Troquer sa maison pour les vacances, le concept est séduisant. Mais en raison de la situation sanitaire, il est difficile de savoir s’il sera possible de voyager cet été. Alors les futurs vacanciers normands s’adaptent et misent sur des séjours très locaux.
« J’ai un plan A, un plan B et un plan C. » Cette année, Suzanne* joue la carte de la prévoyance. Habituellement, les vacances d’été de cette Caennaise sont bouclées six mois à l’avance. Avec sa petite famille, elle met à disposition sa maison du Calvados. Et en échange, elle occupe une autre habitation en France ou à l’étranger. Mais pour les prochains congés d’été, elle n’a aucune certitude. « On a prévu d’échanger notre maison avec une famille en Suède pendant quinze jours en juillet, mais on est dans l’expectative », confie cette maman de trois jeunes enfants.
Cette année par prudence, on va se contenter d’aller dans le Sud de la France.
Cap sur… la France
Si le voyage vers la Scandinavie est impossible ou si une période d’isolement est imposée aux touristes à leur arrivée, Suzanne et sa famille opteront pour une autre destination. « J’essaierai de faire un échange de maison, mais en France », détaille-t-elle avant d’ajouter : « il faut savoir s’adapter ».
Les plate-formes d’échanges de logements sont nombreuses : Love Home Swap, HomeLink, Intervac… Le principe est simple, les membres paient un abonnement annuel et peuvent troquer leurs habitations partout dans le monde sans rien débourser. Parmi elles, Homeexchange rassemble 450 000 maisons dans le monde. Cette entreprise constate un fort intérêt pour les logements disponibles sur le territoire français. « Comme l’été dernier, les échanges seront encore très locaux », souligne le service communication de la société. 65 % des demandes effectuées concernent des échanges en France contre 18 % pour l’Europe et 17 % pour l’international.
Des vacances en France, c’est aussi le choix de Céline, membre de Homeexchange depuis trois ans. « Cette année par prudence, on va se contenter d’aller dans le Sud de la France », lance cette mordue de voyages. Avec son compagnon et ses trois enfants, elle troquera sa maison de Trois-Monts dans le Calvados contre une villa à Aubagne. « On envisageait d’aller en Espagne ou en Grèce mais les personnes contactées ne voulaient pas s’engager à cause de la Covid-19 », précise la quadragénaire.
Parmi les destinations les plus prisées sur la plate-forme Homeexchange, la Normandie arrive en sixième position, derrière l’Auvergne, la Bretagne, PACA, la Nouvelle Aquitaine et l’Occitanie. Ces six régions témoignent également de l’intérêt des Français à se mettre au vert et à profiter de la nature. L’Ile-de-France, placée en première position avant la pandémie, est aujourd’hui seulement en huitième place.
#France
— HomeExchange FR (@HomeExchangeFR) March 5, 2021
Que ce soit à la mer, à la campagne, ou à la montagne, l'échange de maison est l'opportunité de vivre comme un local, loin des hébergements habituels, en toute sécurité#VoyagerAutrement #TourismeResponsable #VoyagerPrèsDeChezSoi https://t.co/euG0B6MQRx
On envisageait d’aller en Espagne ou en Grèce mais les personnes contactées ne voulaient pas s’engager à cause de la Covid-19.
Même scénario à l’étranger
Les sollicitations de familles étrangères pour passer un séjour en Normandie se font rares. Chaque année à la même période, Suzanne reçoit une quinzaine de demandes de Belges, de Hollandais, de Canadiens ou encore d’Américains pour passer des vacances d’été chez elle dans le Calvados. En 2021, elle a été contactée seulement par deux familles espagnoles, désireuses de profiter de la fraîcheur normande.
Les échanges de dernière minute se développent. Pour la plate-forme Homeexchange, cela représentait 20 % en mars 2019 contre 36 % en mars 2021. Troquer son chez-soi reste une solution privilégiée par les adeptes de cette formule. Au-delà de l’intérêt financier, l’échange humain entre deux familles est un atout. En cette drôle de période, les Normands semblent en avoir besoin.
*Suzanne : le prénom a été modifié