Kermiche sur la messagerie cryptée Télégram :Mort de rire, je suis dissimulé.
Là je ne suis pas grillé, tranquille...
Aucun soupçon, gloire à Allah, il les aveugle !
A la suite de cette découverte, le brigadier rédige une note alarmante au sujet d'A. Kermiche. Cette note doit être validée par ses supérieurs or, ils sont en vacances. La note reste donc lettre morte et n'est pas transmise aux autres services.
Le 26 juillet 2017, Abdel-Malik Petitjean et Adel Kermiche assassinent le père Hamel. C'est à ce moment-là que la DRPP découvre qu'A. Kermiche avait été détecté une semaine auparavant. Selon Médiapart, la direction de la DRRP demande de postdater la note rédigée le 21 juillet 2017 pour masquer les manquements. Entre-temps, des policiers font des copies-écran de ladite note pour conserver des preuves.
Des membres de la DRPP contactés, sous couvert d'anonymat, par Médiapart n'ont pas démenti les faits exposés dans l'article publié ce matin.
Dans un communiqué, la Préfecture de police de Paris dément la falsification de la note et souligne que cette dernière "n'évoquait en aucun cas l'imminence d'un passage à l'acte".
► Retrouvez ci-dessous tous nos articles sur l'attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray :
Attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray - France 3 Normandie
Deux hommes se sont introduits, mardi 26 juillet 2016 vers 9h45, dans l'église pendant une messe. Ils ont tué le prêtre et blessé grièvement une autre personne avant d'être abattus par la police. - France 3 Normandie
Justice et deuil
VIDEO : interrogé cet après-midi au sujet de ces révélations, l'archevêque de Rouen préfère laisser la justice faire son travail et invite à respecter le deuil des familles.
La réaction de l'archevêque de Rouen
5 janvier 2018Communiqué de Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, au sujet des informations divulguées sur l’assassinat du Père Jacques Hamel
La presse fait état d’informations nouvelles sur les circonstances de l’assassinat du Père Jacques Hamel. La Préfecture de Police apporte des démentis. Quoi qu’il en soit, cet épisode réveille une douleur qui commençait doucement à s’apaiser. Je pense en particulier à la famille du Père Hamel, aux autres victimes, aux proches et aux forces de l’ordre qui sont intervenues au péril de leur vie. Des questions se posent à nouveau : qui savait quoi ? Cet attentat aurait-il pu être évité ? Je pense aussi aux victimes de tous les attentats qui se posent les mêmes questions dans leur deuil.
Notre Evangile indique un chemin d’amour et de pardon. Il n’est pas facile. Nous ne l’abandonnerons pas même si une nouvelle difficulté se présente. Notre désir le plus ardent est que la société toute entière résiste aux tentations de division et aux fractures. C’est ensemble, population, communautés croyantes, services de l’Etat que nous nous opposerons au fanatisme et à la violence inhumaine.
Je redis la confiance en la justice de notre pays. Une instruction est en cours. Elle est ou sera saisie des informations publiées et bénéficiera des documents que la Préfecture de Police met à sa disposition. Je ne doute pas que les juges et les responsables de l’Etat en tireront toutes les conclusions.
Que ces nouvelles ne gâchent pas la joie des responsables des confessions juives, musulmanes et chrétiennes qui se retrouvent cet après-midi à l’archevêché. Comme prévu, ils présentent à la société civile leurs vœux et leurs engagements pour le bonheur de tous.
DOMINIQUE LEBRUN
Archevêque de Rouen